Aussi connus sous | les Kanto, les Bel Canto Cinq |
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Membres de la formation | Dany Bolduc (Aurèle), Claude Falardeau, André Fortin, René Letarte, Moustique (Pierre Paquet) |
Carrière professionnelle | 1962-1971 |
Si la scène musicale des années soixante se partageait, au Québec, entre les mouvements yé-yé et chansonnier, il se trouvait de part et d'autre quelques exceptions qui faisaient le pont entre les deux univers. Les Bel Canto furent un des rares groupes à intégrer des textes de chansonniers tels que les Vigneault, Ferland et Létourneau aux sonorités d'un orchestre de danse (et plus tard d'un groupe pop).
Formés à Québec, au temps du twist et des mélodies instrumentales, ils ne tardent pas à se faire valoir avec des chansons de leur propre cru tout en reprenant certains titres des Ventures ou de Gilbert Bécaud, des Everly Brothers ou de Charles Aznavour.
La rencontre de Jean Beaulne, membre des Baronets, au moment où commence à déferler la vague yé-yé, amène le groupe à se présenter sur la scène de cabarets réputés où ils côtoient des vedettes déjà établies. Quelques semaines plus tard, les Bel Canto gravent deux de leurs créations sur un premier 45 tours et font leur entrée dans la métropole sur la scène du célèbre Casa Loma. Arborant maintenant une nouvelle allure scénique: costumes de velours rouge, jabots de dentelle et longues chevelures ondulées, on ne tarde pas à leur attribuer le surnom de Seigneurs nouvelle vague qui va de pair avec leur répertoire recherché.
Début 1965, ils connaissent le succès avec la chanson "Découragé" et une reprise de "Feuilles de gui" de Jean-Pierre Ferland. En quelques semaines seulement, le temps de se présenter à Jeunesse d'aujourd'hui et de voir leur nouveau disque grimper aux divers palmarès, les Bel Canto deviennent une attraction des plus courues. À l'exemple de nombreux orchestres de jeunes musiciens, ils subissent l'influence du raz-de-marée Beatles et d'autres groupes comme le Dave Clark Five: ils se présentent d'ailleurs pendant un certain temps sous le nom des Bel Canto Cinq. Cependant, s'il leur arrive de se référer directement au répertoire des Beatles comme en témoigne "J'en suis fou" version française de "Love Me Do", l'influence du groupe de Liverpool est pour eux beaucoup plus profonde. Le style, l'inspiration, et jusqu'à la façon de composer du quatuor anglais se doublent, chez les Bel Canto, d'une démarche de création fortement originale. Démarche qu'ils appliquent à de nouvelles pièces de leur cru: "Ne t'occupe pas", "Un doux secret", autant qu'à un musical de Broadway comme "Ce soir" ("Tonight" du spectacle West Side Story), à un succès de Charles Aznavour comme "Et pourtant" ou bien à un standard des pistes de danse comme "Pas cette chanson" à la façon de Johnny Hallyday.
Pris dans le tourbillon du succès, les cinq québécois effectuent une nouvelle mutation au moment où ils présentent, en novembre 1965, leur tour de chant à la Comédie Canadienne. Se démarquant des autres formations yé-yé, ils abandonnent leurs costumes de chevaliers romantiques pour un habit plus sobre et choisissent de s'adresser à un public plus attentif. Leur récital est partagé en quatre parties: les succès du palmarès et de comédies musicales, les compositions des membres du groupe, des chansons des Beatles, d'autres oeuvres de grands chansonniers québécois et français. Un nouvel album, paru l'année suivante, reflète bien cet éclectisme: "Madeleine" de Jacques Brel, "Et pourtant" de Charles Aznavour y côtoient tout autant des titres de Gilles Vigneault "Jack Monoloy", de Pierre Létourneau "Tu pourras courir" et à nouveau de Jean-Pierre Ferland "Je te cherche" que les nouvelles compositions du groupe comme "Souris-moi" et "Quand je retournerai chez-toi".
S'ils se réfèrent encore parfois aux succès du hit parade de leur jeunesse comme ceux des Everly Brothers "Seul " (All Have To Do Is Dream) et "Je t'aime, hum, hum" (Devoted To You) ou de groupes plus contemporains comme les Zombies "Les filles d'Ève" (She's Not There) et les Beach Boys "Nous marcherons dans la neige" (In My Room), les Bel Canto se tournent exclusivement vers un répertoire de leur composition à partir du début de l'année 1967. Du même coup, ils délaissent la chanson dansante pour une approche plus complexe et exploratoire... à l'exemple de leurs célèbres vis-à-vis britanniques. "Quand reviendras-tu", "Va je ne veux rien savoir" et "Bonsoir à demain" effectuent brillamment la transition tandis qu'une pièce comme "Que c'est étrange" relève tout droit du rock baroque et du psychédélisme, des genres encore à leurs balbutiements. Leur prochain enregistrement "Y a tant de temps", sur l'étiquette Barclay, rejoint un type de chanson française que n'aurait sans doute pas renié un Brassens.
Si cette nouvelle direction désoriente une partie de leurs fans, les musiciens (devenus un quatuor après le départ du chanteur Claude Falardeau) ne tardent pas à se repositionner sur les palmarès avec une nouvelle série de pièces de leur cru qui ramènent un peu de candeur et de légèreté: "Coui Coui", "Olé le matador", "Mon petit doigt" et "Un nouveau chapeau" semblent en effet destinés à une nouvelle génération d'auditeurs, plus jeune de quelques années. Les fans de longue date se voient aussi offrir de nouvelles oeuvres plus élaborées comme "Achète un billet", "Une croix sur mon nom" et "Maria My Love" Ces nouvelles chansons connaissent un succès inégalé et valent au groupe le Méritas du meilleur groupe au Festival du disque en 1969.
Poursuivant sur cette lancée, les Bel Canto et leur gérant Jean Beaulne s'envolent pour l'Europe aux premiers jours de l'année 1970. Pendant près d'un mois, ils se rendent faire la promotion de leur 45 tours "Man man man" en Belgique, France et Allemagne après avoir passé quelques jours à Londres, le temps de procéder à de nouveaux enregistrements au studio EMI sur Abbey Road. Au retour, les chansons "Claudia" et "Dors" sont mises en marché sous le nom des Kanto, quelques semaines avant qu'ils ne s'éloignent à nouveau, pour le Japon cette fois, le temps d'aller se produire pendant une semaine au Pavillon canadien d'Expo 70 à Osaka.
Toujours en 1970, le groupe passe à la maison Trans-Canada et à son étiquette Élite, où sont produits les trois derniers 45 tours des Kanto: "Si Chopin", "Bon matin ma rose" et "Serais-tu un de mes amis?". Ces chansons reflètent à la fois le désarroi et la nouvelle philosophie d'une génération au coeur de la mouvance hippie, si différente de celle qui avait vu la naissance du groupe. Un album est bientôt lancé qui résume l'évolution des derniers mois. Le groupe y fait preuve d'une encore plus grande maturité (texte et orchestrations de "Lorsque nous serons vieux") et d'une ouverture sur le monde (utilisation de plusieurs langues: "Love Me Por Favor", et la reprise italienne de "Una croce sul mio nome"), laissant l'image d'un groupe accompli. Cet album devenu introuvable s'avère aussi leur chant du cygne, les membres du groupe suspendant leurs activités le printemps suivant.
En plus de leurs propres chansons, les Bel Canto ont aussi composé des succès pour Marthe Fleurant, Renée Claude, les Baronets et quelques autres. En 1969, plusieurs de leurs compositions ont fait l'objet d'un album instrumental et choral "Plein choeur sur les Bel Canto" par les Choeurs de Raymond Berthiaume. Plus de trente ans après sa création, la chanson "Découragé" était reprise par le Boum Ding Band à l'été 1996. Ce n'est qu'à l'aube de l'an 2000 que les membres du groupe accèdent au désir de leurs fans en proposant une compilation de leurs préférées, parmi la cinquantaine de chansons gravées au cours d'une carrière discographique d'un peu plus de six ans.
Le groupe était constitué de:
Le groupe a aussi compté dans ses rangs:
On peut visiter le site officiel des Bel Canto et de René d'Antoine.