Une collaboration de Anne-Julie Asselin
Ted Neely
12 mai 2010 (QIM) – De passage au Capitole le 2 mai dernier, la troupe de Jesus Christ Superstar a offert au public de Québec une prestation plutôt décevante. Près de 40 ans après sa création, le célèbre opéra rock de Tim Rice et Andrew Lloyd Webber aurait besoin d'une sérieuse cure de rajeunissement, autant sur le plan des arrangements que de la distribution.
Si les comédiens campant les rôles de Marie Madeleine (Sarah Hanlon), Judas (John Twiford) et Caïphe (Darrel R. Whitney) avaient de superbes voix, on ne peut assurément pas en dire autant de Ted Neeley, celui qui incarnait Jésus. À 66 ans, sa voix était éraillée et vieillie, contrastant d'autant plus avec celles de la jeune troupe qui l'entourait. Les plus nostalgiques auront probablement apprécié la présence de la vedette du film éponyme, mais Neeley n'a plus la même voix qu'en 1973, année de parution du film. Les notes étaient justes, même les plus haut perchées, mais les grands cris ne cadraient pas du tout avec les gestes calmes et porteurs de paix de celui représentant le Christ. Bref, l'acteur m'a convaincue, pas le chanteur.
La trame narrative se résume au récit des sept derniers jours de Jésus, de sa trahison par Judas à sa crucifixion. L'histoire est donc bien simple et facile à comprendre, bien que tous les dialogues et les chansons soient en anglais. Cependant, on peut reprocher à la mise en scène le manque de liens entre certains tableaux. Par exemple, la scène avec le roi Hérode et celle de la chanson thème "Jesus Christ Superstar", deux moments où les paillettes sont à l'honneur, détonaient parmi les autres tableaux beaucoup plus sobres. Pour le reste, la mise en scène très dépouillée n'était pas déplaisante en soi, mais aucune fioriture du décor ne compensait les autres lacunes du spectacle.
Enfin, l'accompagnement musical décevait franchement par ses arrangements dépassés. Pour un opéra rock ayant tourné si longtemps sur Broadway, on se serait attendu à une orchestration plus étoffée. Par ailleurs, quelques décibels de plus pour l'accompagnement musical n'auraient pas été de refus. Le volume peu élevé permettait certes de mieux comprendre les paroles, mais il aurait selon moi été préférable d'équilibrer voix et musique. Soulignons tout de même la beauté des choeurs qui ajoutaient nettement à l'ensemble.
Sans doute suis-je trop jeune pour apprécier pleinement ce spectacle. Les baby-boomers nostalgiques ont sans doute reconnu les airs les plus connus et jugé la prestation différemment. Malgré tout, je crois que l'oeuvre de Rice et Webber a mal vieilli. Si le thème reste intemporel, quoi qu'en disent certains, la musique ne l'est pas et plusieurs arrangements, ainsi que le détenteur du rôle-titre, devraient être revus si la troupe souhaite continuer à tourner.