Nom véritable | Michel Pagliaro |
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Aussi connu sous | Pag |
Naissance | 1948 |
Carrière professionnelle | Depuis 1966 |
Ayant acquis une popularité appréciable au sein des Chanceliers, groupe de la vague mi-soixante avec qui il chante déjà certaines compositions de son cru, Michel Pagliaro aborde sa carrière solo au printemps 1968, avec une reprise de "Comme d'habitude", le grand succès de Claude François devenu depuis lors un standard international, porté par les voix de Frank Sinatra, Elvis Presley et autres Sex Pistols (on aura reconnu "My Way"). Selon l'usage courant à cette époque, outre les quelques emprunts au répertoire d'artistes français, la plupart des chansons interprétées sont des versions de succès américains ou anglais.
Fervent de rhythm 'n blues comme plusieurs jeunes musiciens des groupes yé-yé, il se voit contraint d'adoucir un peu son registre en devenant un artiste grand public. Les chansons du courant groovy soul de Bobby Hebb et des Classics IV constituent un compromis acceptable, entre les véritables ballades et quelques chansons plus rythmées qu'il grave souvent en duo avec François d'Assise (François Bégin des Mersey's). Il s'intéresse d'ailleurs dès ce moment à l'aspect réalisation du métier et en fait profiter des artistes comme les Mersey's, Claire Lepage ou Les Sultans, tous affiliés aux industries DSP du producteur Denis Pantis. Un autre artisan de la maison deviendra un collaborateur important dans sa carrière personnelle quelques années plus tard, George Lagios.
Quel que soit le style musical abordé, Michel Pagliaro signe lui-même la plupart de ses adaptations québécoises et ce n'est pas bien long avant qu'il propose à nouveau des pièces de sa composition. Un premier succès de sa plume retient l'attention dès l'été 1969; cette chanson "À t'aimer" est bientôt suivie de "Pour toi, pour toi", "Mama River" et "J'ai marché pour une nation" dont l'intro musicale inspirera plus d'un groupe rock de la nouvelle décennie. Parallèlement à ses succès de palmarès, il apporte sa contribution à de nombreux enregistrements en duo, notamment "Les Vacances" avec la chanteuse Renée Martel et "Na Na Hey Hey Goodbye" avec Nanette Workman.
Au début des années soixante-dix, ayant acquis une pleine confiance en son inspiration d'auteur-compositeur, il aborde une carrière anglophone qui lui procure quelques succès à l'échelle canadienne: "Give Us One more Chance", "Rainshowers", "Lovin' You Ain't Easy", "We're Dancing" (lancé sous le nom fictif de Second Helping) et une interprétation de la chanson des Beatles "Revolution", qu'il a conservée à son répertoire. Maintenant un des rares artistes locaux à s'exprimer dans un style rock, il mène sa carrière sur deux fronts soit les deux langues qui se disputent l'attention du public québécois: l'anglais et le français. Si 1971 marque son triomphe dans la langue des Beatles, l'année suivante est un moment charnière du côté francophone. La chanson "J'entends frapper" devient presque instantanément un classique que tous les mélomanes du Québec, rockers avertis ou clientèle assidue des discothèques, ne peuvent se lasser d'entendre. Quelques mois plus tard, c'est "Fou de toi" qui grimpe à son tour dans les palmarès. Ce momentum dans sa carrière lui fournit l'occasion de graver un album en public "Pagliaro Live", où l'on remarque pour la première fois le nom du groupe Les Rockers.
Maintenant reconnu à sa pleine mesure comme auteur-compositeur-interprète du rock, Pag peut se permettre un retour à la vie d'orchestre, ce qu'il fait avec l'album des Rockers. On y retrouve à peu près le même personnel que lors des récentes tournées mais tous se partagent la vedette. Les musiciens Hovaness (Johnny) Hagopian, George Lagios, Derek Kendrick et Billy Workman sont des complices de longue date et l'utilisation d'un nom de groupe leur permet une certaine réminiscence, plusieurs décibels en plus, de cette époque yé-yé où l'on pouvait s'adonner aux reprises de ses idoles de jeunesse pour le seul plaisir de chanter ses héros, fut-ce à travers des adaptations approximatives. La prose des Rockers, souvent signée Pagliaro ou Roman, vaut pourtant son pesant d'or. Qui aurait cru ouïr un jour des références à des personnages comme Séraphin ou Trudeau dans une reprise de Summertime Blues "Pas d'cure contre la manufacture" ou une nouvelle adaptation de la mélodie de "Monsieur Longtemps" (Keep A Knockin') sous un titre rappelant ses origines louisianaises "Tu peux frapper (mais tu peux pas rentrer)"? Quelques-unes des chansons de "Rockers" bénéficient même d'une audience à la radio: "Little Queenie" et surtout "Miss Ann", du pur Little Richard... façon Pagliaro!
L'expérience semble s'avérer concluante puisque sur son album suivant, intitulé comme beaucoup d'autres "Pagliaro", le chanteur consacre une face complète à de nouvelles versions de classiques du rock, ou devrions-nous dire rock'n roll, de la fin des années cinquante. On laisse à ceux qui trouveront l'album vinyle le plaisir de découvrir quelles mélodies se cachent derrière des titres comme "Ça va brasser" ou "Pas l'temps". L'album contient cependant de nouvelles plages 100% Pag comme "Le temps des résolutions" et "Ti-bidon".
Si l'épisode des Rockers peut sembler un temps de récréation, le passage de la compagnie RCA à CBS marque le retour à une intense production. En 1975, deux nouveaux albums portent le nom de "Pagliaro" et "Pagliaro I". Il s'agit respectivement d'albums francophone et anglophone, certaines pièces se retrouvant aux deux endroits comme "Louise", "Walking The Dog" (Faire le trottoir) et une nouvelle version de "J'entends frapper" (How Does It Feel). Cet audacieux coup doublé porte bientôt ses fruits, ajoutant de nouveaux succès à sa brochette déjà bien remplie: "What The Hell I Got", "Émeute dans la prison" et "Si tu voulais" proviennent de ces albums. Dans les mois qui suivent ces parutions, il partage la scène avec le guitariste-chanteur britannique Peter Frampton à la Canadian National Exhibition de Toronto, en 1975, et se rend en tournée dans diverses régions du Canada. À son retour, il reprend la même formule du doublé avec "Aujourd'hui" et "Time Race". Encore une fois, quelques chansons connaissent une double vie. C'est le cas de "Time Race" ou "Le temps presse" tandis que d'autres trouvent seules leur chemin vers une certaine popularité, comme "Gloire à nous" et "Dock Of The Bay" la reprise du classique d'Otis Redding.
La fin de la décennie voit le chanteur revenir à une certaine bohème artistique. Libéré des contrats à long terme, il se concentre sur sa création immédiate et livre ses prochaines oeuvres respectivement sur les étiquettes Martin "Rock'n Roll" et Trans-Canada "Bamboo" avant de prendre un peu de recul professionnel. Contrairement à ce que laisse supposer son titre, l'album "Rock'n Roll" est loin d'être coulé d'un seul bloc. Les sonorités rock à la façon d' Aut'chose ou Offenbach "C'est comme ça que ça roule dans l'nord", "Toujours la musique" côtoient l'inspiration reggae de "Le p'tit train" ou country dans "T'es pas tout seul à soir". Avec "Bamboo", disque auto-produit paru en 1981, ce pionnier du rock québécois prend un bain de jouvence et sait tirer partie de la new wave qui naît de la remise en question punk des années précédentes. Les chansons "Romantique" et "Travailler" lui attirent le respect d'une nouvelle génération qui découvre ce pionnier. Son absence prolongée, pendant les cinq prochaines années, en fera paradoxalement un parrain du rock respecté des musiciens plus jeunes.
Ces années d'éloignement sont tout autre chose qu'une période de vacances. Entre 1982 et 1986, Michel Pagliaro pousse à fond son expérience de réalisation qui s'était résumée à ce jour à quelques chansons pour des confrères de scène et à ses propres enregistrements. Cette fois, c'est avec une figure majeure de la chanson francophone internationale, Jacques Higelin, qu'il entreprend de nouveaux projets en réalisant deux de ses albums les plus remarqués "Aï" et "Higelin à Bercy".
De retour au Québec, c'est à titre de chanteur et de musicien qu'il renoue avec la scène et les studios, le temps d'un nouveau 45 tours qui, malgré la gravité relative du propos, connaît un certain succès. "Dangereux" et "Les bombes" sont cependant les seules nouvelles chansons de cette cuvée 1987. Il faudra à ses fans une année supplémentaire d'attente avant que ne paraisse son premier album inédit en plus de sept ans. "Sous peine d'amour" est également le premier disque de Michel Pagliaro, et sans doute le seul de toute sa carrière, à paraître sous les trois formats 33 tours, cassette et disque compact. Entouré d'une nouvelle équipe, Pag continue de se fier à son intuition et celle-ci est récompensée par l'accueil positif réservé à "L'espion" puis à "Héros" qui sont à la hauteur des succès précédents.
Bien que la décennie 90 en soit une où l'artiste se fait relativement rare, cette période est cependant marquée de grands moments: participation au Festival d'été de Québec, apparition remarquée lors des célébrations du 350e anniversaire de la Ville de Montréal, en 1992, suivie une compilation béton trois ans plus tard. L'album "Hit Parade", qui paraît en 1995, regroupe une trentaine de chansons sélectionnées par l'interprète parmi une production qui s'échelonne sur plus de 25 ans. Il est bientôt suivi de "Goodbye Rain" qui comporte quatorze chansons en langue anglaise (dont cinq inédites).
On retrouve à nouveau Pag aux commandes d'un studio, le temps de réaliser l'album "Bambatulu" du groupe Lilison Di Kinara formé autour du musicien Lilison Cordeiro, originaire de Guinée-Bissau, en 1999. Les informations cancernant la publication d'un nouvel album étant sans cesse déjouées par de nouveaux délais, c'est à travers la voix de Gaspésienne Laurence Jalbert que son oeuvre revient sur les ondes, fin 2001. La chanteuse donne un second souffle francophone au succès "What The Hell I Got", datant de 1975, sous le titre "Jeter un sort". Peu après, Michel Pagliaro entreprend une tournée du Québec avec le groupe les Respectables, dans le cadre des FrancoFolies sur la route, à l'hiver et au printemps 2002. Celle-ci est immédiatement suivie d'un spectacle au Casino de l'Île Notre-Dame en mai et d'une participation aux Francofolies de Montréal en août de la même année.
Après quelques apparitions éparses en salles et à divers festivals, Pagliaro reprend la route à la fin de l'hiver 2004. Dans l'attente d'un éventuel nouvel album, les fans ont l'occasion de réentendre l'essentiel de son répertoire grâce à la compilation "Tonnes de flashs" parue en 2011.
On peut visiter le site officiel de Michel Pagliaro.