Nom véritable | Lawrence Lepage |
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Aussi connu sous | -- |
Naissance | 1931-2012 |
Carrière professionnelle | 1959-2012 |
L'impact d'un artiste en chanson ne se mesure pas au volume de son répertoire, mais bien à la marque laissée par certaines de ses oeuvres. Plus encore, lorsque quelques-unes atteignent un statut se rapprochant du folklore à l'oreille de plusieurs de ses contemporains.
Né à Nazareth près de Rimouski en 1931, Lawrence apprit ses premiers accords en écoutant ses oncles, Edmond et Ernest Brisson ou d'autres musiciens de réputation régionale comme Ti-Paul Bossé et Adèle Lozier.
Avec ses frères Cyrille, Raymond et Léo, le groupe familial était bientôt invité à la radio CJBR de Rimouski où ils se produisent sous le nom des Satellites. Parfois Lawrence risque une ou deux de ses compositions entre deux airs à la mode.
Un soir, Jacques Labrecque qui vient de présenter Jean-Paul Filion au grand public, remarque Lawrence et l'invite à Montréal tout en se montrant intéressé à certaines de ses chansons. Le folkloriste grave bientôt plusieurs titres du Nazaréen, tels "Le printemps est arrivé", "Couleurs d'automne" et "Kino le trappeur" sur l'album "L'inimitable Jacques Labrecque".
Celui-ci lui présente le guitariste Tony Romandini, auprès de qui Lepage perfectionnera l'art de l'accompagnement. Labrecque lui-même, Tex Lecor, Suzanne Valéry, Guy Godin, Louise Forestier, Alexandre Zelkine et Georges Dor auront notamment recours à ses talents de guitariste, tant au cabaret que dans les boîtes à chansons. On le retrouve aussi dans les coulisses de la télévision La Boîte à surprises, Les Couche-Tard et Du côté de Québec.
La rencontre d'un ancien gardien de phare de l'Île Bonaventure, naufragé en ville pas loin de la Taverne Cherrier, en pleine métropole, l'amène à composer "Mon vieux François" chanson que reprendront des dizaines d'artistes des années 1960 et 1970 (dont Alexandre Zelkine et les Karrik). Ce titre est inclus en 1964 à l'album "Lawrence Lepage", aux côtés de "Jos Nazaire", "Baillard", "Le braconnier" et d'amusantes anecdotes mises en musique.
Michel Garneau, Jean Barbeau, l'amènent à composer pour le théâtre. Il écrit et joue aussi des musiques de scène pour Jean-Claude Germain et Victor-Lévy Beaulieu, en plus de s'investir dans le bateau-théâtre L'Escale et le Théâtre du même nom, avec qui il participe aux "Poèmes et chants de la Résistance - 2", en janvier 1971, dans "L'pays dans l'pays" de Jean-Claude Germain.
Du Cochon Borgne aux temples de l'underground qu'étaient Chez Dieu et L'Imprévu, son répertoire rejoint la génération hippie par ses thèmes campagnards. Pour l'auteur, il ne s'agit pas tant d'un idéal utopique que d'un repli résultant des déceptions de la vie urbaine. Tout en offrant certaines chansons à Louise Forestier "Aime mon coeur" et Pauline Julien "Mon folklore à moé", lui-même s'éloigne du milieu professionnel et renoue plutôt avec une certaine bohème. « J'ai accroché mon bucksaw, cassé mon manche de hache » clame-t-il avec le narrateur de "Jean du Lac" qu'on retrouve, tout comme "Monsieur Marcoux", sur son second disque "Enfin Lawrence Lepage" qui paraît en 1976.
Préfacé par Gilles Vigneault, le disque de ce « menteur de village engagé pour l'hiver » bénéficie d'une production plus élaborée. Des chansons comme "Dans l'anse" ou "Sol indien" atteignent au sublime. Le poète et musicien retourne bientôt au pays de ses origines où il vit à nouveau près de la nature, des animaux et du grand air. L'auteur gaspésien Sylvain Rivière a publié le récit semi-biographique Chapeau dur et coeur de pomme chez Triptyque, en 2000.
Celui qui se trouvait en ermitance, selon l'expression d'Yves Lambert, n'en continuait pas moins de coucher son inspiration sur papier et la maison La prûche libre le convainct d'enregistrer de nouvelles pièces agrémentées de quelques reprises pour "Le temps", qui paraît en octobre 2012. Celui-ci donne lieu à une mini-tournée de lancement qui ne devait malheureusement pas connaître de suite, Lawrence s'étant éteint doucement deux mois plus tard, dans la nuit de Noël. L'artiste qui déclarait avec un sourire dans le regard, lors de ses dernières rencontres avec le public: « Autant faire un CD avant de DCD! » ignorait sans doute qu'il se faisait ainsi son propre augure!
On peut visiter le site officiel de Lawrence Lepage.