Collaboration spéciale de Jean-Marc Gaudreau
16 février 2006 (QIM) – Il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour se rendre au Grand Théâtre de Québec en dépit du mauvais temps qui sévissait sur la région de Québec, ce mercredi 18 janvier dernier. Mais le déplacement en valait largement la peine, car nous avions rendez-vous avec Yoav Talmi et l'Orchestre symphonique de Québec, pour entendre une oeuvre monumentale. Une seule oeuvre au programme, mais pas n'importe laquelle, la grandiose "Symphonie no 8 en Do mineur" (version de 1890) de Anton Bruckner. Pour les besoins de la partition, l'effectif de l'orchestre avait été augmenté d'une section supplémentaire de cuivres, afin de rendre pleinement toute la majesté de cette symphonie. Le chef d'orchestre, sûr de lui, a dirigé entièrement de mémoire. Travail remarquable, si on tient compte de la durée de cette pièce musicale, plus de 70 minutes.
Cette grandiose symphonie, toute empreinte de mysticisme ne se livre pas aisément à l'auditeur. Il faut plus qu'une écoute pour comprendre la démarche de Bruckner qui voulait illustrer la quête de l'homme à la recherche de son Dieu. Il faut bien prendre le temps de l'apprivoiser, être dans un état de réceptivité totale et surtout se laisser envoûter, notamment par la longue méditation que constitue l'Adagio. Et de l'envoûtement, il y en avait dans cette merveilleuse interprétation que nous a livrée ce grand orchestre (dans les deux sens du mot). Que cela soit dans la majesté de l'Allegro initial, l'énergique et obsédant Scherzo, la splendide médiation de l'Adagio sans oublier cette Finale époustouflante, l'orchestre aura su se montrer à la hauteur des attentes de l'auditoire. Particulièrement les cuivres qui, sans voler la vedette, ont fait un travail digne de mention.
En première partie du spectacle, Yoav Talmi a livré ses commentaires sur cette symphonie de Bruckner, prenant le temps d'illustrer ses propos à l'aide d'extraits musicaux interprétés par un orchestre complice. Cet agréable prélude au concert nous a permis de mieux apprivoiser l'oeuvre et d'en apprécier davantage l'écoute. C'est une généreuse initiative qui devrait, à mon avis, se répéter plus souvent. Ceux qui n'ont pas eu la chance de se rendre à ce concert pourront se reprendre à la radio, car la prestation a été enregistrée pour être diffusée ultérieurement à Radio-concert sur Espace musique.