Nom véritable | Pierre Lalonde |
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Aussi connu sous | Peter Martin |
Naissance | 1941-2016 |
Carrière professionnelle | 1962-2002 |
Homme de médias, Pierre Lalonde partage sa carrière professionnelle depuis près de quarante ans entre la scène, le disque et la télévision. Mais c'est d'abord à la radio qu'il connaît ses débuts, encore enfant, sur les traces de son père Jean Lalonde, surnommé le Don Juan de la chanson des années 40. La télévision lui amène la célébrité avec l'émission Jeunesse d'aujourd'hui et en fait une idole de la chanson auprès de la jeune génération, tout au long des années soixante. Après s'être consacré davantage à l'animation de quiz et au volet administratif de ce média pendant la majeure partie des deux décennies suivantes, il revient progressivement à la scène et amorce une seconde carrière discographique en 1996 puis effectue un véritable retour à l'été 2000.
Son petit accent américain, acquis lors de ses années d'études aux Etats-Unis, dans la seconde moitié des années 50, devient bientôt sa marque de commerce et en fait une cible de choix pour les nombreux imitateurs qui contribuent ainsi, dans une certaine mesure, à en faire une figure de proue du monde du spectacle, au moment où la télévision prend son essor au Québec. Quand la nouvelle station privée Télé-Métropole vient s'ajouter au paysage médiatique, Pierre n'hésite pas à proposer un nouveau concept inspiré de son expérience américaine. Si on n'y danse pas autant qu'à l'émission American Bandstand qui fait fureur auprès de nos jeunes voisins, on peut du moins voir, entendre les idoles des palmarès et connaître les multiples anecdotes concernant ces vedettes locales, chaque samedi soir à Jeunesse d'aujourd'hui. Véritable émission culte de la télévision québécoise, Jeunesse - comme on l'appelle familièrement - est encore aujourd'hui une référence culturelle incontournable pour les baby boomers francophones de La Belle Province...
Aussi à l'aise devant une caméra que dans son propre salon., sa présence hebdomadaire au petit écran sert également de catalyseur à sa propre carrière discographique. Pendant les premières saisons de la célèbre émission, Pierre Lalonde compte toujours une ou deux chansons dans la liste des grands succès. Ce sont d'abord "Chip chip", "Mam'zelle Marie-Anne" (une adaptation de la traditionnelle "Marianne s'en va-t-au moulin" aux moeurs du XXe siècle), "Le petit Gonzalès", "Gina", "C'est le temps des vacances"... sans oublier "Nous on est dans le vent", une composition du chanteur Michel Paje qui séjourne à Montréal à cette époque, à laquelle la génération yé-yé s'identifie d'emblée.
Cette fonction de tremplin vers le succès, l'émission la remplit aussi pour son co-animateur Joël Denis et pour les nombreux chanteurs, chanteuses et groupes qui viendront régulièrement présenter leurs nouveaux 45 tours au rendez-vous télévisé du samedi soir. Hormis un bref séjour à l'émission concurrente Jeunesse Oblige, à la télévision de Radio-Canada, Pierre Lalonde restera à la barre de Jeunesse d'aujourd'hui de 1962 à 1971, date à laquelle il passe à d'autres expériences, notamment au cinéma, à la radio et de retour à la télé, dans une formule de talk show quotidien en fin d'après-midi: Pierre, Jean Jasent qu'il anime en compagnie de Jean Duceppe.
Sur le plan musical, tout en continuant de placer ses chansons rythmées aux divers palmarès avec "Oh donne-moi ta main" et "Aujourd'hui c'est congé" (deux compositions des Beatles Lennon et McCartney), "Sugar Shack", etc. Pierre renoue avec le répertoire adulte qu'il a côtoyé dans l'environnement familial. Déjà, sur son premier album "En d'autres mots, il emprunte son succès "Gina" à Johnny Mathis et flirte avec la bossa nova. Puis, en 1964, il réussit à imposer simultanément une interprétation et une version anglophone de "Louise", un des classiques de Maurice Chevalier, sur un rythme de ska! L'année suivante, avec "Jet... première classe" il assume ses influences swing "Allelujah, elle m'aime aussi", latines "Si tu m'aimes tant que ça", ainsi que son attachement à la chanson française.
En 1966, l'animateur jeunesse devient un des premiers artistes populaires à fonder sa propre maison de disques. Prestige sera avant tout l'étiquette de ses prochains enregistrements personnels tout en offrant à quelques aspirants vedettes, notamment les Mykels, l'occasion de graver quelques plages. Les succès Prestige de Pierre Lalonde ont la particularité de se rapprocher davantage de l'influence britannique, principale composante du yé-yé québécois. Il y interprète tour à tour des adaptations des Beatles: "Je croyais/Yesterday", des Mindbenders: "Nous prendrons le même chemin / A Groovy Kind Of Love", des Troggs: "Je les aime tant/With A Girl Like You" et de Herman's Hermits: "Donne-moi ta bouche/There's A Kind Of Hush" puis "Sleepy Joe" sur une période d'à peine deux ans. C'est aussi sur Prestige que parait l'unique album d'un certain Peter Martin, nom sous lequel le jeune crooner anime alors une émission de variétés à la télé américaine.
Le tournant des années soixante-dix est aussi l'occasion d'un virage dans la carrière de Pierre Lalonde. Il délaisse progressivement l'adaptation de tubes anglais ou américains pour se tourner vers les auteurs compositeurs québécois. Après avoir repris la chanson de Marc Gélinas "Le week-end" et avoir interprété Claude Gauthier ("T'es pas une autre" écrite en collaboration avec Buffy Sainte-Marie), il entreprend en 1971 une collaboration régulière avec Stéphane Venne dont le produit le plus achevé demeure l'album "Inouik". Malgré la qualité recherchée de l'ouvrage, cet album demeure à ce jour un des disques les plus sous-estimés du temps, la mémoire populaire n'ayant retenu qu'un titre paru en 45 tours "Attention, la vie est courte". Néanmoins, l'interprète persévère dans cette voie, mais de façon plus ponctuelle. C'est ainsi qu'il grave avec un certain succès "C'est facile" l'année suivante, puis "Winnipeg" toujours de Stéphane Venne, en 1974 et encore "Besoin pour vivre" de Claude Dubois en 1975.
À partir du milieu de la décennie, il délaisse tranquillement le monde du disque et de la chanson pour se consacrer encore davantage à son métier d'animateur. Ce sont d'abord le quiz Mad Dash (1978-1981) puis The Pierre Lalonde Show (1981-1984) sur les ondes de CTV, suivis de l'émission Star d'un soir à la SRC et d'un autre quiz télévisé, sur le réseau TQS cette fois. Il s'agit du jeu Action-Réaction, conçu et produit par son ancien compère des années jeunesse, Donald Lautrec, et qui tient l'affiche de 1986 à 1990.
Côté scène, un spectacle souvenir intitulé Les 3 L, dont les vedettes sont Donald Lautrec, Michel Louvain et Pierre Lalonde se promène dans les salles du Québec au début des années quatre-vingt. À la fin de la même décennie, un vent de nostalgie amène les deux anciens animateurs de Jeunesse d'aujourd'hui, entourés de nombreux artistes de cette époque, à participer à une tournée intitulée De Jeunesse à Aujourd'hui qui est présentée à quelques reprises, suscitant une réponse enthousiaste du public. Mais l'aventure reste sans lendemains jusqu'à ce que, technologie aidant, une réédition des anciens succès de l'idole des années soixante et soixante-dix soit envisagée sous format DC. Profitant de l'occasion, l'équipe Lalonde décide de célébrer ce retour sur disque par la sortie, en 1997, d'un album inédit dont les chansons semblent faites sur mesure pour l'artiste adulte qu'est devenu le célèbre crooner. "Le tombeur" et "Ma petite Alexandra" sont indéniablement des textes prédestinés, tandis que le pot-pourri "En héritage de nos chansonniers" et la chanson "Du milieu du pont Jacques-Cartier", empruntée au groupe Beau Dommage, viennent souligner la démarche amorcée trente ans auparavant.
Participant occasionnellement à quelques festivals, il voit sa carrière prendre un nouvel élan suite à la diffusion d'une émission rétrospective sur les ondes de la télé musicale Musimax, en 1999. La piqûre du spectacle l'ayant atteint sérieusement, il prépare un nouvel album "La belle vie" où il s'offre une sélection de classiques de la chanson française et québécoise, de Distel et Trenet à Ferland, Norman ou Plamondon, juste avant de célébrer sa rentrée par un séjour de deux mois sur la scène du Casino de Montréal. Oeuvrant désormais en formule jazz, avec un trio piano-basse-batterie, Pierre Lalonde se rapproche ainsi du style lounge qui prévalait au tout début des années soixante et qui a vu ses débuts sur disques, juste avant que la gloire l'emporte dans le tourbillon yé-yé.