Un commentaire de Richard Baillargeon
11 mars 2009 (QIM) – Avant même la sortie du film consacré à André Fortin, dit Dédé, figure de proue des Colocs, ce groupe majeur de la scène musical des années 90 au Québec, par le cinéaste Jean-Philippe Duval, la bande sonore de "Dédé à travers les brumes", réalisée par le multiinstrumentiste Éloi Painchaud, était déjà disponible début mars.
Bien que d'une ampleur et d'une générosité rarement égalée (les dix-sept chansons remplissent le CD à pleine capacité, occupant 79 min. 22 sec. des 80 minutes réglementaires), il est évident que ces reprises de succès et de pièces moins connues des Colocs se veulent plus qu'une occasion de nostalgie à l'égard de ce groupe encore si présent sur nos ondes. En effet, même les radios les plus formatées comptent quelques-uns de ses titres sur leur play-list!
Le propos du film et les interprétations de Sébastien Ricard, le Batlam de Loco Locass, qui incarne le chanteur à l'écran, visent avant tout à percer le mystère d'un jeune homme plein de vie et bouillonnant de projets, qui a pourtant mis fin à ses jours dans la fleur de l'âge, semant la consternation et le doute tant chez ses fans que dans la colonie artistique, il y a un peu moins de dix ans, le 10 mai 2000. Au moment d'écrire ces lignes, je n'ai pas vu le film, ce qui me permet de concentrer mon attention sur l'audition de l'album, de façon plus exclusive.
Tout d'abord, une impression de soulagement après quelques minutes d'audition: on a affaire à un disque vivant qui laisse deviner l'énergie et la présence d'une musique en action, évitant à la fois le piège d'un hommage trop calqué et celui d'une relecture par trop éloignée d'un sujet encore très présent à l'oreille du public.
En fait, bien que le chanteur-comédien ait évité de tomber dans la copie servile, on peut avoir l'impression, pour peu qu'on se laisse aller au plaisir de l'écoute, de plonger dans des archives audio du groupe. Excellent casting donc pour le réalisateur Duval qui a trouvé la personne qu'il fallait. Pour le fan, le plaisir est maximisé du fait que les pièces choisies couvrent toutes les périodes du groupe, depuis "La rue principale", "Passe-moé la puck" ou "Séropositif Boogie" (la seule qui ne soit pas chantée par Ricard) jusqu'à "Tassez-vous de d'là", "Pissiomoins" et l'ultime "Paysage", chanson parue sur "Suite 2116" et d'où est tiré le sous-titre du film.
Les quelques pièces parlées comme "Le répondeur" ou "Belzébuth" font place au portrait intime du chanteur et doivent correspondre aux scènes les plus cruciales. En bref, l'album est très Colocs et espérons que le film sera davantage Dédé, comme il se doit.