6 octobre 2000 (QIM) – À presque quarante ans, Jean Leloup est un cas dans le paysage musical québécois. Il le sait et il en profite. Depuis déjà une quinzaine d'années son fan-club engraisse et ses élucubrations... sont de plus en plus élucubrées. J'en veux pour preuve cette apparition sur les planches du célèbre Capitole de la Ville de Québec, un certain soir de première. C'était le 5 octobre 2000 au même moment où Vojislav Kostunica éclipsait Slobodan Milosevic à Belgrade.
Hé, ho, est-ce une « pratique » ou un » spectacle payant »? On a beau connaître et apprécier ledit Sieur Leloup, on est quelque peu désarçonné par une prestation tout à fait débridée et même la vedette de la soirée ne semble pas exactement savoir ce qui va se passer. Évidemment, cela n'est qu'une apparence. Des fois, tout de même, il donne presque l'impression de ne pas avoir le goût d'être là!
Constitué en trio, accompagné d'un bassiste (Alex Cochard) et d'un batteur (Stephen Gaudreault), le band permet au chanteur guitariste d'occuper toute la place qu'il veut ou qu'il ne veut pas. On a annoné un Leloup acoustique, pourtant les décibels sont très présents lorsque le leader change de « guit » et se ballade un peu partout sur scène s'arrêtant de temps à autre derrière le xylophone ou ce grand écran circulaire orange d'où les ombres chinoises rejoignent les supporters relativement jeunes qui semblent se délecter des frasques leloupééennes.
Sur fond de blues et de funky des chansons connues ("L'amour est sans pitié", "Les fourmis" et même "Alger" ) qu'on met parfois un peu de temps à reconnaître après les longues mesures introductives, un show de Leloup c'est aussi un happening où les anecdotes et délires verbaux de l'auteur-compositeur-interprète se succèdent. Cette fois-ci, le récit de l'opéra-rock à la Plamondon et l'histoire de la bonne femme de l'appartement d'à côté ont fait lever la salle sans ambages. Toutefois, est-il bien nécessaire d'utiliser avec force amplification les jurons du vocabulaire ecclésiastique pour faire plus vrai? Bien que plusieurs artistes québécois en fassent usage sans scrupules, nous croyions l'auteur de "Cookie" au-dessus de ce truc bas de gamme et par trop racoleur... En lieu et place, j'aurais aimé, par exemple, qu'il profite de son ascendant sur ses ouailles pour sortir de bons gags sur l'histoire, la géo ou la politique. Mais j'ai peut-être manqué le meilleur, je suis arrivé au milieu de la première partie!
On peut certainement taxer Leloup de phénomène qui mérite l'attention qu'il reçoit. Il est très clairement anti-star mais il lui arrive de jouer le jeu sérieusement. Ne vous attendez pas à en tirer quoi que ce soit en entrevue, la substance de Leloup se trouve en spectacle et la magie se prolonge sur les enregistrements. Profitez des DC, mais essayez de le voir vivant!
Au Théâtre Capitole de Québec, 5, 6 et 7 octobre 2000.