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Un moment inoubliable avec Julia Fischer et Milana Chernyavska

Une collaboration de Jean-Marc Gaudreau

Julia Fischer

Julia Fischer

12 mai 2009 (QIM) – Julia Fischer, jeune violoniste prodige née en Allemagne, a eu comme modèles des maîtres de l'envergure des David Oïstrakh et Yehudi Menuhin. Elle règne déjà au zénith du firmament artistique international. Et les mélomanes de la région de Québec ont pu découvrir, en ce dernier lundi d'avril, à quel point sa réputation n'était pas surfaite, lors du dernier concert de la saison 2008-2009 du Club musical de Québec.

Celle qui, à l'âge de trois ans débutait au violon et à cinq ans jouait déjà un concerto de Jean-Sébastien Bach, est une des rares musiciennes à pouvoir interpréter sur scène dans une même soirée un concerto pour piano et un autre pour violon. À 25 ans, elle est déjà à l'aise d'exécuter un concerto tout en dirigeant l'orchestre. Voilà de quoi nous faire prendre mesure de la grandeur de son talent.

Julia Fischer a joué de mémoire les quatre sonates pour violon et piano de la soirée, avec une belle concentration, s'appliquant à nous faire ressentir toute l'importance qu'elle accorde à chaque note, chaque intonation, chaque rythme. Un travail magistral et prodigieux. Refusant de flirter avec la badinerie, elle a abordé Mozart avec pureté et finesse. Et c'est avec la même absence de théâtralité qu'elle a joué Prokofiev, évitant l'écueil d'un pathos par trop mélodramatique, révélant la modernité, l'âpreté et l'énergie de sa première sonate. Dans Beethoven, son jeu s'est fait tour à tour sensuel, tendre, chaleureux, nous laissant entrevoir une facette plus bienveillante de ce grand maître.

Au plaisir d'entendre cette violoniste exceptionnelle venait se jumeler la surprise de découvrir une autre enfant prodige en la pianiste ukrainienne Milana Chernyasvska. Après des débuts au Conservatoire de musique de Tchaïkovski de Kiev à l'âge de sept ans, elle remportait, cinq ans plus tard, le concours international de musique de chambre Concertino Praga. Tout dans son jeu pianistique est impeccable et elle s'est révélée une complice hors pair en parfaite harmonie avec sa consoeur.

C'est donc quatre sonates pour violon, autant de moments de grâce, qui nous a été offert. De Wolfgang Amadeus Mozart sa "Sonate en Ut majeur, K. 296", de Serge Prokofiev sa "Sonate no 1 en Fa mineur, op. 80", de Ludwig van Beethoven sa "Sonate no 8 en Sol majeur, op. 30, no 3" et finalement de Bohuslav Martinu sa "Sonate no 3, H. 303". Avec en rappel un petit bijou de délicatesse le "Souvenir d'un lieu cher" de Piotr Ilyitch Tchaïkovski. Programme équilibré, marqué d'une belle découverte.

Car la troisième sonate de Martinu, peu jouée en concert et encore moins enregistrée, constituait pour moi une première. Les deux musiciennes ont défendu avec ardeur et fougue cette oeuvre, considérée comme un des chefs d'oeuvre du compositeur tchèque. Julia Fischer confiait en entrevue qu'à chaque fois qu'elle présente cette sonate en concert, elle remporte un grand succès. Et l'accueil réservé par le public de la Salle Louis-Fréchette du Grand théâtre de Québec lui a encore une fois donné raison.