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Graeme Allwright à Limoilou: la chanson persiste et signe

Un commentaire de Richard Baillargeon

Graeme Allwright

Graeme Allwright

7 octobre 2010 (QIM) – Au tournant des mois de septembre et octobre, se tenait la première mouture du festival Limoilou m'en chante, à la Salle Sylvain-Lelièvre du Cégep de Limoilou. Le pari de l'équipe réunie autour de Pierre Jobin a été mené à bien et déjà quelques idées ont germé en vue d'une deuxième édition.

La chanson dans sa forme classique est toujours vivante et appréciée, si on se réfère à l'accueil que des salles presque pleines ont réservé aux pionniers-vétérans que sont Gilles Vigneault et Graeme Allwright, respectivement en ouverture et en fermeture de la série de spectacles. Le poète originaire de Natashquan a donné le coup d'envoi avec son Chemin faisant qu'il propose depuis mars 2008, tant en Europe qu'au Québec, tandis que l'on avait l'occasion, 3 jours plus tard, de découvrir (ou redécouvrir) le globe-trotter musical qu'est Graeme Allwright. Âgés respectivement de 82 et 84 ans, ils ont prouvé que le dynamisme et l'enthousiasme ont tout compte fait peu à voir avec le nombre des années, qu'il soit question de pas de danse ou de joyeuse complicité avec les musiciens.

Entre ces deux moments forts, la soirée consacrée à l'hommage annuel Salut Sylvain! par Danielle Oddera et celle de la Bande d'irréductibles réunissant Anne-Marie Gélinas, Stephen Faulkner et JeHan, accompagnés de la violoniste Sophie Drouin et du pianiste Jacques Rochon, ont compté leurs lots de moments magiques. Ceux-ci furent prolongés par les séances Cabarets de fin de soirée où se croisaient les artistes du jour et quelques invités ponctuel, tels Caroline Desbiens, Denis Peterman, Martin Lavoie ou les musiciens malgaches Erick Manana et Dina Rakotomanga.

La révélation fut pour moi l'ampleur de la démarche du Néo-Zélandais, depuis longtemps francisé, Graeme Allwright. Je connaissais l'homme et sa voix pour avoir entendu ses adaptations de Leonard Cohen, notamment "L'étranger" que j'ai remarquée une première fois au générique de la version française du film McCabe and Mrs Miller, un des premiers films de Robert Altman.

L'artiste a proposé, d'entrée de jeu, sa version d'une "Marseillaise" pacifique qu'il milite pour faire accepter des autorités françaises depuis 2005. Une démarche qui est fort à-propos au moment où les anciens voisins contre lesquels guerroyaient nos ancêtres sont maintenant des partenaires au sein de l'Union européenne!

Le répertoire de Graeme emprunte beaucoup à l'Amérique, une Amérique dont il se fait le truchement crédible et qu'il lui arrive de magnifier par la teneur de ses propos. Outre ses traductions très justes de Cohen ("Tout le monde le sait", "Danse moi vers la fin de l'amour", ..."Suzanne" bien sûr), il nous a offert un panorama de ses voyageries à La Réunion "Tit' fleur fanée", au far-west "Comme un vrai gamin" de Willie Nelson, et jusqu'à l'antichambre du paradis avec "Je m'envolerai".

Ma véritable surprise fut cependant de constater que la même source pouvait mener à des adaptations aussi différentes et autrefois incompatibles que les répertoires yé-yé et chansonnier. Je m'explique: la rengaine "C'est bon signe" (vive le vin, vive le raisin) que se disputaient Le 25e Régiment et Chantal Renaud, l'ayant recueillie du groupe The Fireballs, se retrouve aussi au répertoire de Graeme Allwright, mais sous le titre "Jolie bouteille, sacrée bouteille". Difficile de croire que celui-ci ait puisé à un groupe de mouvance surf-rock-pop. Après quelques fouilles et comparaisons de données, il appert que la source commune est le folksinger Tom Paxton qui l'avait enregistrée en 1964, soit quatre ans avant les Fireballs!

Le genre de découvertes qui font qu'on trouve toujours plaisir à creuser la mémoire musicale, et un bel exemple que deux rivières peuvent avoir une source commune...