Nom véritable | Claude Léveillée |
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Aussi connu sous | Cloclo |
Naissance | 1932-2011 |
Carrière professionnelle | 1957-2011 |
Si les chansons de Claude Léveillée ont bercé plusieurs générations, sur une période d'un demi-siècle, il faut admettre que celles-ci ne sont plus aussi médiatisées qu'elles l'ont été il y a quelques décennies. Abondance de l'offre radiophonique? Pas vraiment... Courte mémoire du public québécois? Il ne faudrait pas généraliser. Plusieurs visiteurs de ces pages fredonnent parfois ses mélodies mais tous ne savent pas qui en est à l'origine. Pour ces personnes qui nous lisent et qui n'auraient perçu que des bribes de son parcours, voici un survol de sa ou devrions-nous dire de ses carrières. Tant il est vrai que cet artiste a été, bien avant que l'expression ne soit entrée dans notre langage, un artiste multidisciplinaire!
C'est au milieu des années cinquante que Claude Léveillée connaît ses débuts de musicien, de comédien et d'auteur compositeur interprète. Au moment même où ses premières mélodies peuvent être entendues d'un public clairsemé, il vit un premier vrai succès sur les ondes de la télévision nationale en incarnant le personnage de Cloclo qui fait les délices de milliers d'enfants pendant les saisons 1957-1959.
Parallèlement à ce rôle très médiatisé, Claude tâte du théâtre avec La tour Eiffel qui tue dès 1957. Début '59, il partage avec deux autres chansonniers débutants, Hervé Brousseau et Jean-Pierre Ferland, le projet de doter Montréal d'une nouvelle boîte où leurs créations pourraient se faire entendre à loisir. Ils sont vite rejoints par Clémence Desrochers, Raymond Lévesque qui rentre justement de Paris, et le pianiste André Gagnon puis donnent à leur rendez-vous le nom de Chez Bozo, en hommage à la chanson d'un de leurs principaux modèles, Félix Leclerc.
Parallèlement à ce projet, le pianiste-chansonnier inscrit une de ses oeuvres à la troisième édition du Concours de la Chanson canadienne, sous le pseudonyme de Claude Paysan (sic). "Les vieux pianos" récolte tout juste une mention et l'honneur d'être parmi les douze finalistes. La pièce est enregistrée peu après, sur un rythme de piano honky tonk qui convient bien à l'aspect nostalgique de paroles « vous n'êtes plus de notre temps... », par Micheline Manseau. C'est la première trace discographique du nom de Léveillée.
Pour Claude, l'expérience des Bozos sera de courte durée. Un jour de juin 1959, de passage au Québec, Édith Piaf visite leur boite et, après avoir entendu le jeune pianiste, lui propose de l'accompagner en France. Ce premier séjour européen sera pour lui une école des plus efficaces. En une dizaine de mois, il compose des pièces comme "Boulevard du crime", "Le long des quais", "La légende du cheval blanc" (que Piaf refuse) tandis qu'un parolier français, Henri Contet, est mandaté par la môme pour singulariser "Le vieux piano". Le Québécois, qu'elle appelle son p'tit Canadien, s'attaque au même moment à un projet de comédie ballet en compagnie de Michel Rivgauche intitulé "La Voix" qui ne verra finalement le jour que cinq ans plus tard.
À son retour au Québec, en 1960, il fait bientôt la connaissance de Gilles Vigneault et amorce une intense collaboration avec le poète de Natashquan. Sur son premier album, enregistré en 1962, Léveillée enregistre "Le rendez-vous", premier fruit de cette rencontre, ressort son texte original "Les vieux pianos" et s'impose comme un des artisans majeurs du mouvement chansonniers qui marque alors le Québec. L'année suivante, ce sont six autres textes de Vigneault qu'on retrouve sur le nouvel album de Léveillée: "L'hiver", "Comme guitare" et quatre autres poèmes mis en musique y côtoient les futurs succès du chanteur pianiste: "Taxi" et surtout l'inoubliable "Frédéric" son classique instantané. Sur cette lancée, le voici en vedette à la Place des Arts, avec André Gagnon comme acolyte, au mois d'avril 1964. Une première pour un artiste québécois.
Tout au long des années soixante, il partage de plus en plus ses soirées entre les nouvelles salles de spectacle accessibles à un plus grand public et les innombrables boîtes où la chanson continue de se glisser à l'oreille des étudiants en pleine effervescence et autres jeunesses tranquilles. Pendant ses spectacles en salle, il partage toujours la scène avec André Gagnon, autre prodige du clavier avec qui il grave les deux albums "Léveillée-Gagnon" et "Une voix, deux pianos". Ce disque intègre la participation vocale de Nicole Perrier. En 1969, sa chanson "Pour les amants" connaît un double succès, soit sa propre version chantée et l'adaptation instrumentale par Gagnon.
La réputation de Claude Léveillée déborde rapidement les frontières du Québec. D'abord la France, d'où il ramène deux albums intitulés "Claude Léveillée à Paris", puis les États-Unis où il se rend participer au Ed Sullivan Show en 1966, et l'U.R.S.S. où il effectue des tournées en 1968 et 1973.
Toujours concerné par la création théâtrale, il compose la musique de nombreux téléthéâtres dont plusieurs pièces de Marcel Dubé, la plus connue étant Un simple soldat en 1967, ainsi que des revues musicales coécrites avec Louis-Georges Carrier, notamment Ne ratez pas l'espion et Elle tournera la terre. En plus de contribuer de ses compositions musicales, Claude Léveillée joue lui-même dans certaines de ces pièces et participe au film La Ligne de démarcation du cinéaste français Claude Chabrol, en 1966.
Le tournant de la décennie soixante-dix est marqué d'un nouvel élan pour les divers aspects de la carrière de Claude Léveillée. Alors qu'il domine les palmarès avec "L'étoile d'Amérique" et l'album du même nom, on retrouve son nom au générique de nouveaux téléthéâtres comme Des souris et des hommes ou de films comme Quelques arpents de neige et Les beaux dimanches (la pièce). Son deuxième voyage en Union Soviétique est suivi d'une tournée en Europe et en Asie centrale. Pendant son absence, sa voix et sa musique demeurent présentes grâce aux chansons "Pour quelques arpents de neige", "La froide Afrique" et "Les amoureux de l'an 2000". En 1975, il collabore avec le poète Claude Péloquin pour la chanson titre de l'album "On remonte en amour" qui contient aussi la chanson "Ce soir, si on s'aimait".
Claude Léveillée est l'un des cinq grands qui sont de l'édition 1976 de la Fête nationale à Montréal, avec les Vigneault, Ferland, Charlebois et Deschamps et dont la performance collective fait l'objet de l'album "Une fois cinq". La même année, il présente une série de spectacles avec Félix Leclerc au Théâtre de l'Île d'Orléans qui sont également rappelés à notre souvenir par le document "Léveillée / Leclerc - Le temps d'une saison".
Plusieurs de ses compositions instrumentales sont créées à l'occasion d'événements d'envergure: les Jeux Olympiques de Montréal en 1976, le 370ième anniversaire de la ville de Québec en 1978, les commémorations historiques acadiennes "Le Rassemblement" et "Ce rêve qui ne finira jamais" l'année suivante. On en retrouve la trace sur les albums "Black Sun" et "Escale 84".
Au cours des années 80, on voit davantage Claude Léveillée qu'on ne l'entend: il participe activement à la télésérie Les fils de la liberté, puis se rend en Europe pour une nouvelle tournée. À son retour, il partage avec Claude Gauthier et Pierre Létourneau le spectacle Trois fois chantera qui est présenté dans 45 villes du Québec et du Nouveau-Brunswick pendant une bonne partie de l'année 1984. Il retrouve son ancien partenaire de scène André Gagnon le temps d'un spectacle présenté à la Place des Arts sous le titre Tu t'rappelles, Frédéric. S'ensuit une nouvelle tournée européenne qui se rend jusqu'en Afrique du Nord (Algérie) et qui sera portée à l'écran en 1986: Un homme, un piano.
En 1988 il tient un rôle secondaire dans le film Jésus de Montréal de Denys Arcand, puis se remet à la préparation d'un nouvel album, le premier en sept ans. "Enfin revivre" paraît en 1989. En 1990, le cinéaste Jean-Claude Labrecque tourne un documentaire intitulé 67 bis boulevard Lannes qui rappelle son passage dans l'équipe Piaf à la fin des années cinquante. L'animateur radio Daniel Guérard publie à peu près au même moment un essai biographique qui résume le parcours de l'artiste: Claude Léveillée, aux trapèzes des étoiles.
Cette parenthèse musicale fait à nouveau place au métier de comédien alors qu'il incarne le personnage d'Émile Rousseau, un magnat de la presse que les téléspectateurs aimeront haïr, pendant deux saisons de la série Scoop au début des années quatre-vingt-dix. À peu près au même moment, il participe aussi à un thriller fort convaincant mais malheureusement méconnu: Meurtre en musique. Puis, constatant que la plupart de ses enregistrements musicaux ont disparu du marché suite à l'arrivée du nouveau format de disque audionumérique, il entreprend la réédition - et parfois le réenregistrement - de ses chansons sous le titre "Mes années 60", "70", et 80.
À la fin des années quatre-vingt-dix, c'est le chanteur qui reprend goût à la scène. On le voit notamment en spectacle au Festival d'été de Québec, en juillet 1998. Lors de son dernier passage au festival, en 2003, il livre une performance mémorable en compagnie de Diane Dufresne lors d'une soirée dédié aux chansons de Jacques Brel. D'autres pièces musicales ont été mises en marché entre temps: réédition d'enregistrements de la décennie soixante sur un coffret de la série "Émergence", ainsi que les albums "Un homme, un piano" où on découvre ou redécouvre de savoureuses versions de plusieurs classiques, "Rêves inachevés" et une anthologie intitulée "Mes immortelles, je vous les confie".
En 2004, il est victime à deux reprises d'accidents cérébraux-vasculaires et doit se résoudre à quitter la scène. L'année suivante, une vingtaine d'artistes lui dédient des reprises de plusieurs de ses chansons "Le temps d'une chanson, le temps de dire je t'aime" et la 3e édition de l'émission Star Académie, édition québécoise, choisit "L'étoile d'Amérique" comme thème de la saison.
Un album de chansons inédites "Coeur sans pays" paraît en 2008, trois ans avant que son état de santé n'emporte l'artiste aux mille talents, à l'âge de 78 ans.
Un des compositeurs les plus prolifiques de sa génération, Claude Léveillée a également composé pour la scène, le cinéma et la télévision. Pionnier du genre, il a signé la musique de plusieurs comédies musicales, dont:
Claude Léveillée a signé la musique des dramatiques:
Il a écrit la musique des séries télévisées "Les fils de la liberté" (SRC, 1981) et "Scoop" (SRC, 1991-1995) ainsi que les musiques d'enchainement de la chronique artistique "Bon dimanche" (TVA, 1988). Il a mis en musique les contes Le dict de l'aigle et du castor de Gilles Vigneault (1972) ainsi que La légende du petit ours gris et Le journal d'un chien de Félix Leclerc (1979).
Pour le cinéma, Claude Léveillée a signé la musique des films:
The Dance Goes On (Norstar, 1991) de Paul Almond.
Les chansons de Claude Léveillée ont été enregistrées par plusieurs artistes, dont:
Paroles: [1]: Gilles Vigneault; [2]: Louis-Georges Carrier; [3]: Émile Nelligan; [4]: Michel Rivgauche; [5]: Henri Contet; [6]: Sylvain Lelièvre; [7]: Clémence DesRochers; [8]: Pierre Létourneau; [9]: Jean Rémillard; [10]:
À la scène, Claude Léveillée a joué dans:
Au cinéma, il a tenu des rôles dans:
Les Éditions Chant de mon pays ont publiée les recueils de partitions musicales: