Une collaboration de Nancy Therrien
9 juin 2010 (QIM) – L'Européen de Paris, niché dans le 17e arrondissement, affichait complet pour les 400 places disponibles, le 2 juin dernier lors de notre passage. Fred, le conteur de Saint-Élie-de-Caxton y était à l'affiche pour la semaine pour y présenter L'arracheuse de temps, conte de village ou des secrets n'attendent que le grand jour pour germer en jasures.
On peut lire dans le quotidien Le Monde, sous la plume de Macha Séry publié le 30 mai 2010: « Sur scène, celui-ci conjugue tradition et modernité, folklore et émotion, légendes rurales et figures burlesques de son village qu'il habite autant que celui-ci l'habite. Aux parlures d'origine, aux tournures de vieux français auxquelles il rend saveur et malice, ce fabuliste ajoute l'invention verbale, le goût des néologismes, la distorsion du langage, la drôlerie ».
Celui pour qui la notoriété est un fait accompli au Québec a ébloui la ville Lumière avec ses légendes du Québec, plus précisément de son village natal qui jasent et potinent des événements reliés au quotidien. Il amorce la soirée: « Dans les mémoires de Saint-Élie-de-Caxton, il y eut cette étrangère venue s'établir au lac aux Sangsues... », et s'ensuit un « Je vais t'expliquer Paris. »
Ce concert de louanges où l'accent québécois a été très souvent folklorisé, ne voulait pas dénaturer la langue de nos pairs. Pour cela, tout au long de la soirée, il réchauffe la salle en s'adressant à l'auditoire en leur disant: « Tu comprends Paris? » Puis il enchaîne et se met à jazzer la langue, alliant l'art du récit ancestral au sens naturel en passant par l'improvisation comique. Le mix est réussi pour imager les grands de Saint-Élie-de-Caxton dont Méo le coiffeur, Riopel le forgeron, sa fille de 15 ans surnommée la Belle Lurette et Toussaint Brodeur, vendeur de bière illégale ainsi que le curé neuf. À mi-chemin de la soirée, notre conteur marie la jasure au chant avec, entre autres, "Mille après mille" adaptée pour la légende de cette femme silencieuse, alliée au rang de sorcière, qu'est L'arracheuse de temps.
Après 90 minutes sans pause, Fred Pellerin le coeur gorgé par l'émotion confie à nos cousins le dur combat des francophones pour la sauvegarde de notre langue en Amérique du Nord: « ...nous sommes 6 millions de francophones contre 250 millions d'anglophones, notre combat en est un de tous les jours », s'exclame-t-il. Puis après deux rappels, il invite les Français à faire silence pour écouter un récit de sa grand-mère, enregistré en décembre 1970, lors de la préparation du réveillon de Noël, suivi d'une magistrale interprétation à la guitare de "Quand vous mourrez de nos amours" du célèbre Québécois légendaire Gilles Vigneault.
Fred Pellerin a reçu une longue ovation d'applaudissements de nos chers cousins de l'autre côté de l'Atlantique. Ce fut un moment de grâce et de grande fierté d'être québécoise lors de cette représentation au cours de ce récent passage à Paris.