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Les quatre saisons du ballet Preljocaj

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

29 novembre 2006 (QIM) – Le Ballet Preljocaj était de passage au Grand Théâtre de Québec, le 20 novembre dernier, pour nous présenter sa plus récente création sur la musique des "Quatre saisons" du compositeur vénitien Antonio Vivaldi. Le fondateur de la troupe, Angelin Preljocaj, a fait preuve d'une belle audace en chorégraphiant ce chef d'oeuvre populaire de la musique baroque. Car cette oeuvre, ayant fait l'objet de centaines d'enregistrements discographiques, est depuis longtemps inscrite, avec le "Boléro" de Ravel, la "Petite musique de nuit" de Mozart et bien d'autres, au triste palmarès des oeuvres classiques les plus surexposées et surexploitées.

Pour nous aider à mieux re-découvrir cette oeuvre, Le chorégraphe et directeur artistique de la troupe a opté pour l'interprétation discographique de Andrea Marcon dirigeant l'Orchestre Baroque de Venise. Cet enregistrement récent s'est revu remettre un Diapason d'or et un Choc de la musique, à sa sortie en 2006. En créant sur cette musique pleine d'entrain et d'énergie, une chorégraphie très ludique, Angelin Preljocaj et son complice Fabrice Hyber nous proposent une oeuvre profondément baroque. Car cette période de l'histoire de la musique classique se caractérise comme un art du mouvement et du dynamisme, privilégiant les contrastes et les effets, raffolant de mondes irréels. À l'image de l'interprétation du premier violon de l'orchestre, Giuliano Carmignola, c'est tantôt avec frénésie, tantôt avec sensualité que la jeune troupe nous interprète talentueusement cette oeuvre abracadabrantesque.

Pour mieux communiquer un sentiment d'irréalité, Angelin Preljocaj intercale des chorégraphies silencieuses entre les concertos qui constituent cette oeuvre musicale, au lieu de les enchaîner. Fabrice Hyber contribue lui aussi à créer un univers insolite, avec ce qu'il considère comme une chaosgraphie. Au-dessus d'une scène dépouillée tournoient des objets hétéroclites dont certains vont dégringoler sur la scène à des moments les plus inattendus. C'est d'ailleurs après une entrée silencieuse, que chute un arbre et que surgit, tonitruante, la musique du premier concerto. Comme le chantait Ricet Barrier, on se dit « Bon dieu, v'là l'printemps qui s'amène!».

Angelin Preljocaj nous offre ici une chorégraphie très moderne, remplie d'humour et baignant toute entière dans un esprit baroque. Il nous invite à écouter ces "Quatre saisons" comme si c'était la première fois, ce qui, selon moi, fait toute la grandeur de ce ballet. Ce spectacle s'inscrivait dans le cadre de la saison "Extrême_ment danse_06-07". La Compagnie Marie Chouinard viendra nous présenter, le 11 décembre prochain, "bODY_rEMIX/les_vARIATIONS_gOLDBERG". Une invitation à re-découvrir un autre chef d'oeuvre de la musique baroque dans une approche moderne.