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Pocupine Tree: l'arbre est dans ses feuilles

Un commentaire de Roger T. Drolet

Pocupine Tree

Pocupine Tree

10 mai 2010 (QIM) – Selon Wikipédia, le Porc-épic d'arbre mexicain ou Porc-épic préhensile (Sphiggurus mexicanus) est un rongeur de la famille des Erethizontidae qui se rencontre en Amérique centrale.

Faut croire que les changements climatiques rejoignent Québec, puisque les fans du groupe britannique Porcupine Tree, créé il y a une vingtaine d'années par Steven Wilson, ont joyeusement rempli le Capitole, le jeudi 6 mai dernier.

Dans ce château fort du métal qu'est Québec, la formation ne détonne pas. Pourtant, elle est évolue à un tout autre niveau. Créature hybride entre le King Crimson de Robert Fripp et le Pink Floyd de Roger Waters, la musique de Wilson, compositeur, concepteur et chanteur du groupe est à la fois subtile et corsée. Ce prolifique musicien, né en 1967, l'année de "Sgt Pepper" et de "Are You Experienced" comme le dit le texte d'une de ses pièces, est un artiste complet qui réfléchit, écrit et performe. Perfectionniste jusqu'au bout des doigts, il cherche et trouve l'essence de la musique.

"The Incident", le plus récent disque, sorti en 2009, est un composite d'émotions, fruits du regard acerbe de son cerveau en ce que les thèmes abordés sont variés comme la vie, contrastés comme la nature humaine. Une longue pièce constituée de séquences douces et très rythmées raconte des histoires plus ou moins tragiques susceptibles de se produire dans votre vie ou la mienne. À condition de maîtriser un peu l'anglais, on peut difficilement ne pas se sentir interpellé.

À peine quelques interventions parlées du sympathique chanteur qui s'exprime brièvement en français pour remercier le public de Québec. Au-delà, c'est la musique qui prend toute la place.

La seconde partie est composée de divers titres du répertoire gorgé de perles de Porcupine Tree. Des titres: "Russia On Ice", "Way Out Of Here", "Lazarus", "Normal" et "Train"... Wow, un pur délice!

Visuellement, Wilson signe avec Lasse Hoile des petitts films et des effets électroniques collant très bien à la musique, conformément à la signature du groupe. En performance, les cinq musiciens se concentrent sur leur jeu sans vouloir épater la galerie, si ce n'est le leader qui occupe beaucoup de place sur scène, évoluant pieds nus et secouant sa coupe Mop Top au carré qui lui recouvre tête et figure.

Car, malgré son fabuleux talent, Wilson en a contre le culte de la personnalité dont jouissent certaines stars de la pop et il constate avec une certaine fierté que la progression de la réputation du band, tout en faisant déplacer un public croissant, l'en a préservé.

Plusieurs générations, avec une dominante masculine quinquagénaire, étaient présentes dans la salle aimant le rock lourd, les guit stridentes et les envolées planantes. Le quatuor, augmenté d'un guitariste et chanteur de tournée, John Wesley, donne ça et plus encore. Plus de deux heures de l'un des groupes les plus intéressants de la scène rock internationale, c'est du bonbon pour les connaisseurs et le seul rappel fut évidemment très apprécié.

La formation est presque toujours sur la route en ce moment et ne se gêne pas pour varier les pièces interprétées d'une ville à l'autre. On a pu les voir à plusieurs reprises à Québec, dont au d'Auteuil en 1999 et au Festival d'été en 2005.

Le quatuor de Los Angeles Bigelf ouvrait la soirée mais QIM n'était pas présent.