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Marie Chouinard et les_vARIATIONS_gOLDBERG

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

21 décembre 2006 (QIM) – La Compagnie Marie Chouinard était de passage à Québec pour présenter une de ses plus récentes créations, bODY_rEMIX/les_vARIATIONS_gOLDBERG. Ce ballet, dont la création remonte au Festival international de danse contemporaine de la Biennale de Venise, édition 2005, nous propose une série de variations sur le déplacement du corps humain dans l'espace.

Pour mieux illustrer cette exploration de la locomotion humaine, les danseurs et danseuses de cette troupe, fondée en 1990, vont tour à tour marcher, courir, gambader, danser, voler, ramper, sautiller, se contorsionner, le plus souvent affublés de prothèses, béquilles, cannes, pointes, harnais, marchettes et autres objets inusités. C'est un pur ravissement de voir ce que Marie Chouinard parvient à exploiter avec tous ces objets, qui loin de constituer de simples accessoires scéniques, se métamorphosent en de véritables excroissances du corps humain.

Des "Variations Goldberg" de Jean-Sébastien Bach, composée en 1741, Louis Dufort en a re-mixé quelques passages. Ces variations rendent les originales méconnaissables mais parfaitement appropriées au propos de la chorégraphe. Et que dire de la voix de Glenn Gould, ce Canadien considéré comme un des plus grands interprètes de la musique pour clavier de Bach, dont le re-mixage rendait le propos presque incompréhensible!

Tout ici concourre à nous présenter une oeuvre dérangeante et déstabilisante, ludique et poétique. Dérangeante, particulièrement dans ces scènes qui semblent tout droit sortir des tableaux d'éclopés et autres miséreux, peints par Pieter Bruegel dit l'ancien. Poétique, comme cette séquence où une danseuse évolue gracieusement sur des barres d'exercices disposées en portée musicale. Déstabilisante comme ces chorégraphies où certains semblent handicapés par leur harnachement et d'autres au contraire y trouver une plus grande liberté de mouvement. Ludique, comme ces moments où, le corps suspendu à des harnais, des interprètes semblent défier les lois de la gravité.

Le dernier tableau, une Ascension contemporaine, m'a particulièrement touché avec cette danseuse qui s'élevait majestueusement, alors qu'autour d'elle, prothèses et béquilles, suspendues à des filins, demeureraient au niveau du sol. Il y avait comme une invitation à se départir de tous ces objets et gadgets que la vie moderne nous invite à consommer et qui, loin de nous libérer, finissent au contraire par nous handicaper.

En véritable femme orchestre, Marie Chouinard assume tout à la fois la direction artistique, la chorégraphie, la scénographie, les éclairages et le choix des accessoires de cette oeuvre phare. Car bODY_rEMIX/les_vARIATIONS_gOLDBERG constitue une création aussi géniale que l'oeuvre originale de Jean-Sébastien Bach ou les versions discographiques de Glenn Gould. Une oeuvre qui ne peut laisser personne indifférent et qui a su conquérir le coeur de tous ceux qui s'étaient déplacés au Grand Théâtre de Québec, ce lundi 11 décembre dernier.