Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
2 mai 2007 (QIM) – Kent Nagano au Grand Théâtre de Québec avec l'Orchestre symphonique de Montréal, c’est un événement pour les mélomanes de la capitale. Cela eut lieu le mercredi 25 avril dernier et personnellement, je n'ai pu que tomber sous le charme du nouveau directeur musical de l'OSM, à l'instar de l'auditoire présent. Son interprétation de la "Symphonie no 7 en La majeur" op. 92 de Ludwig van Beethoven a été tout simplement magistrale, se méritant une très belle ovation.
La splendeur et la précision des cordes, la pureté des cuivres, le magnifique travail des percussions, l'équilibre de l'ensemble, m'ont laissé un souvenir mémorable de cette oeuvre. Même le maestro, qui avait dirigé avec sobriété la première partie du concert, s'est laissé gagner par la fougue et l'énergie de cette symphonie, au fur et à mesure que l'on se rapprochait de l'allegro final. Preuve était faite que la réputation qui le précède est largement méritée.
N'hésitant pas à remercier la foule pour ses acclamations, il s'est adressé à elle, dans un français compréhensible, pour lui expliquer les circonstances ayant conduit à la création du "Concerto pour orchestre" de Ana Sokolovic. Celle-ci avait reçu du maestro la commande de s'inspirer des oeuvres de Beethoven, Mozart et Rossini, les mêmes que celles présentées en cette soirée exceptionnelle. Cela nous a donné une oeuvre en trois mouvements, exigeant un travail remarquable des musiciens. Les glissandos des cordes dans le premier mouvement, le climat onirique du second, l'exubérance du dernier, tout cela a concouru à nous faire découvrir une oeuvre contemporaine. Un choix audacieux à inscrire à ce programme concocté pour une tournée pancanadienne.
Dans cette première partie, nous avons aussi eu droit à des airs de Rossini et de Mozart interprétés par Michael Schade, considéré comme un très bon ténor mozartien. Ayant récemment joué le rôle-titre dans "La clémence de Titus" de Mozart à Barcelone, il était particulièrement à l'aise pour nous interpréter le "Se all' impero" ainsi qu'un autre air du "Don Giovanni". Ses interprétations de Rossini dans des extraits de "Othello" et du "Barbier de Séville" étaient teintées de beaucoup de finesse et d'humour.
Mais je dois reconnaître que malgré son grand talent, l'alternance de ces airs avec "Ouverture Fidelio" de Beethoven et le concerto de Sokolovic détonnait un peu. D'autant plus que, comme j'étais dans l'attente de la deuxième partie avec la symphonie de Beethoven, il me semblait un peu remplir le rôle de ceux qui doivent assurer la première partie du concert d'une vedette reconnue.
Cette rencontre nous aura permis de ressentir beaucoup de cette magie opérant entre le maestro et ses musiciens. Sans effets théâtraux ni emphase, sa direction est précise et sa battue agréable à regarder, avec ou sans baguette. En prime il nous a offert non pas un mais deux rappels. On aurait pu croire qu'après le "Rosamonde" de Schubert, il nous laisserait sur ces notes apaisantes, mais c'est plutôt avec la farandole de "L'Arlésienne" de Bizet, avec ses rythmes endiablés que le concert a pris fin.