Michel Louvain
21 octobre 2009 (QIM) – Y a-t-il un lien entre le métier de barbier et le chanteur Michel Louvain? Tout simplement que les deux ont retenu l'attention du réalisateur Claude Demers. Celui-ci, après avoir exploré dans son film précédent l'univers des coiffeurs pour hommes, un métier presque disparu, s'intéresse aujourd'hui aux fans de Michel Louvain avec Les dames en bleu.
Le document permet de constater que bon nombre d'admiratrices ont suivi avec une fidélité exemplaire la carrière de leur idole de jeunesse. Celui qui a débuté sa carrière au milieu des années 50 est vite devenu la vedette majeure de la chanson pop québécoise alors à ses débuts, et demeure pour elles, encore aujourd'hui, une présence concrète dans leur vie de tous les jours. Au-delà de l'idôlatrie qui s'est fait jour au moment de leur adolescence, que le docteur et futur ministre québécois Denis Lazure (sans barbe et en N&B) tentait de commenter dans une émission télévisée à la fin des années 50, le culte de l'homme public idéalisé, à la fois si près et pourtant inaccessible, se métamorphose avec les ans en la certitude d'une présence rassurante et amicale.
Ce contact privilégié avec le public est aussi dû aux qualités humaines de l'artiste, faisant preuve d'un professionnalisme hors-pair, d'une empathie naturelle et d'une généreuse disponibilité de tous les instants. L'une des quelques fans avouées que la caméra suit au fil des 87 minutes du document ne manque pas de rappeler à son idole qu'un des motifs de son admiration, outre son attitude et sa prestance physique, demeure son souci de se présenter en public « toujours bien habillé », un trait que l'on trouve plus rarement chez les générations suivantes.
Cependant, le film ne tente pas de nous faire croire que ces dames en bleu vivent dans un perpétuel jardin de roses. Au contraire, chacune a dû affronter la vie et certaines ne l'ont pas eue facile. C'est sans doute ce côté réaliste qui donne au film sa profondeur et au rôle social de l'artiste une gravité qui dépasse l'anecdote. Louvain, comme Presley, Cobain ou Jackson est à la fois un homme et un demi-dieu. Force est d'admettre que notre cinquantenaire de la chanson a mieux supporté le poids de la gloire que ne l'ont fait ses cadets ou certains de ses contemporains.
Pour les rockers qui nous lisent, soulignons la participation à ce film des Porn Flakes, de Lost Fingers et, à travers le tunnel du temps, du poète urbain Lucien Francoeur converti en animateur télé, recueillant à son émission Le blues à Francoeur les propos de la professeure Chantal Savoie, auteure d'un mémoire de maîtrise portant sur le populaire crooner.