Actualités

Rodolphe Mathieu: pionnier malgré lui

10 octobre 2005 (QIM) – La musicologue et professeure de musique Marie-Thérèse Lefebvre, vice-doyenne aux études supérieures de la faculté de musique de l'Université de Montréal de 1993 à 1998, publiait récemment dans la série Cahiers des Amériques aux Éditions du Septentrion, un ouvrage consacré à un compositeur québécois injustement reconnu de la première moitié du XXe siècle. N'étant identifié à aucune chapelle Rodolphe Mathieu, musicien autodidacte, libre-penseur et ouvertement athée dans le Québec clérical des années 1920 et suivantes, s'est fait chez-nous le promoteur de la reconnaissance du métier de compositeur.

Le jeune pianiste et organiste préférait l'écriture intuitive aux tendances plus conservatrices de l'époque. La jaquette du livre Rodolphe Mathieu - L'émergence du statut professionnel de compositeur au Québec - 1890-1962 précise: « Réagissant aux tendances nationalistes visant à faire du folklore l'unique source d'inspiration d'une musique typiquement canadienne, Rodolphe Mathieu considérait la composition comme l'expression personnelle d'une pensée artistique », pensée découlant d'une inspiration qu'il préférait puiser dans la nature ou l'ambiance locale, de préférence à l'héritage de toute tradition musicale. Avant même son premier voyage à Paris (parcours incontournable des artistes de l'époque, dont la tradition survit encore de nos jours, bien qu'à un degré moindre), les oeuvres du compositeur comportaient déjà une composante moderniste, telle ses "Trois préludes" sous-titrés "Sur un nom", "Vague à l'âme" et "J'écoute une muse qui me fuit", écrites entre 1912 et 1915.

Le livre de Marie-Thérèse Lefebvre est essentiel pour en savoir davantage sur le parcours de ce pionnier, le contexte social et artistique de l'époque, les débats que le compositeur suscite par ses collaborations à La Vie canadienne, La Lyre, La Canada et La Presse puis lors des Soirées-Mathieu au Canadian Institute of Music, enfin sa désillusion et son effacement de la scène musicale devant la montée de son jeune fils André, le petit Mozart canadien. Mais c'est là une toute autre histoire.