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Un Festival dans la ville

Un commentaire de Richard Baillargeon

CEA

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18 juillet 2009 (QIM) – L'an dernier, à pareille date ou peu s'en faut, j'exprimais le désir que le Festival d'été de Québec, malgré la tangente soi-disant irréversible qui favorise les mégaspectacles, conserve « l'échelle plus humaine permettant de s'y rendre en nomade, butinant d'une scène à l'autre et faisant sur place la découverte d'artistes dont à priori les noms nous sont peu connus ». L'environnement de l'édition 2009 m'a permis de constater que la chose est encore possible.

Quel plaisir quand, après avoir tendu l'oreille en se présentant sur un des sites de l'événement, on se prend à feuilleter le dépliant avec la soif de découvrir qui sont les musiciens qui viennent de nous procurer un peu d'émerveillement! La chose m'est arrivée à quelques reprises encore cette année.

Le 13 juillet au moment où je déambulais en direction de Place D'Youville, de retour d'une mission sur la rive-sud. Je distingue au passage le son d'une joyeuse bande de musiciens sortis tout droit d'un film noir et blanc. On aurait dit le pumpin' piano du célèbre Jerry Lee Lewis... et pourtant, une fois suffisamment rapproché de la scène, l'allure des musiciens n'avait rien de septuagénaires! Un rapide coup d'oeil à la programmation m'apprend qu'il s'agit d'un groupe de Polonais se présentant sous le nom de Boogie Boys. Décidément l'Amérique n'a plus depuis longtemps le monopole de ses coups d'éclat!

Le lendemain, après un bref tour d'horizon, je décide de m'attarder aux sites intérieurs affiliés au FÉQ et sis en basse-ville. Un arrêt au Largo fournit l'occasion de s'imprégner d'une atmosphère jazzy pendant que la clientèle termine son repas. Une tradition qui se perd que celle des soupers musicaux et que des endroits comme ce resto-club permettront sans doute de réactualiser. On a ici affaire à des pionniers et des gens de conviction! Lors de mon passage, le groupe KJK servait un cocktail de chansons de Gainsbourg en cette journée de fête nationale tricolore. Cheminant ensuite un peu plus à l'ouest, je passe devant l'Impérial. La salle aux allures de palais du siècle précédent offre une programmation electro. L'assistance sera de dimension plus réduite que la veille, alors qu'une foule aussi nombreuse que celle qui avait pu trouver place à l'intérieur a carrément ceinturé le carré de maisons sur deux rues en espérant voir la formation Beirut.

Mais le but de mon expédition est de voir sur scène la formation CEA dont les deux albums m'ont fait si bonne impression. Ceux-ci se produiront au Cercle et débuteront finalement à 23 h 40. Après un bref moment d'ajustements, le septuor (trois musiciens et quatre gens de parole qui s'échangent les instruments supplémentaires) débute en trombe. Eh oui, la réalité en direct confirme le travail sur disque. Outre le hip hop qui est leur source identitaire musicale, le groupe de Québec sait verser dans un funk des plus convaincant et s'approprie la touche reggae avec un indéniable naturel. Outre un bon aperçu du contenu de leurs deux albums (les spectacles du Festival dépassent rarement une durée d'une heure trente) CEA se permet aussi quelques plaisirs interdits: il y a longtemps que je n'avais entendu une version québécoise aussi réussie. Marième se permet en effet d'adapter un titre de Sting, une des vedettes de l'édition 2009 du Festival, "Englisman In New-York" qui devient "Une Africaine à Qc". Inutile de dire que Le Cercle était rempli de fans conquis.

Pour ceux qui préfèrent les scènes extérieures, celle de Place D'Youville présentait de belles surprises en musiques du Monde, blues, zydeco, etc. Mentionnons spécialement Le Maï Taï Orchestra et son cocktail hawaïen à la fois moderne et respectueux qui a ensoleillé le temps auparavant gris de l'endroit, que le groupe a d'ailleurs rebaptisé Plage D'Youville pour l'occasion. La foule ravie a même improvisé un concours instantané de limbo. Oui, il est encore possible de se faire surprendre au Festival!