Un commentaire de Roger T. Drolet
Vilain Pingouin
22 février 2010 (QIM) – Trajectoire atypique dans la sphère musicale québécoise, le groupe Vilain Pingouin et son leader Rudy Caya réapparaissent ça et là où la passion de jouer les porte. Je les ai retrouvés un samedi de fin de Carnaval, le 13 février, au centre d'art La Chapelle de Québec. Et j'ai été subjugué! Tant pis pour les (trop nombreux) absents.
Vrai que j'avais de bons souvenirs de ce band rentre-dedans plus rock que pop, mais aussi folk et indie avant la lettre. Un groupe à géométrie variable ou plutôt à personnel amovible qui réussit à placer plusieurs titres de ses trois albums au sommet des palmarès radio au début de la décennie 90.
Sans artifice mais cachés derrière le rideau de la scène, accessoire devenu bien rare de nos jours, Rudy nous apprendra après une ou deux chansons qu'il l'a ouvert lui-même à la main, un peu en boutade, comme on faisait jadis. L'espiègle chanteur guitariste à la voix rauque nous racontera d'ailleurs plein d'anecdotes durant la prestation de plus de deux heures avec entracte. Il cause tout bonnement de choses et d'autres, de problèmes sociaux qui le mettent en rogne, des souvenirs de voyage qui l'ont inspiré à Cuba ou à Dieppe, etc. Mais toujours ses propos sont livrés dans la langue de tous les jours et constituent de pertinents intros aux titres proposés par le band. Comme une valeur ajoutée à ses textes déjà fort bien affûtés pour qui sait les écouter.
Ambiance relax dans laquelle les fans se retrouvent, clientèle majoritairement masculine, moyenne d'âge fin trentaine. Car il y a 20 ans, quand Pingouin était au sommet, les ados appréciaient beaucoup et la nostalgie n'est pas qu'affaire de boomers, on le voit bien. Tant s'en faut, Rudy et ses quatre acolytes alignent les hits qu'on reconnaît: "Marche seul", "Les belles années", "Salut salaud", "P'tite vie, p'tite misère" et, évidemment, "L'orage" et "Le train".
Trois guitares, une basse, une batterie, une voix et des harmonies. Pas de clavier mais une mandoline ou un accordéon sur quelques morceaux, comme à l'époque. Du bon rock... qui veut dire quelque chose, et qui y réussit. Les gens debout, certains dansent pour vrai, d'autres se secouent dans leur tête. Rudy le fait beaucoup, lui. À ce prix-là, amenez-en des vieux rockers. Ça brasse. Mais les gars se retiennent pour ne pas jouer plus fort.
Pour les amateurs, il y a également Rudy en solo sur DC. Il est sans doute un peu moins vindicatif aujourd'hui mais la maturité n'a pas que des inconvénients, au contraire. Et l'an dernier, avec le groupe, il a aussi créé une sorte d'hymne au hockey "Les Habitants (Go Habs Go!)" qu'ils ont interprété à Québec en invitant les spectateurs à remplacer le habs par Québec, sympa non?
Cette prestation, à mi-chemin entre une soirée scout et un show de AC/DC, m'a aussi rappelé ce merveilleux moment où j'avais trépigné de fierté nationale avec ma petite fille Mya qui n'avait même pas dix ans. Devant le feu d'une fête nationale datant de 20 ans, à Donnacona en plein air, la musique de ces joyeux lurons flambait littéralement.
J'espère que leur vingtième va durer encore une bonne décennie et qu'ils seront encore sur mon chemin... et sur le vôtre.