Un coup de coeur de Roger T. Drolet
22 décembre 2006 (QIM) – Une étincelle musicale peut parfois mener tout bonnement aux plus grandes choses. Ainsi, lorsque Mathieu Fortier, fils de Québec, raconte que lorsqu’il a entendu pour la première fois Ravi Shankar sur l’album "Woodstock" appartenant à son père, c’est tout un univers qui s’est ouvert devant lui. Et qui donc avait ouvert la voie de la musique indienne à l’Occident? Nul autre que George Harrison. Cette musique du lointain mènerait directement Fortier en Inde pour transmettre cet art qui est aussi un mode de vie intégral.
Plusieurs années plus tard, Mathieu et son frère Blaise, accompagnés d'Agathe Meurisse-Fortier, mettent donc le cap sur cette région du monde immensément peuplée. Leur projet, un peu fou, est d’enseigner la musique traditionnelle indienne mais aussi les matières scolaires habituelles à des dizaines de petits parmi les moins bien nantis.
À force de travail voire d’acharnement mais nourris pas une foi incroyablement vivace, ces aventuriers sont vite suivis par d’autres passionnés qui donnent leurs talents et énergies à une cause humanitaire fort noble consistant à former ces êtres pour qui la vie est souvent assez rude.
Fonder cette école baptisée Jeunes musiciens du monde a rapidement été perçu comme une initiative citoyenne hors du commun méritant d’être saluée et qui génère un enthousiasme contagieux chez ceux et celles qui en entendent parler. On veut aider les fondateurs, on leur organise des concerts bénéfice au Québec et on fonde des écoles selon les mêmes principes à Québec et à Montréal. L’idée fait tache d’huile et n’est pas près de mourir.
Parallèlement, le cinéaste-producteur François Lemieux, préoccupé par les questions altermondialistes décide de partir avec une petite équipe, à l’hiver 2004, prendre le pouls de l’initiative des frères Fortier à l’école Kalkeri Sangeeta Vidyalaya. Une aventure qui ne fut pas de tout repos mais qui est aujourd’hui couronnée d’un notable retentissement.
Ainsi est né le documentaire "Les Voix de Kalkeri" qui montre habilement le parcours des fondateurs, leurs motivations ainsi que les manières de vivre et l’évolution de cette micro-société qui prend sa place dans un monde dur mais où le travail et la solidarité sont toujours des valeurs essentielles. Le film présente les protagonistes tels qu’ils sont, à la manière du meilleur cinéma vérité québécois qui soit. En prime, le dépaysement de cette Inde fascinante que nous devons dès maintenant apprivoiser. Touché Monsieur Lemieux!
Le film est maintenant disponible en DVD.