Nanette
Workman

 Nanette Workman

Abonnez-vous au fil RSS!
Abonnez-vous
au fil RSS!

Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Joan Workman 
Aussi connue sous Nanette, Nanette Newman  
Naissance 1945   
Carrière professionnelle Depuis 1966   

Cette interprète de haut calibre, qui est aussi musicienne en plus de taquiner la muse de temps à autre, a connu une carrière de niveau international, côtoyant des géants de la musique pop et du rock tels que les Rolling Stones, Ringo Starr, John Lennon ou Johnny Hallyday. Doit-on s'étonner que son récent album ait pour titre "Mississippi Rolling Stone"? C'est pourtant au Québec qu'elle a choisi d'élire domicile et qu'elle a connu sa plus florissante carrière depuis maintenant plus de trente ans. Depuis ses premiers enregistrements sur étiquette Canusa, celle qu'on appelait alors tout simplement Nanette est demeurée une des préférées de la scène musicale québécoise. Avec les Michel Pagliaro, Jean-Pierre Ferland et Ginette Reno, elle est assurément une des artistes dont la carrière a connu une longévité parmi les plus intéressantes.

À peine sortie de l'adolescence, la jeune Joan Workman qui a grandi à Jackson, Mississippi, a déjà une bonne expérience comme chanteuse, animatrice d'émission télévisée et comédienne dans des spectacles musicaux à Broadway où elle se fait remarquer dans la comédie musicale How To Succeed In Business Without Really Trying en compagnie de Rudy Vallee en 1964, avant de se laisser persuader par Tony Roman de venir tenter sa chance à Montréal comme chanteuse soliste en 1966. Son premier disque est une reprise du classique de Gilbert Bécaud "Et maintenant", revu à la façon de Sonny and Cher. Son interprétation fait une chaude lutte à celle des Classels en tête du palmarès Méritas, un des plus crédibles de l'époque, diffusé entre autres à l'émission Jeunesse d'aujourd'hui. Son deuxième 45 tours est la version d'un succès des Rolling Stones "Peint en noir" (Paint It Black), groupe que le hasard ramènera sur son chemin quelques années plus tard.

C'est cependant avec "Guantanamera", une complainte d'origine cubaine très populaire chez les folk singers américains, que Nanette s'impose définitivement, au tournant de l'année 1967, parmi les valeurs sûres de sa génération. La chanson, interprétée par une demi-douzaine d'artistes québécois et internationaux, se maintient en tête du palmarès Méritas pendant neuf semaines, de la fin décembre 66 jusqu'au mois de mars suivant. Sur scène, Nanette s'alimente autant au répertoire rhythm 'n blues qu'à la chanson plus douce, à la façon de Petula Clark dont elle reprend certains succès comme "Chez moi", (Call Me). Cette année de l'Expo voit plusieurs chansons en duo par Nanette et Tony Roman envahir les ondes radio québécoises. Certaines sont puisées à nouveau chez Sonny and Cher telles "Petit homme" ou "Les petites choses" tandis que d'autres sont résolument plus rythmées ou fantaisistes comme "Mercy, mercy, mercy" et "C'est l'amour qui nous a conduit à l'autel". Personne ne se surprendra que Nanette soit élue Découverte de l'année au Gala des Artistes 1967.

L'année suivante, Nanette et Tony sont à la barre de l'émission télévisée Fleurs d'amour, fleurs d'amitié où ils accueillent, durant la saison estivale, tout ce que le Québec compte de vedettes populaires en plus de quelques artistes considérés comme underground, dans le décor futuriste de Terre des hommes. Quelques mois plus tard, elle s'envole vers l'Angleterre où elle enregistre un premier album en langue anglaise et travaille comme mannequin avant de devenir choriste pour certaines cessions d'enregistrement de "Let It Bleed" des Rolling Stones et de leurs succès "Honky Tonk Women" et "You Can't Always Get What You Want". Par la suite, elle côtoie le Beatle George Harrison lors de l'enregistrement du disque de Doris Troy pour la maison Apple. Admise d'emblée dans le jet-set londonien, elle effectue plusieurs sessions, toujours à titre de choriste, pour les enregistrements individuels de deux autres Beatles: John Lennon (Power To The People) et Ringo Starr (It Don't Come Easy) au tournant de 1970.

En 1971, Nanette se rend en France et rejoint le clan Hallyday. De cette expérience, subsiste aujourd'hui l'enregistrement d'un spectacle au Palais des Sports et quelques rares 45 tours produits par la vedette française. L'événement est suivi, quelques mois plus tard, d'une tournée de plusieurs pays d'Europe et du Moyen-Orient, intitulée Johnny Circus où elle se produit en première partie de l'immortel rocker. Puis elle retourne en Angleterre, en 1973 et enregistre un nouvel album personnel anglophone intitulé "Grits and Cornbread" avec la complicité de requins de studio aussi réputés que Bobby Keyes et Jim Price et du guitariste Peter Frampton, encore peu connu à l'époque. Elle effectue ensuite un retour au Québec où elle joue le rôle de Barbara dans le film Mustang de Marcel Lefebvre. Elle y partage la vedette avec Willie Lamothe, Luce Guilbeault, Marcel Sabourin et Claude Blanchard.

Un tournant majeur se produit dans sa carrière musicale en 1975 quand elle enregistre une adaptation du succès de Patti BaBelle "Lady Marmelade". Que ce soit à cause de la teneur directe du propos (Voulez-vous coucher avec moi, ce soir?) ou grâce au rythme alors en plein essor du style disco, bien des raisons peuvent expliquer l'immense succès que connaît l'enregistrement. Profitant de la vague, elle récidive avec une série de perles du genre qui font les belles nuits des discothèques montréalaises: "Danser, danser", "J'ai le goût de baiser", "Donne, donne" demeurent des références sonores pour toute une génération de couche-tards. Ces sessions se déroulent au Studio de Morin Heights, propriété d'André Perry, ou à Los Angeles au Record Plant, avec la complicité de Walter Rossi, Angelo Finaldi et Yves Martin. Parallèlement, elle continue de participer à d'autres enregistrements en tant que choriste, musicienne (elle pratique aussi le piano en dilettante) ou réalisatrice.

Vers la fin de la décennie, alors que Luc Plamondon recrute les participants à l'opéra rock "Starmania", son choix se porte sur Nanette pour interpréter Sadia, rôle qu'elle défend aussi bien sur scène que sur disque et qui lui vaut un nouveau succès à l'échelle de la Francophonie: "Ce soir on danse à Naziland". Plamondon, qui avait déjà signé le texte de la pièce "Pas fou" de l'album "Lady Marmelade", est impressionné par l'efficacité de son interprétation et lui fournit un album complet de chansons, composées en collaboration avec le guitariste Billy Workman, frère de la chanteuse, et avec Angelo Finaldi. "Chaude" paraît en 1980 mais ne connaît qu'un accueil mitigé, en regard de l'immense succès de la chanson "Call-girl", deux ans plus tard. Cette fois l'auteur s'est assuré la complicité de Germain Gauthier et le tandem a visé en plein dans le mille. Un des derniers succès de la vague disco, "Call-girl" se mérite le trophée du 45 tours le plus vendu pour l'année 1982.

Après cette période d'intense popularité, Nanette Workman regagne l'arrière-scène et met sa voix au service du répertoire à caractère historique de la tournée rétrospective Du gramophone au laser en compagnie de Jean-Pierre Ferland, Louise Portal et Marie-Claire Séguin. Ce spectacle parcourt le Québec entier pendant près de deux ans avant que Nanette ne revienne brièvement à la comédie musicale avec 1926, présentée dans le cadre du Festival de jazz de Montréal à l'été 1986. Au mois d'août de la même année, elle participe à l'émission télévisée Escale à Memphis tournée à Graceland en compagnie de René Simard, Carl Perkins et Richard Anthony. Nanette y interprète "Chanson pour Elvis" et retrouve Tony Roman, le temps d'un pot-pourri de leurs anciens succès.

Après une absence sur disque de près de huit ans, elle entre en studio avec comme réalisateur Serge Fiori, pour un album de nouvelles chansons. "Changement d'adresse" est un disque tout en douceur qui marque une trop grande rupture avec l'image flamboyante que les fans de Nanette ont gardé de ses années disco. Cette fois, c'est un relatif échec que l'équipe de production doit affronter. L'album à peine sorti sur le marché, la chanteuse retourne à Paris pour tenir un rôle dans le nouvel opéra de Luc Plamondon et Michel Berger, "La légende de Jimmy".

En 1992 elle interprète en compagnie de l'auteur Dan Bigras, la chanson "Un bateau dans une bouteille" retenue comme chanson thème des fêtes du 350e anniversaire de Montréal. Au même moment, elle lance un album de reprises de ses succès sur un mode plus rock. "Rock & Romance" est à la fois source de souvenance pour les fans qui l'ont un peu perdue de vue et une occasion idéale pour les plus jeunes de redécouvrir une des interprètes les plus enflammées de la courte histoire du rock au Québec. Avec l'album "Une à une", qui paraît en 1996, elle semble avoir trouvé un certain équilibre entre sa flamme première qui se traduit ici par une agréable propension au blues-rock et une facture plus adulte qui rejoint ses préoccupations actuelles, notamment le plaisir de voir grandir son fils "Jesse" à qui elle dédie évidemment cette chanson.

La carrière de Nanette fait l'objet d'une émission spéciale dans la série Musicographies diffusée sur les ondes de MusiMax à l'automne 1999, au moment même où paraissait un album de photos souvenir, simplement intitulé Nanette, aux éditions Stanké. Une compilation de ses principaux succès paraît sous format DC sur étiquette Mérite, en quatre volets: "Guantanamera", "Danser, danser", "Call Girl" et "Honky Tonk Woman". Pendant ce temps, elle renoue avec ses racines de musicienne sudiste et retourne en studio avec la crème des musiciens de blues montréalais dont Steve Hill et Billy Workman pour graver son prochain album qu'elle réalise et dont elle est auteure et compositrice de la plupart des pièces. On la voit aussi à la télévision où elle anime à série rétrospective musicale Génération 70, sur les ondes de MusiMax, en plus de faire la promotion des REER et de se faire porte-parole du Réseau des écoles associées à l'UNESCO. L'accueil réservé à "Roots 'n' blues" l'incite à persévérer et la dame récidive au printemps 2003, toujours sur étiquette Bros, avec "Vanilla Blues Café" où elle recrée à sa façon la chanson "I Lost My Baby" de Jean Leloup et deux ans plus tard avec "Mississippi Rolling Stone" qui est l'occasion de retrouvailles avec Serge Fiori. L'album est aussi une occasion de saluer quelques classiques de Willie Dixon, Bob Dylan mais aussi de Luc Plamondon ("Les années Woodstock", coécrite avec Billy Workman) et Michel Cusson avec qui la chanteuse a composé "The Main".

Personnalité de premier plan au Québec, l'artiste fait aussi l'objet d'une reconnaissance officielle dans l'État du Mississippi où on l'a accueillie parmi les personnalités musicales du Mississippi Musicians Hall of Fame en avril 2000, en compagnie de musiciens et chanteurs aussi légendaires que Elvis Presley, Sam Cooke, B.B.King, Robert Johnson, Lester Young, Jimmie Rodgers, Tammy Wynette et Bo Didley.

On peut visiter le site officiel de Nanette Workman.