Gerry
Boulet

 Gerry Boulet

Abonnez-vous au fil RSS!
Abonnez-vous
au fil RSS!

Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Gérald Boulet 
Aussi connu sous Gerry  
Naissance 1946-1990   
Carrière professionnelle 1962-1990 (1984-1990 en solo)   

Pour toute une génération de fans de rock à la québécoise, et peut-être davantage, Gerry Boulet demeure une icône de référence lorsqu'il est question de ce genre musical. Sa carrière solo, interrompue impitoyablement par la maladie, demeure une des plus fulgurantes qu'ait connues le show-business québécois, compte tenu de sa très courte durée. Amorcée en 1984, ce n'est que deux ans plus tard, plusieurs mois après la dissolution du groupe Offenbach, qu'elle démarre vraiment. Une première tournée, interrompue en 1987 à cause de son état de santé, un nouvel album lancé fin 1988, quelques spectacles de plus, un projet inachevé et, malgré tout, une des plus immenses cotes d'amour qu'un artiste québécois ait obtenu, tant auprès des amateurs de musique rock que de la génération précédente et des programmeurs des stations de radio.

Mais pour les vrais fans, l'histoire commence bien avant et inclut tout autant l'épopée des orchestres yé-yé, puis la fabuleuse aventure du groupe Offenbach, que les quelques années de reconnaissance globale qui ont précédé son départ hâtif, en juillet 1990. Comme l'a si méticuleusement démontré le journaliste Mario Roy, dans son imposante reconstitution biographique publiée sous le titre Gerry Boulet - Avant de m'en aller en 1991, le parcours musical de Gerry résume trois décennies de rock au Québec.

Tout jeune, il apprend la trompette puis joue dans la fanfare du pensionnat, au collège de Philipsburg. Au début des années soixante, il rejoint l'orchestre des Double Tones où son frère Denis tient la batterie. Il apprend bientôt la basse, instrument devenu essentiel à tout groupe qui se veut dans le coup, avant de se mettre à l'orgue au début de l'ère yé-yé, sous l'influence avouée des Dave Clark 5, proches rivaux des Beatles en 1964. Déjà le groupe s'est rebaptisé les Gants Blancs et il ne tarde pas à se voir consacrer une émission hebdomadaire à la télé de CHLT: Ça claque avec les Gants Blancs.

Après quelques 45 tours, le chanteur organiste a la surprise, tout comme ses confrères à n'en pas douter, de voir les deux nouveaux enregistrements du groupe "Ne mentons pas" et "Ma fille" paraître sous le nom de Géralldo (sic), sur étiquette Canusa. On est en 1967 et il s'agit d'un simple incident de parcours, non pas d'une véritable carrière comme soliste. D'ailleurs, Gérald allait demeurer un gars de band et même le pilier du groupe bien au-delà de l'existence des Gants Blancs, jusqu'à la séparation finale d'Offenbach, deux décennies plus tard. Au total, Gerry (il récolte ce surnom à la fin des années soixante, de son confrère bassiste Michel Lamothe) aura passé près d'un quart de siècle sur la route au sein de formations allant de quatre à neuf musiciens.

Le premier projet en solitaire de Gerry Boulet date de 1983 et voit le jour au printemps suivant. Il s'agit de l'album "Presque 40 ans de blues" constitué de chansons bâties sur des textes de Plume Latraverse ("Le serre volant" et "Le roi de la marchette").et d'autres collaborateurs du groupe comme André Saint-Denis, Pierre Huet et Pierre Côté. Le disque est suivi de quelques spectacles mais ne connaît qu'un accueil mitigé. Les cinq musiciens d'Offenbach procèdent alors à l'enregistrement d'un dernier album avant que Gerry annonce son intention de quitter le groupe.

Ayant mis au point puis livré leur Dernier show en novembre 1985, les musiciens s'affairent à diverses activités, après avoir pris un peu de recul face à ce tournant personnel et professionnel. Gerry, de son côté, entreprend une nouvelle tournée en trio avec seulement deux musiciens: Gerry, Johnny Gravel et Michel Gélinas, se produisent ainsi dans des salles de dimension plus modeste, jusqu'en 1988, ayant recours à quelques reprises aux bons services du groupe Patriotes. Avec le temps, le chanteur en vient à travailler de plus en plus étroitement avec Lucien Francoeur, dont il est un des partenaires dans le projet "Café Rimbaud", patronné par la SRC (Société Radio-Canada) et qui paraît au printemps 1987. Un peu plus tard, il réalise l'album "Les gitans reviennent toujours" de Francoeur puis un premier 45 tours aujourd'hui introuvable d'un jeune artiste au talent prometteur: Dan Bigras. Il commence aussi à songer à un nouvel album personnel qu'il lui faudra bien terminer un jour.

Gerry Boulet a à peine quarante ans, mais le temps se met à courir de façon incontrôlable pour lui. À l'automne, il suit une première série de traitements destinés à stopper un cancer du colon. À son retour à la maison, il se met sérieusement au travail et accouche d'une bonne douzaine de mélodies dont la plupart seront finalement gravées sur cet album qui est maintenant son grand projet. "Rendez-vous doux" est lancé au mois d'octobre 1988 et ne tarde pas à grimper aux palmarès des ventes. Au gala de l'Adisq, quelques jours plus tard, Gerry et Marjo chantent ensemble "Les yeux du coeur", un des temps forts de l'album. Le contenu des textes, qu'ils soient signés par Jean Hould, Denise Boucher ou par les paroliers déjà associés aux albums d'Offenbach que sont Michel Rivard, Plume Latraverse, Pierre Côté ou André Saint-Denis, n'est plus l'apanage des seuls rockers. On trouve désormais des dames dans la cinquantaine, des adolescents, des hommes d'affaire ou des midinettes qui sont sensibles aux propos à la fois réalistes et éminemment positifs du sympathique chanteur qui chante (encore) comme un coyote. Il faut dire que la chanson québécoise a repris un nouvel élan, après ses années noires du milieu de la décennie 80, et que l'entreprise est appuyée par de nouveaux moyens de promotion que sont le vidéo-clip et la toute nouvelle télévision musicale cablée.

À tour de rôle, les chansons "Angéla", "Les yeux du coeur" et "Toujours vivant" sont fredonnées par des milliers de fans. Gerry est invité à diverses émissions télévisées. Il reprend confiance et retrouve la forme au point de reprendre la route pour une nouvelle tournée en février 1989. Le 28, on lui remet un disque d'or pour les premiers 50 000 exemplaires vendus de "Rendez-vous doux". Sa nouvelle carrière prend son envol... mais la fatigue l'oblige bientôt à prendre un temps de repos. Après des vacances en compagnie des siens, il reprend la route, fin août, juste comme l'album est certifié platine, dépassant les 100 000 copies. Malheureusement, les mois lui sont comptés. Pendant que "La femme d'or" et "Un beau grand bateau" voguent sur les palmarès, l'homme derrière la voix s'éteint le 18 juillet 1990.

Toute l'énergie et les espoirs drainés en sa faveur par le public québécois ne peuvent arrêter l'inexorable et le dernier extrait de l'album à gravir les palmarès est une chanson au titre prémonitoire: "Une dernière fois". Le disque continue de battre des records jamais dépassés par un artiste rock au Québec pour atteindre finalement le triple platine en 1991, trois ans après sa sortie.

La voix de Gerry ne s'éteindra jamais pour ses nombreux fans et leur réservera même un nouvel opus, concocté un peu avant les sessions de "Rendez-vous doux". Celui-ci avait alors mis sur ruban, s'accompagnant au piano, la partie vocale de ce qui devait être une sorte d'opéra-rock, une oeuvre de longue haleine autour de Jézabel, personnage biblique du Livre des Rois, écrite par Denise Boucher, l'auteure des chansons "Angela" et "Un beau grand bateau". Le tout sera complété en 1994, par son ami et complice en musique Dan Bigras. Ce seront les derniers chants qu'ait enregistrés celui dont le cheminement aura contribué à définir les paramètres du rock au Québec.

Quelques pièces inédites étaient toutefois demeurées dans les tiroirs de l'artiste: dès 1990, paraissait une réédition du contenu de "Presque 40 ans de blues", rebaptisé "Gerry" avec en sus son interprétation de "Café Rimbaud" et l'inédite "City Night". En 1996, deux ans après la sortie de l'album "Jezabel", paraît "Gerry Boulet... en rappel" qui, outre des pièces de ses deux premiers albums, contient à son tour un autre titre inédit intitulé "Homme d'asphalte".

Près de vingt ans après le récit de Mario Roy déjà cité, la journaliste Nathalie Petrowski signe le scénario du film biographique Gerry, réalisé par Alain DesRochers au printemps 2011, avec Mario Saint-Amand dans le rôle titre.

On peut visiter le site officiel de Gerry Boulet.