Nom véritable | Jean-Paul Filion |
---|---|
Aussi connu sous | -- |
Naissance | 1927-2010 |
Carrière professionnelle | 1957-2010 |
L'année 2010 s'achevait sur une note triste pour les adeptes de la chanson québécoise. Jean-Paul Filion, l'un des pionniers du renouvellement de cette forme d'expression, nous quittait définitivement. Il aura été l'une des voix qui ont ouvert de nouveaux sentiers, à la suite de Félix et juste avant que naisse le mouvement des Bozos.
Révélé en 1957 par sa chanson "La parenté", devenue un standard du répertoire national notamment pour sa description fine et enjouée des rituels entourant les rassemblements familiaux d'antan « tout comme au Jour de l'an », Jean-Paul grave quelques 78 tours et un premier album sur l'étiquette française Pathé. Presque au même moment, le populaire folkloriste Jacques Labrecque enregistre "La parenté" et "Monsieur Guindon", deux pièces de Filion. Un interprète français fort populaire, qui connaît aussi une carrière internationale au cinéma, Georges Guétary, enregistre également deux de ses oeuvres: "Tu m'as souvent dit" et "La fille de Maniwaki".
Un peu comme Gilles Vigneault qui apportait avec lui son coin de pays, Jean-Paul Filion donnait le ton d'une chanson qui se dégageait lentement des influences européennes à la fin des années 1950, pour mieux dire la vie d'ici. Les deux furent d'ailleurs révélés de semblable façon, leurs premiers titres étant interprétés par Labrecque, à deux ans d'intervalle. Ces deux 78 tours (les titres de Vigneault étant "Jos Hébert" et "Jos Monferrand") eurent maille à partir avec certains bien-pensants, chaque fois pour une question de vocabulaire! "Monsieur Guindon" utilisait des expressions disons sacristaines, tandis que "Jos Monferrand" avait commis l'erreur de nommer la partie du corps sur laquelle il reposait sa carcasse « ...sur l'bord du Cap-Diamant ». Que de chemin parcouru jusqu'aux propos actuels de nos rappeurs tagués «Avertissement parental!»
On est à l'époque du fameux Concours de la chanson canadienne et l'auteur-compositeur propose un texte "La folle" à la seconde édition de l'événement. La chanson, interprétée par Lise Roy, remporte le premier prix lors du gala final de 1958. Elle sera également enregistrée par Pauline Julien qui rentrait d'un long séjour parisien et dont ce sera le premier d'une signifiante série d'interprétations de nos chansonniers.
S'ensuit un premier album "Jean-Paul Filion et sa guitare" mais l'expérience est sans lendemain. L'artiste arrive trop tôt: les boîtes à chansons sont encore à inventer! Après un bref séjour en France, il diversifie sa pratique, travaille aux décors et à la réalisation télévisuelle. Il en profite pour écrire quelques télé-théâtres tout en publiant poésie et romans. Son recueil Un homme en laisse reçoit le Prix de la province de Québec en 1963.
En 1966, à l'invitation de Christian Larsen qui est directeur artistique chez Gamma, maison alors spécialisée dans la production chansonnière, il grave son second album, éponyme, où ses nouvelles chansons comme "Tu m'as mis au monde" ou "Ti-Jean Québec" voisinent un touchant monologue intitulé "La Grondeuse" où il s'accompagne au violon. Il y rend hommage à son père et à travers lui à tous les ancêtres, pionniers d'un monde à refaire sans cesse, tout en jouant lui-même de l'instrument paternel. Ce sera sa dernière présence sur disque, nonobstant la compilation "Jean-Paul Filion" que proposait la maison XXI en 2007.
À partir de 1975, il livrait sous forme de romans plusieurs étapes de sa vie, augmentées de réflexions sur son parcours tout comme sur notre parcours collectif, sous les titres Saint-André-Avellin...le premier côté du monde, Les murs de Montréal et Cap Tourmente. Ces livres sont parus aux éditions Leméac, tout comme ce qui demeurera son testament littéraire Sur mon chemin, j'ai rencontré... , paru en 2008.
Ces dernières années, l'artiste avait ressorti son violon et s'était remis à la composition. Il a collaboré au spectacle multimédia de Liette Remon Les passeurs d'air, une intéressante manifestation intergénérationnelle où étaient intégrés quelques tableaux du musicien et, en trame sonore, une relecture de son monologue "La Grondeuse" par René Lussier. Quelques semaines avant son décès, se terminait un autre projet auquel il a participé activement, soit la préparation du documentaire de Lina Remon Jean-Paul Filion, l'arbre libre, qui résume sa vie et sa carrière, à paraître au printemps 2011.