Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau
10 novembre 2008 (QIM) - Fondée en 1959, The Academy of St. Martin in the Fields a rapidement acquis une réputation internationale. Longtemps dirigé par Neville Marriner, cet orchestre anglais compte à son actif plus de six cent enregistrements discographiques, ce qui en fait une des formations les plus prolifiques de l'histoire du disque.
En 1967, les premiers pupitres de cet orchestre, animés par un même désir de favoriser l'interprétation d'oeuvres de musique de chambre requérant des effectifs plus imposants que ceux du quatuor à cordes, décidèrent de former The Academy of St. Martin in the Fields Chamber Ensemble. Dans le but de promouvoir un répertoire moins souvent joué en public, ses musiciens entreprennent à chaque année une tournée de concerts qui les conduit un peu partout dans le monde. C'est ainsi que huit d'entre eux furent les invités du Club musical de Québec, lundi soir dernier, à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec.
La première oeuvre au programme était le "Sextuor en Sib majeur, op. 18" de Johannes Brahms. De ce grand compositeur allemand, on connaît bien l'adagio de sa troisième symphonie, mouvement sur lequel Françoise Sagan et Serges Gainsbourg avaient mis des paroles, la première pour la chanson "Quand tu dors près de moi" interprétée par Yves Montand et le second pour "Baby Alone In Babylone" interprétée par Jane Birkin.
Tout aussi beau, quoique moins connu, l'andante du premier sextuor de Brahms se révèle lui aussi un bijou de mélodie. L'Ensemble de musique de chambre a opté tout au long de cette pièce pour la nuance et la retenue, se livrant à un très beau travail d'horlogers, agençant chaque détail avec précision. Cela, malheureusement au détriment de la sensibilité et de l'expressivité, dégageant de cette interprétation une froideur, une trop grande distance par rapport à l'oeuvre.
Ce ne fut pas le cas avec le "Prélude et Scherzo, op. 11" pour octuors à cordes de Dmitri Chostakovitch. La violoniste Jennifer Gilbert a bien rendu tout le grinçant et le mordant de cette partition. Gagnés par son entrain, les musiciens se sont montrés à la hauteur de leur réputation, mettant l'accent sur le côté satirique et humoristique propre à l'écriture de Chostakovitch. Très belle oeuvre de jeunesse que j'ai eu plaisir à découvrir.
Malheureusement, dans "Octuor en Mib majeur, op. 20" de Félix Mendelssohn, les musiciens se sont montrés encore une fois trop sages. Même travail en finesse, même méticulosité dans les détails, ce qui est techniquement parfait. Mais leur interprétation aurait gagné à plus d'impétuosité et de vigueur, notamment dans le presto final. C'est peut-être pourquoi le public leur a réservé un accueil poli mais réservé, loin des ovations dont il sait pourtant être si prodigue.
Le Club musical vous convie à un prochain rendez-vous, le dimanche le 16 novembre. Le violoniste Vadim Repin et le pianiste Nicolaï Lugansky interpréteront pour l'occasion des oeuvres de Debussy, Stravinsky et Beethoven.