Commentaire-itinéraire de Richard Baillargeon
7 juillet 2007 (QIM) – Les spécialistes de MétéoMédia, Environnement Canada et autres prophètes es-gouttelettes en auront été quittes pour une fausse alerte à propos des premiers jours du Festival d'été de Québec 2007. En effet, malgré les diverses teintes de gris affichées dans le ciel de la Capitale, les premières de ces dix soirées de célébration en musique à travers les parcs et rues de Québec auront finalement bénéficié de la clémence du firmament. Il aura toutefois fallu que dame nature donne des signes tangibles de sa compréhension pour que la foule se décide à sortir et à se rendre aux divers points de rencontres entre les artistes et leurs publics. C'est ce que j'ai pu constater au gré de l'exploration des trois scènes majeures actives lors de la soirée d'ouverture, notamment dans l'amphithéâtre naturel des Plaines, baptisé pour l'occasion Scène Bell.
L'affiche du jour faisait place à une douce insolence avec, au fil des heures, Pépé et sa guitare (et aussi son ukulélé), un Renaud qui s'était fait rare depuis la décennie précédente ainsi que Les Cowboys Fringants. Bien sûr, chaque prestation affichait un degré fort diversifié de provocation. Spécialiste des punchs bien placés, Pépé a aussi l'avantage des énoncés aussi brefs que précis "Bobettes Bob", "Un café, un bat", etc. Renaud pour sa part, s'il n'a toujours pas la langue dans sa poche comme en font foi les "500 connards sur la ligne de départ", arbore cette fois un large soutien musical, passant des sonorités folk (flûte irlandaise, accordéon, violon) à une plate-forme intensément rock lorsqu'il s'agit de titres comme "Docteur Renaud, Mister Renard" ou "Manhattan-Kaboul".
Parti explorer d'autres cieux, j'aurai l'occasion d'apprécier un groupe provenant des États-Unis/USA The Derek Trucks Band, qui allait s'avérer fort stimulant: des élans de rock sudiste épicés d'esprit soul à la façon 60/70. Ceux-ci se produisaient Place D'Youville. Chemin faisant, répondant à l'appel des Cowboys, je fais un petit détour par le Parc de la Francophonie (mieux connu sous le nom de Pigeonnier, il y a des références qui se refusent à disparaître!) pour entendre les premières notes d'un autre groupe provenant des États-Unis/USA, Mute Math cette fois si j'ai bien compris. Beaucoup moins stimulants, disons. C'est fatal, j'ai un grave problème avec la plupart (bienvenue aux exceptions, mais c'est justement très exceptionnel) des tenants de rock progressif. Pas question de s'éterniser ici!
Rejoignant le rassemblement des fans des Fringants, je constate que ceux-ci, ou l'équipe de programmation, ont décidé de jouer plus tard. Ils ne font leur apparition qu'une dizaine de minutes avant ce qui est traditionnellement la fin de la récréation. Changement stratégique ou volonté de faire « after hours »? Toujours est-il que "La manifestation" est décrétée vers 10 h 50. Bien qu'il s'agisse du spectacle de "La grand-messe", il flotte dans l'air des odeurs pas si catholiques... L'ambiance est au rendez-vous et la foule est dense. Il n'a visiblement pas cessé d'arriver des gens depuis les quelques centaines de supporters de Pépé et on doit maintenant compter dans les six chiffres, ou pas loin! N'empêche que « Si j'avais su... » j'aurais pris le temps de savourer un peu plus longuement le groupe de Place D'Youville.
Le lendemain, ma résolution est prise: plus question de jouer les omniprésents. Suivons simplement nos pas et leur instinct. En avant-midi, un petit détour me mène à la nouvelle Place de la famille, près du Jardin St-Roch. Plein de couleurs et d'expression à 11 h du matin. Une peu plus tard, à nouveau Place D'Youville, c'est Strada qui reelaient un "Calypso gaspésien" sous un soleil bien de saison. D'ailleurs, à mesure qu'approche le week-end, celui-ci semble balayer énergiquement les prétentions des nuages à occuper l'horizon. En soirée, histoire de relaxer un peu, je me dirige vers L'Impérial pour une soirée aux teintes jazzées avec Room Eleven et The Puppini Sisters. La preuve par deux qu'une musique a beau être perçue comme historique, elle n'est jamais révolue tant que des gens se l'approprient et y prennent plaisir. Et encore moins quand le plaisir est partagé! C'est donc sans remords que je laisse à d'autres les joies de réentendre l'excellent Manu Chao ou de découvrir les racines de la musique irlandaise avec le groupe Solas. Il existe finalement bien des façons de vivre le Festival: à vous de découvrir celle qui vous convient. Vous avez encore huit jours pour y plonger!