Nom véritable | Philippe Bruneau |
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Aussi connu sous | -- |
Naissance | 1934-2011 |
Carrière professionnelle | 1955-2011 |
Instrumentiste et compositeur remarquable, l'accordéoniste Philippe Bruneau fut tout au long de son existence un ardent défenseur d'un répertoire et d'un style québécois authentiques. Sa démarche singulière, en marge de toutes les modes et de l'univers médiatique, continue d'inspirer tout un noyau de praticiens de l'instrument et plusieurs historiens de la musique. Ce rôle de leader d'une démarche artistique lui est échu pratiquement malgré lui, son acuité lui ayant fait prendre conscience de l'état de laisser-aller auquel la musique traditionnelle instrumentale canadienne-française était confinée, alors que d'autres cultures étaient beaucoup plus systématiquement documentées et étudiées. S'étant expatrié en 1991, il a passé les deux dernières décennies de sa vie en France d'où il a continué d'oeuvrer à sa passion.
C'est au début des années cinquante, à l'âge de dix-sept ans, que Philippe se procurait son premier accordéon à deux rangées suivi, deux ans plus tard, d'un instrument diatonique à trois rangées de boutons. Ses maîtres de musique étaient alors son père, grand admirateur de l'accordéoniste montréalais Alfred Montmarquette, ainsi que Gérard Lajoie qui se produisait surtout dans la région de Québec.
Engagé à la salle de danse du Trinidad Ballroom en 1955, il y côtoie plusieurs musiciens de la tradition de la musique canadienne dont le violoneux Lionel Simard. En 1960, il est de l'équipe de l'émission radiophonique de La famille Soucy, sur les ondes de CKVL. C'est aussi à cette époque qu'il fait la connaissance de l'as du violon Jean Carignan qu'il accompagnera soit à l'accordéon, soit au piano, sur deux de ses microsillons chez London. De plus, les deux musiciens sont fréquemment invités à des soirées folkloriques et à diverses émissions de radio ou de télévision tout en occupant chacun des emplois de jour, respectivement comme chauffeur de taxi et comme adjoint arpenteur. C'est sur les conseils de Jean Carignan que Philippe Bruneau adopte l'accordéon à une seule rangée, diatonique, et en fait son principal instrument.
En 1962, il rejoint la troupe de danse folklorique des Feux-Follets avec qui il devient un ambassadeur de la musique du Québec sur les scènes du Canada et des États-Unis. De 1967 à 1975, il est directeur musical de la troupe des Danseurs du Saint-Laurent. C'est pendant cette période de redécouverte des musiques traditionnelles qu'il grave pour l'étiquette américaine Philo deux albums illustrant le répertoire traditionnel de son instrument de prédilection.
À partir de 1978, avec la complicité de la pianiste et activiste musicale Dorothée Hogan, il entreprend de revitaliser le répertoire pour accordéon avec des arrangements de leur cru. Les deux artistes se produisent pour la première fois à la soirée inaugurale de l'exposition itinérante organisée par le Musée des Beaux-Arts de Montréal, en novembre 1980, sur le thème: Illustration de la chanson folklorique au Québec, des origines à la Bonne Chanson. Ce concert donnera lieu, une vingtaine d'années plus tard, à un album intitulé "Hommages - volume 1" produit par la SPDTQ, société vouée à la promotion de la danse traditionnelle québécoise, à partir d'un document d'archives capté par le folkloriste et compositeur Jean-Claude Bélanger.
Ce spectacle sera répété par la suite à maintes reprises, tant au Québec qu'en France. Durant le reste de la décennie quatre-vingt, Philippe Bruneau se lance à la quête du répertoire typiquement québécois, contribuant à la reconnaissance de la contribution d'artistes des décennies antérieures comme Alfred Montmarquette, Isidore Soucy, René Alain et plusieurs autres. En 1989, il organise un Symposium de folklore à Lévis-Lauzon, au cours duquel il invite la crème des musiciens traditionnels de trois générations à célébrer le répertoire de la tradition instrumentale québécoise, rendant un hommage particulier aux Montagnards Laurentiens, vedettes radiophoniques des années quarante.
Il compose également de nombreuses pièces musicales en forme d'hommages à certains musiciens parmi ses prédécesseurs ou ses contemporains, en même temps qu'il enseigne la technique et l'esprit de son instrument à une nouvelle génération de musiciens. Son "Hommage aux musiciens traditionnels" est particulièrement vénéré dans le milieu folk québécois, de même que ses variations sur la mélodie traditionnelle de "Un Canadien errant". Ironie suprême ou prophétie? L'accordéoniste devait lui-même prendre la route de l'exil en 1991, alors qu'il partait s'installer en France où il va demeurer jusqu'à son décès, d'un cancer de la vessie, en août 2011. Philippe Bruneau est un des rares artistes qui ait refusé un prix du Québec, le Prix Gérard-Morissette, que lui décernait le gouvernement du Québec en 2001.