Une collaboration de Annie Poulain
13 août 2007 (QIM) – Rue St-Joseph, 20 h50, jeudi 9 août. Je note au passage le nom des musiciens qui prennent place sur la scène du Largo Resto-Club, jeune établissement que l’on pourrait décrire comme le noyau du Festival de Jazz de Québec, première édition.
À mes côtés, un homme s’applique à ouvrir une boîte remplie de CD. Sans doute un musicien, pensais-je, gérant de lui-même, comme des milliers de jazz men et jazz women aux quatre coins du monde qui doivent marier business et passion. Il jette un oeil sur mon papier, me souris et sur un ton sympathique me confirme le nom de ses coéquipiers.
Il se nomme Marc Villemure. Il est guitariste accompli et chef du groupe Villemure O Carré. Marc m’épelle le nom de son saxophoniste Frank Lozano, dont j’ai immédiatement reconnu le visage pour l’avoir vu performer à maintes reprises cet été au Québec et en Ontario. Lozano impressionne par son charisme, son assurance artistique et son aisance à s’approprier la musique. On décèle rapidement la maturité du quartette (ils n’en sont pas à leur début) par le choix de la première pièce, la ballade des ballades "My Funny Valentine". Audacieuse ouverture. Normand Guilbeault à la contrebasse fait sourire par cette connivence exceptionnelle qu’il tient en laisse avec le batteur Pierre Tanguay, osant à deux ou trois reprises l’utilisation de l’archet pour ses solos, allant même jusqu’à emprunter le style hillbilly dans une pièce funky de la première partie. Après l’entracte, un arrangement intéressant de Pierre Tanguay pour "Days of Wine and Roses". Finalement, leur divine interprétation d’une pièce de style folk aurait facilement pu remporter la palme du meilleur remède contre le mal de l’âme de chaque spectateur présent (une salle pleine) en ce jeudi soir magique, première journée du Festival de Jazz de Québec.
Le lendemain, sous un soleil de plomb, Les Crocodiles (groupe formé de musiciens de la Capitale) ne lézardent pas et nous happent devant la bibliothèque Gabrielle-Roy avec leur soul jazz à gogo. Je reconnais à ma grande surprise le saxophoniste Michel Côté qui pour l’occasion décide de troquer son précieux instrument pour la guitare électrique.
Le quartier à lui seul nous en met déjà plein la vue avec son renouveau. On le nomme le Nouvo St-Roch. En plein samedi après-midi, rue du Parvis, entre le Boudoir et Le Versa, la voix charmante de la chanteuse Virginie Hamel attire notre attention et nous incite à prendre place sur l’une ou l’autre des terrasses pour mieux profiter du talent des musiciens de Québec. Le soir, les arrangements bop du Jazz Culture Club repoussent l’heure du couvre-feu. Ces musiciens dans la mi-vingtaine ont remporté cette année le concours Relève Jazz 2007, nouveau concours organisé par Gino Ste-Marie et son équipe.
Pour tous ceux et celles qui n’ont pu assister au spectacle de Gretchen Parlato (chanteuse de Los Angeles) et de Lionel Loueke (guitariste béninois), vraiment trop désolée pour vous. Sans contredit, mon coup de coeur du Festival voire de l’année! Une musique dénudée de tout artifice, inventive, qui vous rejoint instantanément. Deux talents tels que vous ressortez du Théâtre de la Bordée bouleversés et heureux à la fois. C’est la tête remplie de jolies mélodies africaines et de riches harmonies que j’ai repris la rue St-Joseph pour terminer ma tournée du Festival, non sans repasser par Le Largo, où le pianiste de renom Steve Amirault performait avec son brio trio.
Je suis fière de ma ville, fière des gens qui ont créé ou participé à monter ce projet du Festival de jazz de Québec.
Les musiciens du Québec et d’autres horizons sont ravis. Ces événements donnent envie de chanter, d’écrire, de peaufiner notre art ou tout simplement, de continuer à l'exercer.
Longue vie!