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Shawn Phillips: exquis et savoureux

Une collaboration de Alain Lacasse

Shawn Phillips

Shawn Phillips

30 juin 2009 (QIM) – Les Québécois ont toujours eu un faible pour les créateurs de chansons qui placent l'aspect artistique au-dessus de tout, y compris des impératifs commerciaux, par souci d'intégrité et de liberté d'expression. Shawn Phillips fait partie de cette catégorie. Il n'était donc pas surprenant de voir le théâtre Petit-Champlain de Québec, rempli à pleine capacité le 12 juin 2009 pour le premier d'une série de deux spectacles. Le troubadour texan a su s'attacher un public fidèle depuis plus de 35 ans.

Les chansons de Phillips ont rarement tourné dans les radios commerciales. Mais les spectateurs, majoritairement au-dessus de 40 ans, savent les apprécier. Ce folk-singer américain qui parcourt le monde depuis 45 ans sait comment écrire de bonnes chansons. Excellent chanteur, brillant guitariste, mélodiste accompli, Shawn Phillips est aussi un artiste de scène redoutable. Les fans savent que son cheminement a croisé celui des Donovan, Stevie Winwood et Paul Buckmaster dans les années 60 et 70. Disons qu'il s'agit de plutôt bonnes fréquentations professionnelles.

Son spectacle devait souligner la ressortie d'un de ses plus célèbres albums, "Faces" (datant de 1973), en édition CD. Au bout du compte, ce sera plutôt un récital assez conventionnel. Seules deux chansons de ce disque, "L Ballade" et "Hey Miss Lonely", figureront au répertoire de cette soirée. Mais qu'importe; le public savoure chaque note et chaque pièce de l'artiste comme un plat exquis et savoureux.

En ce qui concerne le répertoire de la soirée, le choix des chansons, près de vingt pour ce spectacle, allait des classiques du catalogue de l'artiste à des titres plus récents. Accompagné d'un bassiste montréalais, Shawn Phillips a interprété des pièces engagées ou tendres comme "Radio" (sur le monde de la radio musicale), "The Devil's Highway" (sur l'immigration illégale mexicaine aux Etats-Unis) et "Starlight" mais aussi des plus anciennes comme "Victoria Emmanuele", "Moonshine", "Songs for Sagittarians", "The Ballad of Casey Deiss" et l'incontournable "Woman", dont le titre officiel est "She was waitin' for her mother at the station in Torino and you know I love you baby but it's getting too heavy too laugh".

Du point de vue scénique, le jeu de lumière était sobre mais de bon goût. Le son était impeccable, l'artiste sympathique, parlant souvent avec le public de ses chansons et de sa carrière. Par contre, le spectacle a souvent été retardé par de trop nombreuses séances d'accordage de la demi-douzaine de guitares à côté de Shawn Phillips. Pour le reste, le chanteur de 66 ans est toujours aussi en voix.

L'attachement du public québécois envers Shawn Phillips est sincère et fort, et ce dernier l'apprécie visiblement. La qualité de ses chansons folk a indéniablement influencé aussi celles de plusieurs de nos artistes québécois. Voilà la preuve qu'une carrière menée en marge peut marquer profondément le public et les autres musiciens. Québec Info Musique ne pouvait pas passer outre à cette soirée musicale.