Collaboration spéciale Jean-Marc Gaudreau
9 janvier 2006 (QIM) – Un quatuor à cordes, c'est la rencontre de deux violons, d'un alto et d'un violoncelle. C'est un échange et une communication entre quatre instrumentistes. C'est aussi de la musique à l'état pur. Un ravissement pour l'auditeur qui sait non seulement prendre le temps d'écouter la musique mais aussi et surtout d'entendre les musiciens.
À la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre, le lundi 12 décembre 2005, c'est à un de ces grands moments de ravissement que le Club musical de Québec a convié les amateurs de musique de chambre. Car le Quatuor Takacs était à Québec pour un soir seulement, c'est un événement exceptionnel. Au programme, trois oeuvres magnifiques de Franz Josef Haydn, Alexandre Borodine et Claude Debussy. D'entrée de jeu, je vous avouerai que je ne suis pas vraiment critique musical (un raté sympathique comme le chantait Robert Charlebois). Je ne saurais vous dire si, pour chacune des oeuvres interprétées, la partition a été scrupuleusement respectée, si l'intonation, le rythme, le jeu des musiciens ont été impeccables ou non. Je vous dirai simplement ceci: pour moi tout fut sublime. J'aurai vécu un de ses grands moments enchanteurs, où le temps suspend son vol. Un moment comme on aspire à en vivre, lorsque l'on a rendez-vous avec la Musique. Le Quatuor Takacs s'est révélé non seulement à la hauteur de sa réputation, je dirais même qu'il l'a dépassé.
Mais qui sont ces musiciens? En 1975, quatre étudiants de l'Académie Franz-Liszt de Budapest décidaient de former un quatuor à cordes. C'est au premier violon d'alors, Gabor Takacs-Nagy, que revient l'honneur d'avoir donner son nom au nouvel ensemble. Celui-ci n'a guère tardé à atteindre une renommée internationale. Des membres originaux, seul le violoncelliste demeure. Aujourd'hui, le quatuor est formé de Edward Dusinberre et Karoly Schranz aux violons, de Geraldine Walther (nouvellement arrivée) à l'alto et de Andras Fejér au violoncelle.
Le "Quatuor à cordes op. 76, no 3, Empereur", de Franz Josef Haydn constituait la première oeuvre au programme. Avec ses 68 quatuors à cordes, ce compositeur est considéré comme l'un des pères de ce genre musical, peut-être même celui qui lui donnera ses premières lettres de noblesse. Cet op. 76, no 3 doit son appellation au deuxième des quatre mouvements, une sorte de thème et variations sur l'hymne impérial autrichien "Dieu protège l'empereur François". Le Quatuor Takacs a enchaîné avec le "Quatuor à cordes no 2" d'Alexandre Borodine, oeuvre offerte à son épouse Ekaterina, pour la célébration de leurs 20 ans de mariage. Ce quatuor deviendra fameux, notamment grâce au "Notturno" qui en constitue le 3e mouvement.
Au retour de l'entracte, le Quatuor Takacs nous a interprété le "Quatuor à cordes en Sol mineur, op. 10" de Claude Debussy. Tout comme ses compatriotes, Maurice Ravel, Gabriel Fauré ou César Franck, Debussy n'écrivit qu'un seul quatuor à cordes. L'accueil à la première de cette oeuvre fut plutôt froid pour ne pas dire houleux. Ce qui était loin d'être le cas ce soir-là. L'interprétation qui nous en a été livrée était de nature à ravir même les mélomanes les plus exigeants.
Le prochain rendez-vous du Club musical est pour le mercredi 11 janvier 2006, alors que le pianiste Leif Ove Andsnes et l'Orchestre de chambre de Norvège viendront nous interpréter des oeuvres de Mozart et Beethoven. La promesse d'une autre belle rencontre.