Les
Sultans

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Parcours

Notes biographiques
Aussi connus sous --  
Membres de la formation Pierre Bélanger, Ghislain Dufault, Denis Forcier, Bruce Huard, Claude Reid
Carrière professionnelle 1964-1968   

S'il était de bon ton, au coeur des années soixante et même encore de nos jours, de partager la scène musicale entre les émules des Beatles et ceux des Rolling Stones, les Sultans demeurent un des rares ensembles à avoir réussi la synthèse de ces deux influences majeures. À ces références, il convient d'ajouter, bien sûr, d'autres groupes de la vague britannique tels les Zombies, Them, etc. ou encore les pionniers du mouvement folk-rock américain.

Ces cinq jeunes musiciens de Saint-Hyacinthe, qu'on surnomme alors le Liverpool québécois, s'initient à la scène au sein d'orchestres adolescents de la région dont les Dots, combo instrumental formé autour du guitariste Claude Reid. À mesure qu'ils délaissent les bancs de l'école, une sélection s'opère parmi ces aspirants au statut de vedettes de la scène locale. Fin 1963, l'arrivée du chanteur Bruce Huard marque la fin de cette période de gestation. Quelques mois plus tard, sous l'impulsion du raz-de-marée provoqué par la beatlemanie, les Dots se rebaptisent du nom de Sultans et enregistrent leurs premiers 45 tours sur étiquette Fontaine. Une reprise des Beatles "Toujours devant moi" (I Saw Her Standing There) puis un succès des Chats Sauvages "Oh Lady" sont accompagnés de titres en langue espagnole: "Cielito Lindo" et "La Bamba".

À l'automne 1964, les Sultans sont choisis pour succéder aux Hou-Lops, autre groupe maskoutain, à la barre de l'émission Bonsoir Copains sur les ondes de CHLT-TV. Sous la direction de Jean-Guy Labelle puis de Gerry Plamondon, le groupe se fraie un chemin parmi les jeunes professionnels du temps et se rend dans la métropole où ses prochains disques paraissent sur les étiquettes Jeunesse et Laniel, produits par Denis Pantis. Ce dernier signe aussi, avec le parolier Gilles Brown, les chansons "Vivre sa vie" et "On est trop jeune" qui ne tardent pas à imposer le groupe comme porte-parole de la jeune génération. C'est cependant la douce ballade "Va-t-en", une composition du groupe, qui inculque aux Sultans le son qui fera leur fortune auprès d'un plus large public: guitares acoustiques, harmonies discrètes, solos élaborés, un brin d'harmonica à l'occasion, et surtout la voix efficace d'un chanteur au charisme indéniable. Sur cette lancée, ils consacrent leur prochain 45 tours à un nouveau groupe moins connu mais tout aussi intéressant de la scène britannique: les Zombies. "Je t'aime bien" et "Dis-lui", respectivement adaptées de "You Make Me Feel Good" et "Leave Me Be", viennent confirmer ces débuts de bruce-o-manie!

Avec ses six 45 tours et une popularité croissante, on commence à anticiper la sortie d'un premier album pour ce groupe en pleine ascension. Les Sultans passent à la maison Télédisc, toujours produits par Denis Pantis et présentent une chanson qui allait devenir une pièce-culte pour des générations de fans de yé-yé/garage au Québec. "Tu es impossible" version d'"I Can Only Give You Everything" du groupe Them, est de la trempe des plus grands morceaux de la décennie. Pour des raisons de timing que l'on devine aisément, ce succès prometteur est bientôt relégué à l'arrière-plan par l'incontournable succès de "La poupée qui fait non" que vient de créer Michel Polnareff et qui devient la chanson emblématique des Sultans, pour le meilleur et pour le pire. Locomotive de ce premier microsillon tant attendu "La poupée qui fait non" fait nécessairement de l'ombre à ce qui aurait pu devenir une mine de succès potentiels: "C'est promis", "Pardonne-moi", "Tout le monde me dit qu'elle est belle" et l'exquise "Angélique" créée en France par Michel Orso sont toutes, à leur façon, du grand Sultans.

Suite à cette série de succès, tant sur disques qu'à chacune de leurs apparitions publiques, on peut considérer l'année 1966 comme l'année des Sultans. Leur album bat des records de popularité pour ce qui est de la vente de 33 tours, ils sont couronnés le meilleur groupe de l'année au Festival du disque et leur maturité créatrice est confirmée par leur nouvel enregistrement "L'amour s'en va", une composition de Bruce Huard et Denis Forcier, qui paraît pour la rentrée. Cependant, la nostalgie qui y est exprimée, tout comme sur leur prochain succès "Pour qui pourquoi", laisse entrevoir une certaine désillusion qui coïncide également avec l'entrée dans le monde adulte. « Les choses changent, les temps m'ont fait vieillir; l'adolescence pour moi vient de finir... » chantent-ils avant de reprendre le titre en contre-chant.

En 1967, le répertoire des Sultans se diversifie. Leur titre majeur de l'année "À toi que je pense" a des couleurs de petit village à la frontière mexicaine et quatre des chansons de leur nouveau microsillon "Express" sont en langue anglaise, incluant trois nouvelles compositions Huard-Forcier. "To Say You're Sorry", "Bring Her Back" et "Looking Through You" auraient peu côtoyer sans complexe les succès internationaux du temps. Vers la fin de l'année, le groupe participe à une compilation de chansons de Noël fort prisée intitulée "Noël en groupe" où il interprète "Le bonhomme hiver". Mais déjà la nouvelle s'est répandue. Les Sultans terminent une dernière tournée et se sépareront à l'issue d'un Starovan qui sera leur spectacle d'adieu. Les 26, 27 et 28 janvier 1968, les villes de Sherbrooke, Montréal et Joliette accueillent tour à tour ce spectacle où l'on retrouve les Bel Canto, Renée Martel, Stéphane, Dany Aubé, les Chantels, Christian et Getro, Hervé Villard et bien sûr, en très grande vedette, les Sultans. Le spectacle du Centre Paul-Sauvé est enregistré par la maison D.S.P. et donne lieu à un dernier album "En personne - Les Sultans à Starovan - Leur spectacle d'adieu" qui paraît peu de temps après. Avant de faire leurs adieux, le groupe a eu le temps de préparer son ultime 45 tours, le si bien nommé "En fermant la porte".

Suite à la séparation du groupe, on retrouve ses membres dans différentes sphères, souvent reliées au monde musical. Claude Reid approfondit la discipline de la guitare acoustique en prenant des leçons auprès du maître Alexandre Lagoya puis termine son bac en enseignement de la musique. Il explore aussi la facture de son instrument de prédilection en tenant pendant plusieurs années un atelier de réparation de guitares. Denis Forcier s'est joint à d'anciens amis des Aristos au sein du groupe Le Coeur d'une génération, avant de faire une brève carrière en solo et de se diriger vers les studios comme choriste et comme compositeur de refrains publicitaires. Quant au chanteur, Bruce Huard, il allait connaître une fructueuse carrière dans la chanson pop au début des années soixante-dix, avant de se tourner vers des occupations plus concrètes comme la construction, le transport, les douanes et le lettrage publicitaire.

Quelques retrouvailles amicales n'ont pas débouché sur une reformation effective du groupe mais plusieurs de ses membres participent, début 2001, à une Musicographie consacrée aux Sultans, sur la chaîne spécialisée Musimax. Au cours des années, quelques enregistrements inédits font surface et ravissent les fans du groupe que l'on retrouve à ce jour parmi trois générations de mélomanes. Ces pièces inconnues des fans au moment de leur carrière: "Telle est la vie que j'aime" parue quelques mois seulement après la dissolution du groupe, "Ça ne peut plus durer comme ça" au début de la décennie quatre-vingt-dix et "Say It" dont l'existence ne sera connue qu'en 2001, se trouvent finalement incluses sur ce qui s'avère l'ultime édition du répertoire des Sultans qui voit le jour cette année-là.

À sa dissolution, le groupe était constitué de:

  • Ghislain Dufault: basse
  • Pierre Bélanger: batterie (depuis de 1966)
  • Denis Forcier: guitare (depuis de 1964)
  • Bruce Huard: voix
  • Claude Reid: guitare, harmonica

Le groupe a aussi compté dans ses rangs:

  • Michel Dufault: batterie (1962-1966)
  • Marcel Richard: guitare (les Dots 1962-1963)
  • André Dion: guitare (les Dots 1963)
  • Gilles Henry: guitare (les Dots: 1963-1964)
  • Roger Beaudet: guitare (1965)