Un commentaire de Roger T. Drolet
20 octobre 2008 (QIM) – Intéressant de scruter le parcours d'un homme qui a une vision et qui sait s'entourer des bonnes personnes. C'est de Guy Laliberté dont il s'agit. Cet homme, qui vient de recevoir un doctorat honorifique de l'Université Laval, a bouclé le premier cycle de sa prodigieuse carrière dans le showbusiness planétaire en offrant, en exclusivité, ce spectacle sans nom qui fut présenté à Québec en ce mois d'octobre 2008, pour les 400 ans de la Ville de Québec.
Ce spectacle-hommage est dédié à cette cité qui a véritablement vu naître l'esprit de la méga entreprise qu'est devenue le Cirque il y a 25 ans. Et comme il était commandité par l'organisation des fêtes au coût de 3,3 M$, 70 000 personnes enchantées ont pu le voir gratuitement, au Colisée Pepsi. Nous en étions.
Le thème de la découverte du continent par les Français et l'établissement d'un peuple dans un climat aux saisons bien tranchées unit les numéros exceptionnels d'artistes de près de 15 nationalités. Impossible de décrire précisément l'atmosphère régnant lors d'une représentation du Cirque du Soleil pour qui n'a pas eu la chance d'y assister dans le passé, tellement les centres d'attraction simultanés sont multiples. Décors et accessoires fantasmagoriques, personnages brillamment costumés surgissant de partout dans l'enceinte, éclairages somptueux, musiciens débridés et athlètes au zénith de leur forme sont au rendez-vous. Et comment rendre compte de l'ambiance musicale tantôt douce mais plus souvent très rythmée qui accompagne les 14 tableaux se déroulant sur près de deux heures?
La mise en scène de Michel Laprise démontre subtilement que la solidarité et l'entraide sont les valeurs de base du développement d'une société. L'échange de photos auquel avaient convié les concepteurs se voulait d'ailleurs un clin d'oeil à ces valeurs universelles.
Les numéros d'équilibristes, de trapézistes, de contorsionnistes ou de danseurs se succèdent sans pause et ne laissent aucun répit à la foule qui réussit tout de même à acclamer chacune des lumineuses prestations. Un moment particulièrement évocateur: cet artiste dessinant une décor de sable qui se produisit sur la scène grâce à un rétroprojecteur pendant que se déroulent des numéros de main à main et de cerceaux.
Ce spectacle unique, soulignant un anniversaire symbolique pour la francophonie nord-américaine, aura-t-il une vie au-delà de ces quelques représentations? Nul ne peut le confirmer pour le moment. Si d'aventure on voulait le présenter en permanence en nos murs, il faudrait peut-être proposer un concours pour lui trouver un nom définitif? Tiens, j'ai même le goût d'en proposer un. Car si Vegas a LOVE, pourquoi Québec n'aurait-elle pas son QUÉTRACTION!
En somme, je ne connais pas grand monde en mesure de critiquer négativement cette opulence scénique frôlant la perfection. J'en veux pour preuve le cri du coeur d'un spectateur laissant tomber, en quittant l'amphithéâtre: « C'est le plus beau spectacle que j'ai vu de ma vie! ». Ce n'est pas rien...