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L'Orchestre symphonique de Québec célèbre l'arrivée de l'hiver

Collaboration spéciale de Jean-Marc Gaudreau

10 janvier 2006 (QIM) – Le Québec, comme le dit Vigneault, c'est l'hiver! Autant s'y faire et en profiter. Musicalement, plusieurs occasions de le faire se sont présentées au cours des dernières semaines. En ce retour de vacances, l'occasion est belle de se référer à la blanche cérémonie. C'est en un 21 décembre enneigé que l'Orchestre symphonique de Québec, son chef, Yoav Talmi et Marie-Nicole Lemieux, artiste invitée nous offraient leur concert célébrant l'arrivée de l'hiver. Au programme, sur le thème « La neige étend son manteau blanc », que de belles choses.

Et pour commencer, le "Concerto grosso no 8, op. 6 - Pour la nuit de Noël" de Arcangelo Corelli. Pour cette oeuvre, qui fait la part belle aux cordes, Yoav Talmi avait choisi des tempos privilégiant l'intériorité plutôt que la célérité. Marie-Nicole Lemieux s'est par la suite jointe à l'orchestre pour nous interpréter trois pièces du répertoire baroque: un extrait de "L'Oratorio de Noël" de Jean-Sébastien Bach et deux extraits du "Messie" de Georg Friedrich Handel. Je dois dire que l'aria "He Was Despised", de Handel ne m'est pas apparu comme un choix des plus appropriés pour cette soirée. Cette pièce, de par la gravité de son sujet, aurait mieux convenu à un concert du temps pascal.

Avec la "Danse de la fée Dragée" du ballet Casse-noisettes de Tchaïkovski, nous avons eu droit à une première. M. Talmi s'est adressé à son public pour nous avouer que depuis sa plus tendre enfance, il s'était promis de tenir un jour la partie célesta de l'orchestration. Il lui aura fallu attendre 50 ans avant de voir son rêve se réaliser. C'est donc en jouant du célesta que M. Talmi a dirigé l'orchestre. Son interprétation a été telle que je me suis pris à regretter que cette pièce ne soit pas plus longue. La danse "Trépak", extraite du même ballet, nous a été servie dans une interprétation pleine de fougue. Après un "Panis Angelicus" de César Franck, interprété sobrement par Mme Lemieux, M. Talmi nous avait réservé une autre belle surprise: la "Polonaise", extraite de "La nuit de Noël" de Nicolaï Rismky-Korsakov. C'est une pièce à l'orchestration chatoyante qui sied très bien à un effectif symphonique. Une très belle découverte pour moi.

Au retour de l'entracte, la "Paraphrase sur des airs de Noël" de François Morel nous a replongés dans une ambiance festive propice à la célébration. Pour cette pièce, tout comme pour le "Geensleeves" de Ralph Vaughan-Williams, l'orchestre nous a servi des interprétations de qualité. La contralto nous est ensuite revenue avec notamment "Ave Maria" de Franz Schubert et le "Gesu Bambino". Pour cette deuxième partie du concert, j'ai trouvé que la voix de Mme Lemieux était davantage en valeur. En première partie, il a fallu toute la science de M. Talmi, pour que Mme Lemieux ne se fasse pas enterrer par l'orchestre, à l'occasion.

Au grand plaisir de l'auditoire, Yoav Talmi nous a offert un "Sleigh Ride" particulièrement entraînant, qui est venu mettre de la gaieté dans un concert jusque-là plus solennel. Cet air entraînant aura précédé, ce qui, pour moi, demeurera les plus belles interprétations de Mme Lemieux pour cette soirée: "Trois anges sont venus ce soir", "Adeste fideles" et, en rappel, "Minuit chrétien". Ces dernières interprétations nous ont permis de savourer pleinement tout le talent de cette contralto. L'auditoire de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre (l'orchestre jouait ce soir-là devant une salle comble) ne s'est pas trompé en lui réservant une chaleureuse ovation.

Quant à moi, au risque de professer une hérésie, je retiens l'Orchestre symphonique de Québec comme vedette de la soirée. Le mérite en revient tout autant au magnifique travail de direction de Yoav Talmi qu'à l'excellence du jeu des musiciens. Et mon propos ne vise nullement à enlever le moindre mérite à Mme Lemieux. Tous ceux qui se sont déplacés ce soir-là, se seront offerts un très beau cadeau de Noël.

Le prochain concert abordera un registre plus grave et plus solennel. L'OSQ nous interprètera les 18 et 19 janvier 2006, la "Symphonie no 8 en Do mineur" de Anton Bruckner. Un incontournable à inscrire à son agenda artistique.