Nom véritable | Robert Paquette |
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Aussi connu sous | -- |
Naissance | 1949 |
Carrière professionnelle | Depuis 1973 |
Avant de devenir le chansonnier prolifique qui se fait connaître dans les années soixante-dix et quatre-vingts, Robert Paquette s'initie la musique dans sa prime jeunesse, que ce soit à l'occasion de cours de piano ou d'accordéon puis lorsqu'il découvre la musique pop du début des années soixante. Né à Sudbury, dans le nord ontarien, c'est en Belgique au moment où sa famille séjourne pendant quelques années en Europe, qu'il découvre les chansons de Françoise Hardy ou de Johnny Hallyday sur les ondes de Radio-Luxembourg. Ayant appris à gratter la guitare, il forme un premier groupe dès son retour au Canada à l'âge de quatorze ans, alors qu'il est étudiant au Collège Sacré-Coeur de Sudbury. Les Zodiacs lui permettent d'exprimer son tempérament artistique et d'affronter son premier public. Un peu plus tard, ce sont les Chat-Uteurs. Ce nouveau groupe choisit au départ de chanter en français et connaît un bon succès dans les soirées de danse des paroisses environnantes. Au cours de la saison 1966-67, les Chat-Uteurs participent au concours d'orchestre de l'émission jeunesse Oblige, organisé par la télévision de Radio-Canada et les jeunes musiciens se rendent à Montréal pour la grande finale où ils se classent au deuxième rang.
Mais les choses vont vite et les goûts des jeunes mélomanes aussi. S'ensuit une période beaucoup plus anglophile où sa nouvelle formation Marketville Riot s'alimente à la musique américaine et au bluesboom britannique. Vêtements de velours, allures du Grand Siècle, le nord-Ontario se met à l'heure d'une certaine sophistication dans la foulée expérimentale des Beatles mais aussi de Cream, Traffic et du Led Zeppelin première époque.
Cependant, il n'y a pas qu'en musique que le temps court. Son passage du collège à l'Université Laurentienne est l'occasion de fortes prises de conscience identitaires: pour Robert Paquette, il devient impératif de se donner les moyens de créer dans sa propre langue, le français. En 1970, il compose la musique d'une création collective du Théâtre du Nouvel Ontario, intitulée Moi j'viens du Nord 'stie, puis d'un spectacle multidisciplinaire: Le 7ième jour. Il est également cofondateur de la Coopérative des Artistes du Nord Ontario (CANO) où l'on retrouve bientôt un grand nombre de ses collègues créateurs en diverses disciplines.
Pendant ce temps, Robert Paquette est déjà sur la route, à la recherche de la maison de disques qui saura miser sur son talent. Un premier démo est réalisé avec l'aide d'un jeune ingénieur du son du nom de... Daniel Lanois. Ses pas le mènent au Festival de Granby où il remporte le deuxième prix et le Prix du public, en 1971 et 1972. Le théâtre est toujours présent dans le décor, si on peut dire, et les années 1972 et 1973 sont l'occasion d'une tournée avec le Théâtre Populaire du Québec. Lors du Festival Boréal, une nouvelle initiative qui se déroule à Sudbury et dans laquelle il s'est aussi impliqué, Robert fait la rencontre de Jim Corcoran et de Bertand Gosselin qui viennent tout juste de lancer un premier album, produit par l'ancien bassiste des Bel Canto, René Letarte. On s'échange adresses et numéros de téléphone, le jeune musicien-chanteur effectue une nouvelle visite à Montréal et les deux troubadours se comprennent immédiatement. Robert et ses amis musiciens prennent la route du studio... et la route tout court. 45 spectacles plus tard, dans plusieurs provinces canadiennes, c'est le lancement de "Dépêche-toi soleil". Deux titres retiennent particulièrement l'attention "Le gardien de mes rêves" et "Moi j'viens du Nord".
Entre temps, il y a eu la Superfrancofête à Québec, le Congrès international de la Francophonie, à Liège en Belgique, et un déménagent définitif à Montréal. Le mouvement de la 'nouvelle chanson' a le vent dans les voiles et le jeune barde signe avec la maison Kébec-Disc qui accueille alors des noms en pleine ascension dans l'univers musical: Jean Lapointe, Paul Piché, Fabienne Thibault, Jim et Bertrand... Un nouvel album "Prends celui qui passe" vient confirmer l'étoffe de l'auteur-compositeur Paquette avec des chansons comme "Bleu et blanc", "Baba nam", "Myosotis et violettes" et "Ti Blanc". De nouvelles sonorités viennent colorier le propos: percussions, violon, dobro, cor anglais.
En 1978, il représente le Canada au Festival de la chanson à Spa, en Belgique, avec "Baba Nam". Sa chanson n'est pas retenue, pas plus que celle d'un autre jeune talent méconnu qui participe à l'événement, Francis Cabrel. Il faut dire que cette édition du Festival était particulièrement pourvue pour ce qui est de la qualité des participants, la palme revenant à un certain Renaud Séchan sur le point de révolutionner à son tour la chanson dans l'Hexagone. C'est aussi à cette occasion que Robert compose "Rêve", qui sera un des fleurons de son prochain album "Au pied du courant". Celui-ci sera marqué par les voyages, notamment pour la chanson "Jamaïca" aux intonations reggae, et les tournées chez nos voisins du sud où il se produit jusqu'en Louisiane et en Californie, en passant par le prestigieux Carnegie Hall, à New York. Malheureusement, une autre des chansons de l'album doit son origine à un départ sans retour: "Vive la force" est dédiée à la mémoire d'André Paiement, un ami d'enfance qui était aussi un des membres du groupe CANO.
Robert poursuit sa longue marche vers la reconnaissance et se rend participer au Festival de Jazz de Montreux en Suisse, en 1980, en plus de continuer à se produire en tournées, d'effectuer une série de spectacles dans les régions polaires et de représenter le Canada au Printemps de Bourges puis à l'ambassade canadienne de Mexico, deux ans plus tard. Un autre coup dur vient alors ébranler la vie professionnelle de Robert Paquette lorsque Gilles Talbot, son mentor et patron de la maison Kébec-Disc, est victime d'un accident d'avion en 1982, quelques mois après la sortie d'un nouvel album éponyme.
La réorganisation qui suit et les nouvelles orientations de la compagnie ne conviennent pas à la vision qu'a l'artiste du développement de sa carrière. Il réussit à se libérer d'un contrat devenu étouffant et en profite pour renouveler son image avec la parution de "Gare à vous", réalisé à Québec en 1984. Frais rasé, on le voit qui balance son chapeau, devenu un signe distinctif pendant sa première décennie de vie musicale. La chanson "Gare à vous" fait également contraste avec les textes des premiers albums, généralement fraternels, temps durs obligent.
L'urgence et la maturité de ce nouveau répertoire semblant en phase avec leur époque, le disque connaît une sortie européenne et son auteur effectue une tournée de quarante-cinq spectacles en France, suivie d'un nouveau séjour aux U.S.A. Cette euphorie connaît à son tour son revers, suite aux déboires de la maison Trans-Canada, propriétaire de l'étiquette Saisons où sont parus ses récents enregistrements. Ces nouvelles complications amènent Robert Paquette à se retirer momentanément de la scène musicale. C'est le théâtre, une autre de ses passions de jeunesse, qui prend le relais. L'auteur-compositeur contribue à la pièce Le Chien de Jean-Marc Dalpé, montée par le Théâtre du Nouvel Ontario, à l'occasion de laquelle est révélé un jeune acteur, Roy Dupuis. De nouvelles collaborations, tant au niveau théâtral que musical, parsèment les décennies quatre-vingt et quatre-vingt-dix, notamment pour les albums des artistes Paul Demers, Michel April et Jean-Guy 'Chuck' Labelle. Dans ce dernier cas, Robert en assume également la réalisation. En 1989, il est de la fête à l'occasion d'une émission spéciale coproduite par la Télévision française de l'Ontario, la Société Radio-Canada et Antenne 2.
L'année 1992 marque la création d'un nouveau spectacle réunissant Robert Paquette et ses confrères Marcel Aymar et Paul Demers. On le retrouve aussi lié à des projets collectifs comme "Image - Compilation 1", "Ontario Pop" ou le film documentaire Le cri du silence. En 1995, le jeune producteur montréalais Patrice Duchesne choisit Robert Paquette et Stephen Faulkner pour initier la collection Chansons pour durer, sur l'étiquette Disquébec. " Moi j'viens du Nord - Compilation 1974-1990" permet à 18 des oeuvres jalonnant sa carrière de franchir le nouveau siècle. On le retrouve aussi fréquemment à la barre d'émissions radiophoniques ou télévisées et d'ateliers de chanson ou de poésie.