Un commentaire de Françoise Cadieux et de Richard Seers
Edgar et ses fantômes
15 septembre 2010 (QIM) – Quelle belle soirée que celle du 9 septembre 2010 au Monument National de Montréal! Un véritable enchantement pour les huit cents privilégiés, invités au salon d'Edgar Fruitier par la magie de la musique, et guidés de main de maître par notre hôte pour nous faire vivre une véritable délectation musicale comme seul le Loup-Garou de notre enfance en a le secret. Voici Edgar et ses fantômes!
C'est la musique de la "Flûte enchantée" de Mozart qui nous permit d'entrer dans l'intimité de ce mélomane, fin connaisseur de musique classique, chez qui le système de son prit vie, sous nos yeux, sous la forme d'un petit orchestre symphonique de 24 jeunes musiciens dirigé avec joie, enthousiasme et inspiration par le tout jeune maestro, Jean-Pascal Hamelin.
Aussi attirés chez Edgar par les notes de la flûte apportée par Papageno (André Robitaille), le tout premier visiteur de la soirée, tour à tour vinrent se présenter à nous quatre des plus grands compositeurs de tous les temps ramenés à la vie par leur musique et par l'amour sincère d'Edgar pour celle-ci: un sévère mais attachant Jean-Sébastien Bach (Vincent Bilodeau), un Wolfgang Amadeus Mozart (André Robitaille) créatif, excité et prolifique, un Ludwig Van Beethoven (Sylvain Massé) sombre et vulnérable et un Éric Satie (Pierre Marchand) excentrique et un peu amer.
Surpris d'être encore connus et appréciés en 2010, les quatre musiciens, à tour de rôle, se révélaient à nous au fil des échanges entre eux comme avec leur hôte, dont ils appréciaient manifestement l'érudition et la connaissance de la musique. Nous, les spectateurs, fument ainsi introduits à l'originalité des oeuvres de ces compositeurs de génie et à leurs destins parfois tragiques, de même qu'aux oeuvres de certains de leurs contemporains. Un périple quelque peu pédagogique pour ceux d'entre nous qui sommes moins familiers avec l'histoire de la musique classique, mais que cette expérience théâtrale et musicale à la fois est parvenue, le plus souvent, à nous faire vivre et ressentir comme si nous devenions de véritables amateurs!
Tout au long de la soirée, l'orchestre, aux dimensions de ceux du 18e siècle, nous présenta de façon ludique des pièces de la musique classique européenne du 18e au 20e siècle. Avec son rendu soyeux et juste, l'ensemble participait activement aux échanges entre Edgar Fruitier et ses visiteurs, y allant même d'un duel entre "La Traviata" de Verdi et la "Chauve-souris" de Strauss! Le maestro lui-même se prêta à l'exercice en interprétant à l'aveugle quelques pièces au piano, à la demande d'un Mozart particulièrement exubérant! Beethoven accepta de jouer à quatre mains avec Satie la musique de celui-ci! À la toute fin du spectacle, nous avons tous été invités à fredonner à l'unisson avec les quatre grands musiciens et leur hôte quelques mesures de la "9e Symphonie" de Beethoven! Une véritable apothéose comme tous ces grands compositeurs l'auraient tant souhaité de leur temps et de leur vivant.
Hybride entre le théâtre et la musique, Edgar et ses fantômes, écrit par Normand Chaurette et mis en scène par Normand Chouinard, est un spectacle original fort agréable, tout à l'image de celui qui en est l'inspiration et l'âme, Edgar Fruitier. On y sent toute la passion de cet érudit pour la musique de toutes les époques! On y retrouve aussi un comédien chevronné qui déborde d'énergie malgré qu'il n'ait plus vingt ans!
En somme un très agréable moment, « tout Edgar »!