Un commentaire de Richard Baillargeon
3 mai 2006 (QIM) – Celui qu'on peut désigner sans craindre de se tromper comme le plus jeune sexagénaire du showbizz avait rendez-vous avec le public québécois, fin avril. Belles retrouvailles mais aussi une occasion de constater où en est le sympathique Italo-Belge, après 45 ans de carrière et de succès. Pour ceux qui n'avaient pas eu l'occasion de l'entendre récemment, il y a en effet matière à re-découverte! Bien qu'il ait amplement l'occasion de puiser à ses refrains des décennies passées, Salvatore Adamo ne se contente pas de verser dans la nostalgie. Au contraire, c'est avec conviction qu'il propose une grande diversité de pièces musicales où les titres de son récent "Zanzibar" occupent une place prépondérante. Il attaque d'ailleurs la soirée avec la chanson "20 ans", issue de ce dernier opus et dont le leitmotiv affirme haut et fort « Pas de temps pour les regrets ».
Après un premier échantillon de ses oeuvres de jeunesse, du temps de ses 20 ans justement, où "Sans toi m'amie" rime avec "100 fois merci", il s'empresse de revenir à des titres plus récents tels "Ô monde!". Ce constat aigre-doux sur la situation actuelle de notre planète et de ses habitants sera notre premier contact de la soirée avec les propos plus réalistes de l'Adamo du XXIe siècle. Sur un rythme qui s'apparente au reggae, il s'attriste de l'état du monde justement, où l'on trouve «des nations qui se tapent dessus depuis toujours, des gosses qui à coup de pierres veulent chasser des blindés». Plus tard viendront "Mon voisin sur la lune" et "Mon douloureux Orient", ainsi que le toujours actuel "Inch'Allah", reflétant chacun à sa façon de tristes réalités qu'il entrecoupe heureusement de moments plus rassurants tels "Si tu étais", "Ne t'en va pas" ou l'inédite "La couleur du vent".
La mise en scène de la chanson "Zanzibar" nous fournit l'occasion de découvrir le côté mondain de l'auteur-compositeur qui, après avoir lui-même dégusté une ration du pétillant liquide, offre une flûte de champagne à l'une de ses fans. Fans qui ne cesseront tout au long de la soirée de lui rappeler leur empressement par divers cadeaux, oeillades et de bruyantes ovations. Ce charmeur saura d'ailleurs rallier les plus fidèles qui l'idolâtrent depuis plus de deux générations en entamant la seconde partie du spectacle par un chapelet de refrains sans âge, tels ce "Barbu sans barbe" et le triptyque "L'amour te ressemble", "Notre roman" et "Une larme aux nuages". Parmi les moments privilégiés de la soirée, notons l'interprétation bilingue de "La notte/La nuit" et la séquence, aux 3/4 de la soirée, où il interprète à la guitare "La Manic" qu'il dit être une de ses chansons préférées entre toutes, depuis un séjour au Québec au milieu des années 60. Il jouera encore "Ma tête" et "Un air en fa mineur" avant de délaisser son instrument. Une fan dans les rangées voisines faisait remarquer que l'artiste bouge davantage qu'en ses années de gloire, preuve s'il en est que la jeunesse a peu à voir avec l'âge. C'est un artiste heureux, un peu gamin malgré ce soupçon de gris aux tempes, qui après un ultime pot-pourri d'une autre époque et l'incontournable "C'est ma vie", reviendra nous faire "Mes mains sur tes hanches" et "Vous permettez, monsieur" avant de terminer par une autre de ses nouveautés du récent album, "J'te lâche plus" qu'il adapte en une finale complice "J'vous tiens, j'vous lâche plus!" Plusieurs semblaient totalement d'accord, bien sûr. Cré cousin, va!