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Membres de la formation | Martin Dupuis, Pierre Koch, François Legendre, Vincent Peake |
Carrière professionnelle | Depuis 1986 |
L'art de bien réussir sa sortie est un secret que peu de groupes peuvent se targuer de posséder, pour toutes sortes de raisons. Pour un Sultans ou un Offenbach qui ont terminé leurs carrières en apothéose, combien se sont simplement dissous sinon dilués dans le décor ambiant? Plus près de nous, Groovy Aardvark aura laissé une image fort conséquente en tirant sa révérence de façon très ordonnée: dernier album "Sévices rendus" sous forme anthologique qui regroupe leurs titres majeurs, quelques pièces retrouvées dans les archives et trois titres inédits, vaste tournée et dernier concert prévu un an à l'avance, en août 2005.
Si l'influence punk rock a tardé à se manifester au Québec, elle y a pris des couleurs drôlement intéressantes. Le quatuor originaire de Longueuil, sur la Rive-sud de Montréal, prend forme en 1986 et s'affuble du nom assez répulsif de Schizophrenic Muff Divers. Mais voulant se distinguer de l'approche nihiliste de plusieurs groupes du temps, ils choisissent bientôt le nom davantage inusité de Groovy Aardvark (le fourmilier relax, si on tient à en donner une contrepartie francophone), inspiré d'un personnage de dessins animés. Ainsi s'amorce une longue période de survie underground, marquée par la parution de cassettes autoproduites et la tenue de spectacles de plus en plus courus entre autres aux Foufounes électriques, le temple des nouvelles musiques depuis les années quatre-vingt, avant de faire équipe avec la maison de disque MPV qui ouvre la porte à plusieurs groupes oeuvrant sur la scène alternative, au milieu de la décennie suivante.
En 1994 paraît enfin un premier album sur disque compact, "Eater's Digest" qui résume les huit premières années d'existence de Groovy Aardvark. On y trouve une majorité de pièces en langue anglaise comme "Ants Have No Chance" ou la reprise de "For Your Love" (F.Y.L.) des Yardbirds mais aussi de futures références qui identifient toujours le groupe, après plus d'une décennie: "Y'a tu kelkun", "Localvicie"... Ignorés de plusieurs médias, ils deviennent rapidement les favoris lors des galas des MIMI's (Montreal Independent Musical Industry) et se taillent une réputation enviable lors des tournées estivales Polliwog.
Un peu plus d'un an après la sortie de leur premier DC, les quatre musiciens récidivent au printemps 1996 avec "Vacuum". La parution de ce nouvel album donne lieu à un surprenant vidéoclip qui accompagne la chanson "Le p'tit bonheur" de Félix Leclerc, reprise pour le moins inattendue. Il est cependant utile de rappeler que les musiciens de Groovy Aardvark incluent depuis longtemps des éléments puisés à différentes sources musicales, du folklore au punk en passant par le rock métal. Le classique remanié du Père de la chanson québécoise est d'ailleurs suivi d'un nouveau succès fort personnel du bassiste du groupe, Vincent Peake: "Dérangeant". Poursuivant sur cette lancée et fort d'un troisième extrait à connaître une certaine diffusion radiophonique, "Boisson d'avril" où l'on remarque la présence de deux membres de la Bottine Souriante, l'album franchit le cap des 20,000 copies vendues en un peu plus de trois ans, résultat appréciable pour bien des artistes beaucoup moins underground que nos fourmiliers.
"Oryctérope" (qui est le nom français de leur animal fétiche), lancé en juin 1998, accentue l'enracinement dans la culture locale francophone en présentant une quinzaine de pièces dans la langue de Charlebois, une influence qu'ils admettent sans détour. En même temps, les musiciens s'affirment de plus en plus sur le plan international, lorgnant du côté de l'Europe où ils avaient fait un premier séjour de deux mois en 1996, particulièrement en Allemagne de l'Est. Du côté canadien, ils font une pointe vers l'Acadie en juillet 1999 et se rendent participer au festival de l'Affaire Farouche, au Manitoba, au début de l'automne. Des échanges avec un groupe comme Big Sugar, leurs collègues de la tournée Belvédère Rock, augurent aussi des avenues de bon voisinage. Il est d'ailleurs dans les projets de Groovy Aardvark de graver leurs futurs albums en alternance, soit en français ou en anglais.
Les titres "Ingurgitus" et "Amphibiens" tirés du nouvel album, bien que diffusés à la télévision spécialisée sous forme de clips vidéo, sont boudés par les radios rock. La prestation du groupe lors de l'escale montréalaise de la tournée Polliwog 1999, au Parc Jeanne-Mance, est enregistrée et fait l'objet d'un album en public qui paraît à l'automne. "Exit Stage Dive" résume à lui seul les quatorze premières années d'existence de Groovy Aardvark. On y retrouve les refrains marquants de leurs trois premiers albums et quelques prestations connues jusqu'alors uniquement de leurs fans, soit les versions supersoniques de "Hava Naguila", "Dondaine la ridaine" et de l'euphorique "The Whole Gang" dont la version toute en clins d'oeil vient presque doubler en durée celle du premier album.
Cette année-là est donc pour le groupe une occasion de tourner la page tout en rendant justice à sa période d'apprentissage. Au moment même où le guitariste Marc-André Thibert délaisse le devant de la scène pour une nouvelle approche du métier (il se fait désormais sonorisateur) et passe le relais à Denis Lepage, ancien membre de B.A.R.F. et de Guano, peu de temps après la sortie de "Exit Stage Dive", le groupe prépare une rétrospective de son répertoire couvrant la période 1986-1991: "Fast Times At Longueuil High". Un spectacle charnière, regroupant les anciens membres du groupe et la nouvelle équipe des années 2000, est présenté à l'occasion du lancement de l'album en novembre 2000 puis donne lieu à une soirée historique lors du Festival d'été de Québec 2001 alors que les musiciens du groupe et ceux de Grimskunk offrent une rétrospective célébrant le rock québécois indépendant des années 80 en recréant Fatal Illness et le Groovy Aardvark des années de galère!
Le groupe poursuit sa route et s'avère l'une des attractions les plus prisées des FrancoFolies de Montréal, à l'été 2002. Quelques mois plus tard, il procède au lancement de "Masothérapie", leur 6e album, en novembre. C'est à cette époque que se produit le dernier changement important au sein de l'équipe: le guitariste François Legendre venant relayer à son tour Denis Lepage. Les spectacles se poursuivent et l'accueil est toujours plus motivant de la part des fans. Pourtant, même dans le meilleur des contextes, il est difficile de vivre du rock au Québec. Les gars sentent le besoin de se regarder aller et de faire un bilan de cette expérience qui dure depuis plus de 15 ans. La décision qui s'impose à eux en est une de vieux sages: plutôt que de laisser le temps et les circonstances venir à bout du groupe, autant décider de sa propre fin et le faire dans la dignité! On annonce donc que le groupe mettra un terme à son existence à l'été 2005, après une ultime tournée qui se veut un dernier contact plein d'énergie et de bonnes vibes tant pour les musiciens que pour leurs fans.
"Sévices rendus", lancé en avril 2005, regroupe en effet 19 chansons s'étalant sur les 19 ans de Groovy Aardvark, depuis leur démo de 1989 "Kitsh en Squatt" jusqu'à leurs nouvelles compositions "Le coeur est une bombe", "Ankylose" et "Balivernes" en passant par les pièces essentielles de leurs six premiers albums. Après avoir pris le temps de concocter ce dernier album qui résume leur parcours, les quatre musiciens reprennent la route pour une tournée que se veut tout sauf triste, incluant des passages à Woodstock en Beauce, au Festival d'été de Québec et à nouveau les FrancoFolies de Montréal, avant de se ranger eux-mêmes au Musée du rock alternatif (magnifique clin d'oeil de la pochette, concoctée par Simon Dupuis), question de s'y assurer une place avant terme!
Le groupe est constitué de:
Le groupe a aussi compté dans ses rangs: