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Les Respectables et l'OSQ: rock'n'cordes

Un commentaire de Roger T. Drolet

2 octobre 2007 (QIM) – Depuis que les Beatles ont introduit, à partir de 1965, des arrangements classiques à leurs chansons, les rockers de tout acabit ont tenté l'expérience. Au fil du temps, comme les genres se métissent, on s'est dit qu'après tout, les friands de classique peuvent aussi apprécier la pop. Pourtant, les façons de faire de ces deux genres sont bien différentes et les résultats ne sont pas toujours très heureux. J'avais pourtant bien hâte de voir et d'entendre les quatre Respectables qui ont créé leur place depuis 15 ans dans la constellation rock du Québec, s'amalgamer à l'Orchestre symphonique de Québec. L'événement se produisit les 28 et 29 septembre 2007 au Grand Théâtre de Québec. J'assistai à la représentation du vendredi 28.

Il faut dire que le quatuor originaire de la Ville de Québec avait vécu semblable expérience, au printemps dernier, avec l'Orchestre symphonique de Montréal et plusieurs invités. Cette fois, flanqués du très polyvalent Antoine Gratton au clavier, Sébastien Plante (voix et guitare), Pascal Dufour (guitares), Stéphane Dussault (basse) et Stéphane Beaudin (batterie) présentent leur répertoire qu'ils maîtrisent parfaitement. Le public est au rendez-vous bien que la salle Louis-Fréchette ne soit pas remplie à capacité. Qu'à cela ne tienne, tous les musiciens semblent d'attaque.

Mais la partie n'est pas si facile. On sent les gars un peu coincés, habitués qu'ils sont, lors de leurs concerts réguliers, de se payer quelques écarts selon l'ambiance du moment. Cette fois, arrangements pour grand orchestre obligeant, une rigueur mathématique s'impose, empêchant cette spontanéité si caractéristique de l'attitude rock. Le batteur est encastré dans une cage de verre tout au fond de la scène, les quatre autres musiciens sont plantés devant et sont, à ce qu'il semble, quelque peu mal à l'aise.

La musique est bonne mais la balance de son est difficile. On le comprend, il est ardu de bien faire correspondre la frappe électrique des versions originales et les arrangements plus subtils des cordes et des cuivres. Le défi tient aussi au fait que, contrairement aux projets du genre qui tournent pendant de longues périodes, l'étroitesse du marché québécois réduit la durée de vie de ces concerts à sa plus simple expression. Dans ce cas-ci, deux représentations seulement. On comprend que les répétitions se tiennent sur deux ou trois jours et que la symbiose maximale entre le répertoire, la formation rock, l'orchestre symphonique et son chef (ici Richard Lee), sans compter les exigences techniques exigeraient plus de temps.

Ceci étant dit, les Respectables et Gratton peuvent garder la tête haute car la plupart des pièces furent bien rendues, avec élégance. De la vingtaine de chansons interprétées, ce sont assurément les balades qui ont permis au public de sentir la profondeur des arrangements classiques. "C'est toi que j'aime" et "Pourquoi" furent particulièrement réussies. Mais les spectateurs ont tout de même bien apprécié cette prestation qui prenait du mieux au fur et à mesure où la soirée avançait. Le groupe a notamment mixé un "L.A. Woman" des Doors à "L'homme 7Up" avant d'ajouter le "Blues du businessman" (où Plante a excellé) et "Un p'tit geste peut changer le monde" de l'album "Le monde à l'envers" dans un rappel que le public avait réclamé.