Claude
Péloquin

 Claude Péloquin

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Parcours

Notes biographiques
Nom véritable Claude Péloquin 
Aussi connu sous Pélo  
Naissance 1942   
Carrière professionnelle Depuis 1963   

Si on peut considérer Claude Péloquin comme un musicien du verbe, ses instruments de prédilection sont sûrement le stylo et la provocation. Que celle-ci soit volontaire ou non, l'effet est bien souvent le même.

S'exprimant d'abord par l'écriture, il publie ses premiers livres à compte d'auteur au début des années soixante. Un peu plus tard, il se joint à d'autres artistes de diverses disciplines dont la forme d'expression se veut très libre et sera bientôt désignée sous le nom de happening. Il s'implique à fond dans des groupes multidisciplinaires, approche révolutionnaire à l'époque, comme L'Horloge du nouvel âge et Le Zirmate. Un des hauts faits de l'Horloge demeure la participation débridée de ses membres à l'émission Jeunesse Oblige, sur les ondes télé de Radio-Canada, alors que ces énergumènes s'adonnent à une performance intitulée "Barbare automne chez les yé-yé" qui ferait passer les Sinners (le groupe musical contestataire de référence des années soixante au Québec) pour d'inoffensifs louveteaux.

Parallèlement, Claude Péloquin continue d'écrire à un rythme effréné et de publier lui-même sa poésie qui, bien sûr, détonne chez les adeptes du Parnasse. Textes brefs, phrases choc, les mots de Péloquin amusent ou irritent mais ne laissent pas indifférent. Ses participations a diverses manifestations d'avant-garde (replaçons-nous dans le contexte) le mettent en contact avec une foule d'artistes et de personnages aussi colorés les uns que les autres. Parmi ceux-ci, quelques chansonniers se retrouvent sur sa route dont Robert Charlebois qui est aussi, à sa façon, un mouton noir et un rebelle. De cette rencontre et de quelques défis bien lancés, naît la chanson "Lindberg" qui propulsera ses interprètes Robert Charlebois et Louise Forestier au sommet de leur art et imprimera à la chanson québécoise un virage irréversible, notamment par l'utilisation d'un langage plus près du quotidien. Quant à l'auteur Pélo, il continue d'écrire et de célébrer la vie de multiples façons.

Il participe encore à quelques événements mémorables comme la Nuit de la Poésie en 1970 et Le Show de la Parole l'année suivante, avec les infoniaques Raoul Duguay et Claude Saint-Germain, avant de se lancer lui-même dans une tournée de rencontres sous forme de causeries où il récite divers textes: poèmes, lettres ouverts, textes scientifiques ayant pour objet principal l'importance de la recherche, surtout dans le domaine médical, qui représente à ses yeux la seule façon pour l'Homme de faire reculer la mort. Parallèlement, les Éditions de l'Homme reprennent un de ses recueils, autopublié deux ans auparavant: Pour la Grandeur de l'Homme. C'est qu'entretemps, l'auteur a gravé cinq de ses textes (dont un qui fait aussitôt scandale) dans le béton de l'immense murale créée par le sculpteur Jordi Bonet à l'intérieur du Grand Théâtre de Québec.

En 1972, avec la complicité d'un ancien collègue de L'Horloge et du Zirmate, Jean Sauvageau, Claude Péloguin publie un premier album intitulé "Laissez-nous vous embrasser où vous avez mal" qui renferme sa part de classiques de ce qu'on appelle à l'époque la contre-culture. Mélangeant avec un équilibre surprenant la parole humaine et la musique électronique, le disque propose une véritable poésie sonorisée avec des titres comme "Les Grands Silencieux", "Emiliano" et "Monsieur L'Indien" qui sera d'ailleurs repris vingt ans plus tard par le groupe French B. D'autres textes sont plus expérimentaux comme "L'Hymne international des Clowns" qui est une suite de remerciements en différents langages, noyés graduellement sous les applaudissements, ou " Mama Vagina" une énumération répétitive et désordonnée de gros mots du temps. Son confrère Sauvageau crée des atmosphères différentes pour chacune des pièces tout en se réservant une envolée instrumentale intitulée "Black spaghetti", sans doute une allusion au nombre important de fils que pouvait nécessiter cet encombrant ancêtre du clavier midi.

Le début des années soixante-dix est une période de grande visibilité pour Claude Péloquin, sous divers angles. Les maisons d'édition lui ouvrent leurs portes l'une après l'autre. C'est ainsi que paraissent Mets tes raquettes, une sorte de carnet de réflexions, au printemps 1972, Éternellement vôtre et Les chômeurs de la mort en 1974, tandis qu'il grave un nouvel album avec le groupe Quinchamali "Pélo Krispé" rapidement devenu introuvable. L'ensemble de musiciens sud-américains y est particulièrement en valeur dans "Le condor", un récitatif basé sur une vielle légende inca.

Une autre forme de création dont tâte le poète est le cinéma. Ayant réalisé quelques films à l'O.N.F. dont L'Homme nouveau, en collaboration avec Yves André, il est à son tour le sujet d'un moyen métrage intitulé Péloquin le Magnifique, produit par l'Office du film du Québec en 1973. On y voit notamment l'auteur circuler dans la ville, en conversation / interview avec la mort. Ce thème est encore au centre de plusieurs écrits et de ses albums suivants "Les Chants de l'Éternité" et "L'Ouverture du Paradis", parus respectivement en 1977 et 1979. Il collabore également en 1975 à l'écriture de chansons avec Claude Léveillée pour son album "On remonte en amour" et, dix ans plus tard, avec Robert Charlebois pour "Super Position".

Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, Claude Péloquin se fait plus rare au Québec, ayant élu domicile sous des latitudes plus clémentes. Ce qui ne l'empêche pas de collaborer à des projets hybrides (sérigraphies, eaux-fortes) avec d'autres artistes comme les peintres Alfred Pellan et Stanley Cosgrove, le sculpteur Jordi Bonet (tirage dans un écrin d'aluminium du texte Inoxydables, gravé à la main dans le métal à seulement 60 exemplaires) et plusieurs autres dont le peintre espagnol Villalonga.

C'est finalement en 1998, après une absence de près de vingt ans, que celui qu'on appelle parfois Pélo revient au Québec de façon définitive, préparer la sortie d'un nouveau livre relatant divers souvenirs, aventures et escapades de ses folles années, Le Flambant nu. Quelque mois plus tard, il effectue son retour sur disque avec un premier enregistrement laser (ce qui donne la mesure de son absence prolongée) intitulé "Tout le monde au ciel" où il propose encore une fois sa prose rythmée, aux limites des sonorités rock et techno, incluant de nouvelles moutures bien différentes de "Lindberg" et de "Monsieur L'Indien" maintenant rebaptisée "Moi l'Indien".