Un commentaire de Richard Baillargeon
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John Fogerty
25 mai 2009 (QIM) – En fait, il me faudrait parler de plus de soixante cordes pour être précis. C'est que John Fogerty, qui s'amenait au Pavillon de la Jeunesse d'ExpoCité, le vendredi 22 mai dernier, dans le cadre de sa tournée canadienne amorcée le 17 mai et qui se poursuit jusqu'au 8 juin. Secondé par un groupe de six musiciens, John lui-même utilise une bonne dizaine de guitares, sinon plus, dont il change presque à chaque chanson.
Il est rare que Québec Info Musique se commette dans la couverture de spectacles d'artistes provenant de l'extérieur, pour la bonne raison qu'il y a tant à dire sur la scène locale et que nous ne pourrons jamais qu'en donner un bref aperçu. Pour l'ex-leader et auteur-compositeur du groupe Creedence Clearwater Revival, nous nous permettons cette exception car le chanteur-guitariste incarne à lui seul un volet souvent négligé si ce n'est oublié de l'approche originelle du rock'n roll et que le Québec entier s'est entiché de ce groupe californien, lui-même fortement épris de la culture cousine du pays des bayous, le mythique coin francophone du pays voisin.
Ce qui caractérise le John Fogerty des années 2000, outre le fait qu'il semble plus en forme et en voix que jamais, c'est un vibrant plaisir d'être sur scène et de jouer - dans le sens premier du terme - son répertoire, chose dont il a été privé pendant un long intervalle, pour des raisons bêtement contractuelles. Si l'artiste se garde la plupart des soli, contrairement à d'autres vétérans qui se contentent d'un rôle plus effacé et confient la tâche à un substitut, il se révèle également un harmoniciste fort énergique, tout en partageant quelques échanges bien marqués avec son collègue violoneux, répondant au nom de Dan et dont le style est issu en droite ligne de l'esthétique cajun, notamment dans "Born On The Bayou" et la plus acoustique "Cotton Fields".
Quant aux autres titres des chansons, il est superflu de les énumérer, tellement les gens les connaissent, les fredonnent, devançant parfois le principal intéressé dès la première note de guitare. Elles y sont toutes, ou presque. Les deux tiers de la soirée, qui s'étend sur plus de deux heures, remontent aux années de gloire du groupe, de 1967 à 1972: c'est fou ce que Fogerty a pu pondre pour le quatuor en cinq ans! L'autre tiers, surtout concentré vers la fin mais avec quelques insertions dans la première heure, explore le répertoire personnel plus récent mais facilement reconnaissable à l'élan et aux sonorités directes, sans fla-fla. On a droit à un "Big Train From Memphis" avec la participation de Dan Hochhalter et son violon, "Centerfield", "Rock'n Roll Girl" et d'autres moins connues. La seule pause plus paisible de la soirée survient pour une chanson qu'il a dédiée son épouse Julie, "Joy Of My Life" suivie, quatre titres plus loin, de "Have You Ever Seen The Rain" pour sa fillette Kelsy.
En bref: une soirée de guitare, du plaisir pour l'oreille et pour l'âme, sans boucane (on me dit qu'il y en avait mais je ne l'ai pas remarquée: c'est dire l'importance toute relative de cet artifice...), sans écrans led, sans projections alambiquées. Juste de la musique et comme disent les boomers: « du bon vieux rock'n roll ». Un vrai show de guitares... et de chansons.