Actualités

Yann Perreau: toujours plus loin

Un commentaire de Roger T. Drolet

Yann Perreau – photo: Valérie Jodoin Keaton

Yann Perreau – photo: Valérie Jodoin Keaton

4 mars 2010 (QIM) – « T'es beau Yann Perreau », s'écrie une voix féminine lors d'un bref silence entre deux titres. Une chanson plus tard, de l'autre côté de la salle, émerge un « T'es beau Yann Perreau », cette fois lancé par un homme à la voix basse et puissante. Et l'artiste de s'exclamer en regardant le ciel: « Stie, c'est le Yabe!». La table est mise.

Y avait assurément une énergie contagieuse, ce vendredi soir 26 février, lors du spectacle de Yann Perreau qui se déroulait rondement à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec. Les fans étaient là, une salle comble qui fit plaisir à l'artiste qui leur rendit d'ailleurs fort bien.

Qui connaît un peu Yann sait à quel point il est énergique et éclectique dans sa relation au monde actuel. Toujours avide de voyages et de découvertes sensorielles qu'il récupère formellement dans sa pratique artistique et sa musique dansante, évocatrice.

Sous le thème de son 3e disque studio, "Un serpent sous les fleurs", Perreau enchaîne savamment des titres aux textes graves ("L'amour se meurt", "Le bruit des bottes"), poétiques ("Conduis-moi", "Le plus beau rêve") ou simplement physiques ("Ma dope à moi", "Beau comme on s'aime") avec un réel bonheur de donner du plaisir à son public. Je crois qu'il arrive aussi à faire réfléchir ses disciples avec une combinaison de propos introspectifs et d'arrangements électro-pop très léchés ("Le marcheur rapide", "La vie n'est pas qu'une salope").

Alors que le chanteur athlétique se déhanche sur scène, la salle n'hésite pas à se lever et à bouger en suivant le rythme. C'est évidemment aussi grâce à cette belle performance de quatre musiciens accomplis et d'une section de trois cuivres que l'ambiance est souvent survoltée. Je mentionne au passage, le clin d'oeil aux Doors par le beat et les claviers d'Alex McMahon sur "Fille d'automne" puis celui du nouvel habillage de "Grande brune", à la manière de "Billy Jean" de Michael Jackson. Ces instants survoltés sont fort goûtés des spectateurs par ailleurs littéralement accrochés aux moindres mouvements de la vedette.

Je l'ai déjà écrit, l'album "Un serpent sous les fleurs" est l'un des plus réussis de l'an dernier et le spectacle qui vient avec l'est tout autant. Sans aucune prétention, ce Perreau de la lune est un artiste libre chercheur dont la trajectoire à venir nous amènera certainement encore plus loin dans nos expériences mystico-sensorielles. Encore récemment, il participait à une recherche sur le silence extrême à l'Université de Montréal, se plongeant dans cette expérience hors du commun consistant à vivre isolé de tout bruit extérieur pendant une heure dans une chambre anéchoïque. Une autre manière d'aller au bout de soi-même, complètement à l'opposé de son univers musical habituel.

Une première partie où un jeune claviériste-guitariste du nom d'Alex Nevsky montre quelques aspects de son talent musical et de son sens de l'entertainment. Seul sur scène, il rode son répertoire étonnant, prémisse à une carrière qui pourrait bientôt faire jaser.

Perreau tournera sans doute avec ce spectacle tout au cours de 2010 puisqu'une autre supplémentaire est déjà annoncée à Québec pour février l'an prochain, au même endroit. Bon vent Yann!