Une collaboration de Lucie Vallée
13 décembre 2008 (QIM) – Yves Desrosiers présentait, selon sa propre expression, « un tour de chant » au Théâtre Petit Champlain, le samedi 22 novembre dernier. Son spectacle, de facture classique, s'appuyait sur le travail de trois excellents musiciens (lui-même inclus), de beaux textes et un univers intense et sombre qui lui est propre, supporté par plusieurs auteurs qui lui permettent d'exprimer les images qui l'habitent, « le cirque d'un monde halluciné »... dira-t-il.
Ce soir-là, il a puisé tour à tour à son premier album de chansons-musiques, habillant des textes traduits du poète russe "Volodia" (Vladimir Vissotsky), et du second cd qu'il a commis en 2007, à partir de collaborations avec Robin Aubert et Bia Kruger pour les paroles.
Entre les chansons, le discours qu'il nous tenait au cours de cette soirée était teinté d'humour et permettait de reprendre souffle, d'alléger l'atmosphère et de mieux de connaître ce curieux personnage, musicien talentueux (aux collaborations diverses et convaincantes), réalisateur tout autant qu'interprète. « En général ou en théorie, personne ne me connaît, ça me permet d'aller au Canadian Tire sans être reconnu », et nous apprenons alors que c'est son magasin préféré. Il nous indique aussi la manière d'utiliser habilement son nom dans une conversation pédante, mais je laisse la primeur à ceux qui verront le spectacle... Il nous avoue aussi être un fan de Gregory Charles, grand maître du monologue sur les ondes radio-canadiennes, et démontre lui-même un certain talent à soliloquer. Il nous présente aussi sa nouvelle guitare Gretsch noire dont il est emballé et qu'il sait bien sûr manier avec doigté.
Accompagné de Frédéric Beauséjour à la basse et de Didier Dumoutier à l'accordéon (que de magie au bout de ces doigts!) qui relèvent même le défi de personnaliser des sirènes lorsque faire se faut (dans la pièce "Fumée blanche"), Yves Desrosiers interrompt la première partie du tour de chant après une musique de bal musette où le talent des musiciens est habilement mis en valeur juste au moment où la deuxième partie prend fin, après un rappel avec deux chansons de Volodia interprétées en russe, qui nous laissent avec une énergie toute particulière.
C'est le genre de spectacle qui peut combler l'amateur de musique et de poésie présentées par des artistes possédant également l'art de la scène. Comme d'ailleurs, vu plutôt en novembre au même Théâtre Petit Champlain, un spectacle intitulé L'amour sorcier de Philippe Noireault, par ailleurs jazzman réputé, chantant du Nougaro. Pour ma part, l'automne est généreux de beaux spectacles à recommander aux amateurs.