Collaboration spéciale Jean-Marc Gaudreau
30 novembre 2005 (QIM) – Dimanche, 20 novembre 2005. C’est dans le grand hall d’accueil du Musée national des beaux-arts du Québec, vénérable institution destinée avant tout au plaisir de l’oeil, qu’avait lieu un concert gala pour célébrer le 50e anniversaire des Concerts Couperin. L’origine de ces événements musicaux ne date pas d’hier, car c’est en 1956 que le juge Thomas Tremblay, le chef d’orchestre Sylvio Lacharité et le pianiste Victor Bouchard se voyaient confier le mandat « d’animer musicalement le Musée du Québec avec des concerts publics gratuits ».
Avec comme arrière plan enchanteur la sculpture monumentale « Deux arcs de 245,5º chacun » de Bernar Vernet et l’éclairage nature de la Rive-Sud de Québec, le pianiste André Laplante et le Quatuor Arthur-Leblanc ont offert aux 130 personnes présentes, un programme contrasté avec des oeuvres de André Prévost, Wolfgang Amadeus Mozart et Dimitri Chostakovitch. En mot de bienvenue, la directrice artistique des Concerts Couperin, Nathalie Tremblay et l’écrivain Guy Cloutier ont rendu un court hommage aux artisans qui ont fait de ces concerts un succès durable.
La prestation musicale a commencé par une oeuvre de André Prévost intitulée sobrement "Mouvement". Cette courte pièce pour quatuor à cordes contrastait de par sa fougue et ses variations de tempo avec la deuxième oeuvre au programme, le "Quatuor à cordes en Ré majeur", K. 575 de Mozart. C’est une oeuvre toute en douceur et en finesse qui nous a été offerte par le Quatuor Arthur-Leblanc, nommé ainsi en l’honneur du grand violoniste acadien Arthur Leblanc. Ce quatuor, autrefois de l’Université de Moncton est depuis peu établi en résidence à l’Université Laval. Il est composé des violonistes Hibiki Kobayashi et Brett Molzan, de l’altiste Jean-Luc Plourde et du violoncelliste Ryan Molzan.
On peut déplorer l’absence de notes dans le programme pour ces deux oeuvres, plus particulièrement pour celle beaucoup moins connue d’André Prévost. L’on aurait eu plaisir à réentendre la belle voix de M. Cloutier pour nous les introduire, ne serait-ce que succinctement.
Quoiqu’il en soit, ce quatuor de Mozart a su préparer agréablement l’auditoire à la découverte du "Concerto pour piano en La majeure", K. 414, dans sa version pour quatuor à cordes de la main même de Mozart. Pour les habitués des interprétations avec orchestre, cette version très épurée offrait de ravissants moments d’écoute; André Laplante a su développer une grande complicité avec les membres du Quatuor Arthur-Leblanc. C’est un public particulièrement silencieux et des plus attentifs qui a chaleureusement salué cette magnifique interprétation et la première partie du programme.
Après l’entracte, nous avions rendez-vous avec ce qui est considéré par plusieurs comme une des plus belles pièces de musique de chambre écrites au XXe siècle: le "Quintette pour piano et cordes en Sol mineur", op. 57 de Dimitri Chostakovitch. C’est une oeuvre en cinq mouvements, alternant la fougue et le dynamisme avec des moments de grande intériorité. Dès sa création en novembre 1940, ce quintette avait connu un succès immédiat, qui ne s’est jamais démenti depuis, valant même à son auteur le prix Staline en 1941. Les spectateurs ont eu droit à une très grande interprétation d’un André Laplante presque endiablé dans le Scherzo et le Quatuor à cordes Arthur-Leblanc, rendant avec subtilité la très simple mais très belle fugue de l’adagio à laquelle nous avons eu droit. L’auditoire pouvait difficilement rester indifférent à toute la charge émotionnelle de cette oeuvre et c’est une très belle ovation qu’il a offerte aux musiciens.
Cette soirée gala aura permis de voir le chemin parcouru depuis les premiers Concerts Couperin, qui à l’origine se destinaient plus à un répertoire d’oeuvres de la période baroque et classique. On peut souhaiter que le Musée national des beaux-arts du Québec sache perpétuer ces rencontres artistiques et nous permettre de célébrer un jour le centième anniversaire de ces rencontres musicales.
Le prochain Concert Couperin aura lieu le dimanche 19 février 2006 à 14 h et permettra à Suzie Napper et Margaret Little, du duo de viole de gambe Les Voix humaines, d’interpréter des oeuvres de François Couperin, Marin Marais et Jean-Philippe Rameau. Un rendez-vous très sélect.