Nom véritable | Serge Fiori |
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Aussi connu sous | MacNarth |
Naissance | 1952 |
Carrière professionnelle | Depuis 1972 |
Celui qui se voyait en 1974 comme un musicien parmi tant d'autres s'est tout de même mérité depuis ce temps une place prépondérante dans le paysage musical québécois. Figure emblématique du groupe Harmonium, Serge Fiori a opté par la suite pour le travail plus discret de composition, de réalisation et autres subtilités de studio. L'hommage collectif de la part de musiciens-chanteurs d'une nouvelle génération, au printemps 2006, sur disque et sur scène, aura toutefois marqué le début d'un véritable retour à la vie publique pour l'un des auteurs-compositeurs les plus influents de sa génération.
Ayant été constamment en contact avec le monde de la scène depuis son plus jeune âge, son père Georges Fiori étant chef d'orchestre dans les clubs de la Métropole, Serge s'initie aux divers instruments en remplaçant à pied levé les musiciens qui s'absentent. Il s'intéresse de près aux nouveaux courants musicaux qui marquent son adolescence, particulièrement la veine folk progressive, commence à composer lors d'un voyage en Europe et, de retour au Québec, forme la première mouture d'Harmonium en 1972 avec ses compères Michel Normandeau et Louis Valois. La formation comptera jusqu'à sept membres, à partir de 1976, et laissera trois albums, toujours considérés comme indispensables à tout mélomane trente ans plus tard.
Suite à une méga-tournée qui le mène d'un bout à l'autre du Canada et jusqu'en Californie, le groupe implose en 1978, le chanteur et pivot du groupe se retrouvant au bord de l'épuisement. Celui qui était de facto le leader du groupe, malgré l'approche communale souhaitée au départ, consacre alors les prochains mois à la création de l'album "Deux cent nuits à l'heure" en compagnie de Richard Séguin, de quelques membres d'Harmonium et d'autres collaborateurs dont Neil Chotem, qui avait été en quelque sorte le George Martin de "L'heptade". Cette expérience, couronnée de deux Félix à la première édition du Gala de l'ADISQ, en 1979: Meilleur album de l'année et Meilleur groupe de l'année, tourne court. Plutôt que de reprendre la spirale des tournées sans fin, les deux musiciens retournent à des sentiers plus paisibles. Richard s'affairant à préparer un premier album en solo, Serge s'offre un repos plus que mérité et opte pour l'apprentissage des nouvelles technologies de studio.
Les prochaines années donnent lieu à diverses collaborations, notamment pour l'album "Entendez-vous, y'a un piano qui joue"de Neil Chotem et pour le thème musical du festival Juste pour rire. En 1986, avec la complicité de Normand Boudreau, il réalise "Serge Fiori" où les deux musiciens se partagent toute l'instrumentation. Les titres "Maladroit", "Folle de nuit", "Journal" et "La vague" sont l'objet de 45 tours, les trois premiers se classant aux palmarès.
Le musicien-réalisateur oeuvre pourtant en se tenant à l'écart des projecteurs, son nom ne refaisant surface qu'occasionnellement. En 1990, paraît "Changement d'adresse", album de Nanette Workman dont il signe ou co-signe les chansons et assume la réalisation. Les deux artistes y chantent ensemble le titre "Ballons percés". La même année, Fiori compose la musique du film Une histoire inventée, du réalisateur André Forcier. Suivront quelques années de grande discrétion, loin du domaine de la musique pop. En 1995, il rend un hommage fort pertinent à son père en réalisant le DC "Orchestre Georges Fiori, avec Perry Canestrari". À la même époque, on retrouve aussi le nom de Serge Fiori en compagnie de celui de Peter Keogh sur la pochette de l'album "Shiva", à tendance nouvel âge.
Le nouveau siècle semble inspirer encore plus fortement le réalisateur qui s'implique dans une grande diversité de projets. Citons l'enregistrement des albums "Les deux pieds sur terre" de l'auteure-compositrice-interprète Majoly, paru en 2003 et celui marquant l'aboutissement de l'émission "Les pourris... de talent", sur la chaîne Musique Plus, qui donne un premier élan aux artistes Pascale Picard, 3 gars su'l sofa, Érik Mongrain, Les Chiens Sales, The Hot Springs et Marie-Michèle Rivard, deux ans plus tard. Parallèlement, il s'affaire au mixage et à la gravure des albums de Nanette Workman "Mississippi Rolling Stone" et de Muna Mingole "Dipita".
C'est également en 2005 que prend forme l'idée de souligner, avec la collaboration de jeunes artistes qui ont renouvelé le visage de la chanson et de la musique des dernières décennies, tout l'apport que l'auteur-compositeur, réalisateur, interprète et producteur a eu sur le visage musical du Québec. "Fiori - Un musicien parmi tant d'autres" voit le jour au printemps suivant, bientôt suivi d'un spectacle du même nom, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, le 9 juin 2006, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, en présence de l'artiste célébré. On y trouve des reprises plutôt fidèles: "Aujourd'hui, je dis bonjour à la vie" par Marc Déry, "Un musicien parmi tant d'autres" par Boom Desjardins et le singalong collectif dans "Ça fait du bien"; d'autres sont réellement surprenantes: "Che la vita (Dixie)" par Marco Calliari, "L'exil" ou la "Folle de nuit" rock à la façon d' Éric Lapointe et la finale de "100 000 raisons" par Mes Aïeux. Ailleurs, les sonorités du banjo et du violon donnent une couleur country à l'interprétation de "Pour un instant" par Catherine Durand tandis que l'alliance entre pop et baroque donne une toute autre dimension à la reprise de "Viens danser" par France D'Amour. Quelques pièces d'archives complètent le tout, soit le "Duodadieu" que Fiori et Diane Dufresne avaient partagé sur l'album "Maman si tu m'voyais" en 1977 et une reprise de "Un musicien parmi tant d'autres" par la diva du pop à la même époque.
En 2008, c'est le travail à la trame musicale du film "Babine" du conteur Fred Pellerin qui occupe le compositeur, trame à laquelle collabore aussi Normand Corbeil. Il n'en faut pas plus pour que la machine à rumeur se remette en marche au sujet d'un retour sur scène de l'enfant prodigue. Toutefois, l'artiste n'apparaîtra cette fois-ci ni du côté cour ni du côté jardin mais bien par le truchement d'une biographie qui fait grand bruit en 2013.
S'enlever du chemin, l'ouvrage, ne donne pas dans la dentelle mais décrit plutôt le parcours atypique de l'homme qui explique les véritables raisons médicales qui l'ont éloigné du contact direct avec le public tout au cours de ces longues années.
Rédigé par son amie Louise Thériault et préfacé par le comédien Luc Picard, le document de près de 400 pages déboulonne complètement le mythe de la folie qui entourait le « décrochage » total de l'ex-guru malgré lui.
Les très rares interviews qu'accorde Fiori pour la promotion du livre laissent voir un homme affable qui semble prêt à reconquérir ses nombreux fans avec un nouvel album et, éventuellement, un retour sur scène. Sa page Facebook témoigne d'ailleurs éloquemment du respect que lui vouent un grand nombre d'admirateurs.
Le disque éponyme sort enfin en mars 2014, soit 28 ans après le précédent, et présente un créateur de 62 ans qui a gardé tout son pouvoir de mélodiste et de parolier bien en phase avec son époque.
On peut visiter le site officiel des Serge Fiori.