Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
26 juin 2008 (QIM) – Chacun y va de sa contribution pour marquer le 400e anniversaire de la ville de Québec. Bernard Labadie a eu, pour sa part, l'idée heureuse de nous faire revivre un concert mémorable donné à Vienne, le 22 décembre 1808. Ce soir-là, le grand Ludwig van Beethoven y avait alors dirigé en première mondiale ses symphonies "No 5 en Do mineur, op. 67" et "No 6 en Fa majeur, op. 68, dite La Pastorale", son "Concerto pour piano no 4 en Sol majeur, op. 58" et sa "Fantaisie chorale pour piano, choeur et orchestre, op. 80". Et comme si ce n'était pas assez, il avait inscrit aussi au programme quelques-unes de ses oeuvres encore jamais entendues dans la capitale autrichienne, telles que l'air de concert "Ah! Perfido, op. 65" et des extraits de sa "Messe en Do majeur, op. 86".
En ce 17 juin 2008, tout comme il y a deux cents ans, un concert d'une telle envergure représentait près de quatre heures de musique, de quoi mettre à l'épreuve les mélomanes les plus aguerris, venus nombreux à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm pour vivre cet événement particulier. Qu'importe, le confort de la salle aidant, tous sont restés jusqu'à la fin, personne ne voulant se priver du bonheur d'un tel concert.
Bernard Labadie, grand spécialiste de l'époque baroque, a démontré que le répertoire de Beethoven lui seyait très bien. Privilégiant une lecture empreinte de limpidité et de clarté, sa vision de ces oeuvres du grand maître se situe à cheval entre le classicisme d'un Mozart ou d'un Haydn et les grands débordements des romantiques à venir. Merveilleusement secondé par ses Violons du Roy, dont la réputation d'excellence n'est plus à faire, son interprétation de l'archiconnue "Cinquième symphonie" était proprement renversante. Et, sous les doigts du pianiste italien Benedetto Lupo, le "Quatrième concerto" prenait des allures de montagne russe nous faisant alterner du recueillement à la fougue, de la rêverie à la véhémence, en parfaite symbiose avec les musiciens de l'orchestre.
Accompagné par la soprano Lyne Fortin, la mezzo-soprano Allyson McHardy, le ténor Benjamin Butterfield et la basse Michael Dean, le choeur de la Chapelle de Québec a su pour sa part captiver l'auditoire avec le "Gloria", le "Sanctus" et le "Benedictus" de la "Messe en do majeur".
Il faut rendre un bel hommage aux musiciens des Violons du Roy et particulièrement aux cordes, qui ont fait un travail remarquable conservant la même énergie et la même ardeur tout au long de la soirée, interprétant la "Fantaisie chorale", dernière oeuvre au programme et apothéose du concert, avec la même exubérance que la pièce d'ouverture, la "Sixième symphonie".
Vraiment après la soirée au Colisée avec Yoav Talmi et son interprétation de la "Symphonie des milles" de Gustav Mahler et en attendant la venue sur les plaines de Céline Dion et de Charles Aznavour, ce concert des Violons du Roy constituait un autre moment fort intense des festivités du 400e.