Un commentaire de Roger T. Drolet
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7 janvier 2010 (QIM) – De toutes les musiques qui ont accompagné le Cirque du Soleil au cours des 25 dernières années, c'est sans doute celles du spectacle Alegría (allégrese, en espagnol), dans son interprétation vocale originale par la Saguenéenne Francesca Gagnon, qui est la plus illustre. Cette trame envoûtante de Réné Dupéré a fait le tour du monde plusieurs fois.
Quinze années se sont écoulées depuis son premier passage dans la Capitale, soit lors de sa création en 1994 et la troupe de saltimbanques, composée de nouveaux membres, est revenue charmer la Capitale dans cette incarnation exaltante, pour quelques jours, en ce début de janvier 2010.
Après Montréal, nous retrouvons la troupe à Québec dans une version allégée en comparaison avec le gigantisme des équipements utilisés sous le grand chapiteau jaune et bleu auquel le Cirque nous a habitués. Il faut dire que cette stratégie diminue les coûts de la production et maximise, au total, le nombre de spectateurs de par le monde.
Mais un feu roulant créatif comme celui-là, qui a d'ailleurs largement contribué à la réputation de l'entreprise fondée par Guy Laliberté, peut-il encore séduire un public de plus en plus exigeant? Démontons un peu la mécanique pour tenter d'expliquer la magie, toujours agissante.
On peut avoir quelques doutes lorsqu'on pénètre dans l'amphithéâtre froid du Colisée Pepsi mais le souvenir du spectacle-événement que le Cirque a offert à Québec, lors des fêtes du 400e en octobre 2008 en cet endroit, a déjà prouvé son savoir-faire dans ce type de salle et peut aisément énergiser n'importe quel lieu.
La distribution réunissant 55 acrobates, clowns, musiciens, chanteurs et personnages originaires de 17 pays s'entraîne rigoureusement entre chaque représentation, avec le concours du personnel technique et des divers assistants. Tous carburent à la même vitalité pour proposer neuf numéros dont trois de groupe et un équipement technique son et lumières sophistiqué ne laissant rien au hasard. Les clowns reviennent ponctuer l'ensemble avec des numéros fort sympathiques entre les prestations effectuées par les trapézistes, équilibristes ou contorsionnistes sortis du sol ou du ciel. Malgré quelques longueurs, le concept développé originellement dans les différents tableaux n'a pas été modifié. Le numéro final, effectué par huit Russes sur les barres aériennes, vaut à lui seul son pesant de sensations.
Mais toujours, qu'on soit tout près de la vaste scène ou situé plus loin dans l'enceinte aménagée pour accueillir un maximum de 5 700 spectateurs, c'est la musique atmosphérique et universelle qui porte l'ensemble, souvent rehaussée de la superbe voix de la chanteuse en blanc. Apaisants ou rythmés, joyeux ou dramatiques, selon l'intention de la mise en scène de Franco Dragone, les mélodies et arrangements de Dupéré sont indissociables de l'oeuvre. On ne se lasse pas de les réentendre, même sans le visuel. Le chef d'orchestre de cette tournée est d'ailleurs québécois et se nomme Jean-François Bédard.
En somme, l'allégresse célébrée ici, c'est la force vitale de l'esprit humain qui se dépasse constamment, à travers les âges. Voilà la trame narrative développée ici mais il n'est pas nécessaire de le comprendre pour sortir de la salle enthousiasmé.
Deux heures de prouesses artistiques et athlétiques réunissant des hommes et des femmes capables de repousser constamment leurs limites et de conquérir le public de toutes cultures.
Alegría tournera au Canada et aux États-Unis au moins jusqu'en septembre 2010. C'est à la représentation du 5 janvier que nous avons assisté.