Un commentaire de Richard Baillargeon
29 octobre 2008 (QIM) – Bien que le marché québécois affiche toujours un profil réellement distinct quant à son rapport à la musique enregistrée, le milieu du disque pressent que son hégémonie tire à sa fin. Si à court terme la proportion de ventes de disques d'artistes locaux est encourageante, la prochaine décennie verra sans doute la fin d'une époque.
En effet, les statistiques de l'Observatoire de la culture et des communications du Québec comparant les chiffres de 2006 et de 2007 démontrent que si les ventes globales de DC sont en perte de vitesse, la part québécoise du marché s'en tire mieux: « Les CD qu'on peut considérer comme québécois sur le plan artistique (interprète, répertoire, etc.) représentent 48,7 % de tous les CD vendus au Québec en 2007. En 2006, leur part était plus faible, soit 42,5 % ».
Mais il ne faut pas trop s'illusionner. La tendance générale, et elle semble s'accentuer à mesure que l'on s'intéresse à un public plus jeune, notamment chez les adolescents, confirme un intérêt marqué pour certaines pièces musicales plutôt que pour l'album de douze ou quinze titre en tant qu'unité de base pour la diffusion musicale de masse. À bien y penser, il s'agit simplement d'un retour du balancier: n'en allait-il pas de même au temps du 45 tours ou même du 78 tours? La suprématie de l'album comme support ne serait-elle pas un accident de parcours? Si les groupes majeurs de la génération rock (Beatles, Who, Pink Floyd ou Brian Wilson pour ne nommer que les plus évidents) ont exploité de brillante façon ce médium, combien d'autres se sont efforcés de pondre des albums complets à saveur variable quand ils auraient brillé davantage en se concentrant sur le format single qui leur convenait davantage! Pour utiliser un autre exemple dans le même domaine du rock, Creedence Clearwater Revival qui excellaient à créer des succès pour la radio et le juke-box ont vu leur étoile décliner à partir du moment où ils ont voulu se prendre au sérieux et conceptualiser leur offre musicale. Chacun de vous pourra trouver, dans sa sphère d'intérêt, des exemples d'albums au contenu superflu!
Devant les facilités techniques permettant de se procurer les contenus sonores de façon plus sélective, le naturel est simplement revenu au galop. Le bulletin Hyperlignes, publié par la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), n'affichait-il pas ce constat, dès son premier numéro en septembre 2007: Le CD est mort, vive la musique!
Mais, une fois prononcé cet arrêt, comment envisager ce nouveau monde? Dans le plus récent numéro d'Hyperlignes, Jean-Robert Bisaillon affirme judicieusement « Il faut d'abord élargir nos horizons à autre chose que iTunes et les entreprises de téléphonie mobile, car ceux-ci ne présentent pas l'offre la plus conviviale et la mieux adaptée au marché québécois et aux musiques de créneaux plus spécialisés ». S'en suit une énumération des principaux sites de vente en ligne pour la musique du Québec et une brève appréciation. De ce nombre, Zik qui est le module auquel on peut accéder via les fiches albums de Québec Info Musique. Pour l'internaute, il s'agit d'une combinaison gagnante: venir s'informer sur l'artiste et sa production en visitant QIM et se procurer ses chansons, à la pièce ou en lot, à partir du module d'achat!