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Vibrations d'Italie

Collaboration spéciale de Jean-Marc Gaudreau

2 mars 2006 (QIM) – L'Orchestre symphonique de Québec accueillait un visiteur de marque, le mercredi 15 février dernier. Le grand violoniste italien Salvatore Accardo est venu nous interpréter le "Concerto pour violon no 4 en Ré mineur", de Niccolo Paganini. C'est un compositeur que M. Accardo connaît bien puisque à l'âge de 13 ans il interprétait déjà les "24 Caprices pour violon seul", de ce grand virtuose du XIXe siècle.

Pour l'occasion, M. Accardo a assumé à la fois les fonctions de chef d'orchestre et de soliste. C'est avant tout le soliste qui était présent ce soir-là puisque M. Accardo a joué les passages au violon face à l'auditoire, tournant le dos à l'orchestre qui semblait laissé à lui-même. Grâce au professionnalisme et à l'excellence des musiciens, cette absence de direction n'a pas trop affecté la qualité de l'interprétation. Il faut dire que cette oeuvre de Paganini était surtout destinée à mettre en valeur ses talents de violoniste. Elle présente donc beaucoup d'exigences pour le soliste et peu pour les musiciens.

Ce concerto, de facture romantique, comprend trois mouvements. Le premier, beaucoup plus long que les deux autres, constitue une sorte de recueil de toutes les difficultés violonistiques. Salvatore Accardo, en tant que virtuose, a su éblouir son public par une interprétation remarquable. Devant les applaudissements nourris de l'assistance, M. Accardo, fait inusité, est venu interpréter une courte pièce pour violon solo avant l'entracte, en lieu et place du traditionnel rappel de fin de concert. Avec un choix très judicieux, il a choisi de nous interpréter le "Caprice pour violon seul no 3 en Mi mineur" de Paganini, composition qui privilégie l'intériorité à la virtuosité.

L'autre pièce de résistance de ce concert était la "Symphonie no 4 en La majeur, op. 90", dite Italienne de Félix Mendelssohn. Tout comme pour l'ouverture "Italienne à Alger" de Gioachino Rossini jouée en début de programme, M. Accardo a dirigé cette oeuvre sans baguette. Si le concerto de Paganini pouvait permettre à M. Accardo de laisser l'orchestre à lui-même, il en allait autrement pour cette fameuse symphonie. Ayant choisi de très peu marquer la battue et de diriger avec des gestes très amples et parfois d'une certaine mollesse, M. Accardo nous a livré une interprétation qui, quoique non dénuée d'intérêt, ne passera certes pas à l'histoire. C'est dommage pour les musiciens, car la soirée avait pourtant si bien commencé.

Salvatore Accardo a remporté à l'âge de 15 ans, le premier prix du concours de Gènes et deux ans plus tard le concours Paganini de Gènes. C'est en 1987, qu'il entreprend une carrière de chef d'orchestre. En 1982, le président de la République, Alessandro Pertini, le nommait Chevalier de la Grande Croix, la plus haute décoration de la République italienne. Ce grand interprète était déjà venu à Québec en 1964 ou avec l'OSQ sous la direction de Charles Houdret, il avait interprété le "Premier concerto pour violon" de Paganini.