Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
13 novembre 2007 (QIM) – C'était au tour du chef d'orchestre, claveciniste, gambiste, violoncelliste et musicologue Kenneth Slowik de rendre hommage à Jean-Sébastien Bach, en ce dernier soir d'octobre 2007. Actuellement directeur artiste de la Société de musique de chambre Smithsonian à Washington et de l'Institut d'interprétation baroque d'Oberlin, en plus d'être professeur à l'université du Maryland, M. Slowik se produit aussi bien comme soliste, chambriste que chef d'orchestre.
Pour l'occasion, l'Orchestre symphonique de Québec était réduit à sa plus simple expression avec seulement six premiers violons, cinq seconds, quatre altos, trois violoncelles et deux contrebasses, deux clarinettes, un basson, trois trompettes et un timbalier. Au programme: deux des quatre suites pour orchestre ainsi que deux des nombreux concertos pour clavecin de ce cher JSB (comme se plaît à l'appeler familièrement notre Edgar Fruitier national).
Kenneth Slowik se révèle un chef qui sait faire confiance aux musiciens qu'il dirige. Sans recourir à une baguette, avec des gestes amples et calmes, il privilégie l'expressivité à la battue rythmique. L'ouverture de la "Première suite pour orchestre en do majeur", BWV 1066 semblait nous promettre une belle soirée en perspective. Mais dans l'ensemble le concert s'est révélé un peu trop sage et sans entrain. Les cordes m'ont semblé demeurer sur leur réserve et les danses de cette suite ne m'ont paru pleinement animées que grâce à l'excellent travail des deux clarinettistes et du bassoniste.
Le "Concerto pour clavecin no 3 en ré majeur", BWV 1054 a donné lieu à un portrait intimiste des musiciens, avec les cordes (violonistes et altistes jouant debout), regroupés autour du claveciniste. Kenneth Slowik très à l'aise au clavecin nous a livré un concerto lumineux et serein. Il avait fait le choix (que j'ai apprécié) de ne pas essayer de jouer et diriger en même temps, confiant l'orchestre aux bons soins du premier violon, Darren Lowe. Mais tant dans ce concerto que dans le "Concerto pour clavecin no 7 en sol mineur", BWV 1058, j'aurais aimé ressentir un peu plus de vie de la part des cordes.
C'est avec la "Suite pour orchestre no 3 en ré majeur", BWV 1068, qu'une belle ambiance s'est finalement instaurée. Peut-être entraînées par le jeu somptueux des trois trompettistes, les cordes ont montré plus d'allant. Le célèbre air de cette suite, dénommé familièrement "Air sur la corde de sol", a bien été rendu, sans mièvrerie, ni langueur excessive. Une belle interprétation qui a semblé rallier l'enthousiasme des spectateurs présents en grand nombre.
La composition du programme, qui faisait alterner pour chacune des deux parties une suite d'orchestre avec un concerto, a donné lieu à deux réaménagements complets de la scène. Qu'à l'occasion il fasse modifier un peu l'avant-scène pour faire place à un soliste va de soi. Mais qu'il fasse tout chambouler dans un redéploiement de chaises et de lutrins brise beaucoup trop le rythme du concert et nuit à l'ambiance générale.
Il sera intéressant de pouvoir comparer ce concert avec celui que donnera Bernard Labadie et ses Violons du Roy, les 4 et 5 avril prochains. Au programme: l'intégrale des concertos pour clavecin de Jean-Sébastien Bach. À suivre.