Nom véritable | Michel Faubert |
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Aussi connu sous | -- |
Naissance | 1959 |
Carrière professionnelle | Depuis 1990 |
Alliant l'intuition créative et le souci de continuité, cet homme de parole et de langage demeure avant tout un explorateur des zones obscures de la tradition orale. Nourri de rock à l'adolescence, il découvre la parole des anciens à la faveur du mouvement de retour aux racines québécoises, vers 1978. Suite à ses premières cueillettes auprès d'aînés de sa région natale, Rigaud et les environs, il se fera collecteur de chansons, contes et autres légendes d'antan pendant une douzaine d'années avant de graver lui-même ses premières interprétations. S'il se monte un répertoire dès le début des années quatre-vingt, se produisant avec d'autres jeunes musiciens dont le groupe Métropolitain, il consacre cependant la majeure partie de son temps à la recherche, parcourant les diverses régions du Québec et de l'Acadie, tel un Marius Barbeau des temps modernes.
Parallèlement à sa démarche de cueillette auprès des porteurs de tradition, Michel Faubert a des fréquentations musicales plutôt diversifiées. Il communique son enthousiasme à des musiciens d'horizons aussi éparpillés que les groupes Janitors Animated, la Bottine Souriante, Anoosh et les Quatre Guitaristes de l'Apocalypso Bar. Plusieurs d'entre eux viennent d'ailleurs lui prêter main forte lorsqu'il décide d'enregistrer un premier document autoproduit en 1990. D'abord créée sous format de cassette audio puis adaptée à la technologie DC, "Maudite Mémoire" ouvre la voie à une collaboration plus étroite avec la maison de disques Ambiances Magnétiques en 1992.
La rigueur et l'originalité de la démarche de Faubert, qui privilégie les thèmes fantastiques et souvent tragiques, lui valent une oreille attentive autant sur la scène urbaine underground qu'auprès des tenants de la tradition pure. Il ne manque pas d'ailleurs de rendre hommage à ses nombreux inspirateurs: Rose D'Amour, Alphonse Morneau, Anne-Marie Savard, Alvina St-Pierre, Onésime Brideau, Ernest Fradette. et bien d'autres. Les complaintes médiévales comme "La blanche biche" ou l'histoire de l'orphelin "Alexandre" atteignent une intensité dramatique peu commune tandis que les chansons "Amis buvons" et "On est partis une gang" donnent dans une autre forme de démesure. Bien qu'il puisse aisément tenir un auditoire suspendu à ses lèvres par ses performances en solo, Michel Faubert se produit alors fréquemment entouré de décibels, en compagnie du groupe Locomotive. Parallèlement, il participe à la création du quintuor vocal Les Charbonniers de l'Enfer qui privilégie le chant a capella et il crée le conte musical La fille aux mains coupées en compagnie du violoncelliste Claude Lamothe et du guitariste André Duchesne.
Un nouvel album est lancé en 1995 sous le thème de la dualité "Carême et Mardi gras". Outre les chants hérités de la tradition, Michel Faubert y insère quelques compositions de son cru comme "Le banquet des soixante" et "Sabbatique". Tout en présentant son spectacle de chants et complaintes, il initie une tournée parallèle avec le conte Le passeur qui le mène à la grandeur du Québec, au Canada, en France et lui vaut la médaille d'or dans la catégorie des conteurs, aux Jeux de la Francophonie tenus à Madagascar en 1997. "Le passeur" fait l'objet d'un nouvel album à l'automne 1997, quelques mois seulement après la parution d'un troisième DC de chansons, réunies autour du thème éternel de la forêt. "L'écho des bois" fait plus de place à la guitare et ses acolytes Claude Fradette et Dominique Lanoie laissent parfois échapper quelques accents country (comme dans "Les trappeurs courtois") ou rétro futuriste à la façon de "La nouvelle Amérique", tout en conservant les étranges ambiances qui donnent cette dimension si spéciale à son oeuvre.
Un programme double qui réunit le conte et les nouvelles chansons de sa cuvée 97 est présenté au printemps 1998 et lui vaut une nomination dans la catégorie du Spectacle de l'année au Gala de l'ADISQ, tandis que "L'écho des bois" remporte le Félix de l'Album folk de l'année. Suivra une nouvelle tournée, autour d'un nouveau conte L'âme qui sortait par la bouche du dormeur et du spectacle Jean-de-Bois, destiné davantage à un jeune public. Cela n'empêche pas notre homme de lancer, au printemps 2000, un cinquième album solo intitulé "La récompense" et constitué de complaintes chantées a capella, dont certaines ont été apprises lors de ses premières expéditions de collectage vingt ans plus tôt.
Les premières années du nouveau siècle sont largement occupées par les tournées du groupe Les Charbonniers de l'Enfer dont le parcours se fait plus intense et par un nouveau spectacle en solo Amours sorcières, en collaboration avec Jérôme Minière. Cette production permet à l'ancien fan de Kraftwerk qu'est Faubert de raviver son intérêt musical pour les sonorités électroniques. Mais ce n'est finalement au cours de l'année 2006 qu'il peut mener à bien le projet d'un nouvel album "La fin du monde" dont la réalisation est aussi signée Minière. En plus des thèmes atypiques et plutôt inquiétants qui sont chers au conteur-chanteur, tels "La forêt meurtrière", ou "Les anneaux de Marianson", celui-ci s'aventure dans les langues autochtones avec "Eukuan etenitakushian". C'est toutefois un exercice de podorythmie numérique, couplé à une recherche formelle portant sur "Le diable d'Amérique", qui devient la référence sonore de cette "Fin du monde". Une longue tournée se poursuivant en 2007 mène le spectacle, magistralement mis en scène autour de l'album, là où le public le réclame.
On peut visiter le site officiel de Michel Faubert.